Les autorités projettent des mesures pour sécuriser la ville pendant les périodes de fêtes de fin d’année et de la Coupe d’Afrique des nations (Can) 2021.
Assise dans un coin de sa boutique ce jeudi 9 décembre 2021, Prudence Juffo est toute pensive. En baladant les yeux dans les coins de la pièce, cette déplacée interne partie de Bamenda, ne résiste pas au choc émotionnel et écrase une larme. C’est que, les fruits de ses efforts ont été réduits à néant par des malfrats dans la nuit. «Ce matin, j’ai reçu un appel téléphonique des voisins n’informant de ce que mon atelier a été cambriolé», confie-t-elle.
Dans cet atelier situé au quartier Banengo, lieu-dit “Gabon-Bar”, sa sœur et elle, faisaient la coiffure et la couture. Entrés par un trou qu’ils ont creusé à l’arrière, les sans foi ni loi ont été sans pitié. Plusieurs machines à coudre, le matériel du salon de coiffure, des perruques, des mèches, des vêtements et bien d’autres objets ont été emportés.
Mais ce qui choque davantage ces femmes, c’est le fait qu’elles venaient de contracter des prêts et espéraient réussir les bonnes affaires des périodes de fêtes de fin d’année avant de rembourser.
«Je suis triste, j’avais les vêtements des clients que j’étais allée prendre à crédit en espérant livrer pour avoir un petit bénéfice. Il y avait beaucoup d’autres vêtements que j’avais pris pour vendre dans les marchés de brousse pendant cette période. Maintenant, Je ne sais quoi faire. Quand nous partions de Bamenda, où nous avons tout perdu, on espérait reprendre notre vie à zéro à Bafoussam», ajoute la sœur de Prudence en sanglotant.
Au quartier Banengo, l’insécurité a le vent en poupe, «Quand la nuit tombe, ils se cachent dans les coins obscurs pour agresser les passants. Chaque fois que je ferme ma boutique, je constate le matin que tous les cadenas ont été coupés. Les malfrats creusent ‘des trous pour entrer dans le conteneur et se servent tranquillement», renseigne “Alino”, propriétaire de boutique au lieu-dit “Témoin de Jehovah”.
«Une nuit, ils sont venus frapper la porte de notre clinique et nous ont sommés d’ouvrir. C’est quand ils se sont rendus compte qu’on n’obéissait pas, qu’ils sont repartis. Ceci a fait que désormais, quand un patient arrive la nuit, nous avons peur d’ouvrir», relate Isabelle Nzokou, responsable d’un centre de santé dans le même quartier.
Si le problème d’insécurité affecte tout le quartier Banengo, les zones comme ’’Gabon-Bar’’, “Kilombo”, “Alpha” sont les plus touchés. Là-bas, à l’aurore chaque jour, des nouveaux cas de vol ou d’agression sont signalés.
Complicité des parents
D’après Clovis Noussi, responsable du comité de vigilance de “Gabon-Bar”, ce regain d’insécurité est la conséquence du rôle trouble que jouent certains parents de ces délinquants.
«Nous connaissons tous ces voleurs. Mais quand nous voulons les faire arrêter, leurs parents trouvent toujours un alibi pour les protéger», renseigne-t-il avant lancer un cri de détresse à l’intention des forces du maintien de l’ordre. «Nous sommes prêts à collaborer. Le quartier est devenu insupportable. Nous voulons que les forces de l’ordre nous viennent à l’aide».
Ce regain de l’insécurité à Banengo dans l’Arrondissement de Bafoussam 1er en particulier, et dans la ville de Bafoussam en général est constaté au moment où plusieurs généraux viennent de séjourner dans à Bafoussam dans l’optique d’explorer les mesures urgentes qu’il convient de prendre pour sécuriser Bafoussam et l’Ouest pendant les période de fêtes de fin d’année et de la Coupe d’Afrique des nations (Can) 2021.