Premier cas signalé par le quotidien gouvernemental Cameroon Tribune, édition du vendredi 31 juillet 2015, celui de la famille Akono qui, de retour de l’Europe, a dû choisir entre un choc frontal avec un chauffard ou une virée dans une rigole. Si cette famille réussira à sauver la vie de ses membres d’après le journal, elle échouera par contre à sauver la plupart de leurs bien présents dans le véhicule et dont la disparition n’a été constatée qu’après le départ des premiers secouristes venus illico presto sur les lieux de l’accident.
Autre cas indiqué par le même quotidien gouvernemental, celui de la jeune Carine E. victime d’un accident de la circulation au quartier Mvog-Ada à Yaoundé. Percutée de plein fouet par une moto, elle s’est entendue dire par un jeune homme, visiblement très soucieux du bien-être des rescapés: «Restez allongée en attendant les sapeurs-pompiers. Ne vous agitez pas, tant qu’on ne sait pas ce vous avez eu dans cet accident». Mais soucieuse de prévenir sa famille, elle s’apercevra de la disparition de son sac à mains qu’elle réclamera en vain.
Dernier témoignage rapporté par Cameroon Tribune et pas des moindres, celui survenu sur l’axe-lourd Douala-Yaoundé où Charlotte M. en s’entendant dire à la suite d’un accident «Couchez-vous. Ne bougez plus Madame. Donnez-nous votre sac à mains. Ne vous en faites pas, on le garde tout à côté. Si vous restez calme, votre pronostic vital ne sera pas en danger», s’est exécutée, consciente d’être entre de bonnes mains… jusqu’à ce qu’une autre voix attire son attention sur le fait que son sac à mains était en train de disparaître aux mains d’un individu très pressé que personne ne réussira à rattraper. Ironie du sort, ayant survécu à l’accident, la dame dira pourtant d’après le journal «Ils m’ont tuée. Je n’ai même rien eu dans l’accident mais ces faux secouristes ont ruiné ma vie. J’avais tout dans ce sac. Mes papiers, mon argent, mon téléphone, tout est parti, se lamente-t-elle.»
Face à au phénomène devenu monnaie courante lors des accidents de la circulation de voir des secouristes, souvent les premiers sur le lieux du sinistre dépouiller sans état d’âme les accidentés, les forces de l’ordre invitent les usagers à ne pas s’abandonner aux mains des inconnus, précisant qu’en effet, si certains peuvent effectivement sauver des vies, il y en a hélas qui viennent sur un lieu d’accident avec pour unique but de dépouiller les victimes… et d’ajouter qu’«en cas d’accident, lorsqu’on a la chance d’être en vie et d’avoir tous ses sens, il faut garder sa mallette ou son sac a mains avec soi».
Cette attitude qui démontre le niveau d’incivisme, de pauvreté voire de cruauté de la part de certains compatriotes n’est en réalité que la résultante d’une tolérance d’un phénomène similaire observée depuis des décennies sur les grands axes routiers du Cameroun avec les accidents de semi-remorques appartenant aux sociétés brassicoles de la place. Au moindre accident d’un camion transportant des bouteilles de bières, il est rare à moins que l’engin ne se soit pas renversé, de retrouver sur l’asphalte des casiers de bières en l’état. Il y en a pourtant à tous les coups, mais sitôt volatilisés.
Ainsi par exemple, les camerounais ont pu apercevoir sur la chaîne Canal 2 International il y a quelques mois, des populations villageoises dans un coin perdu du Sud Cameroun, littéralement livrer bataille pour s’accaparer du chargement d’un camion de poulets congelés qui s’était renversé sur la route. Ironie du sort, l’élément diffusé sur la télévision privée précisait que c’était une cargaison de poulets congelés avariés qui était conduite vers un lieu où elle devait être détruite… information que ces populations autochtones n'avaient pas. Et même !