Accusés des faits d’assassinat et complicité d’assassinat, Daouda Abbo et Dairou Nana ont été confrontés aux charges qui pèsent contre eux devant le tribunal de grande instance de la Vina. Avec de telle charge le Ministère public n’y est pas allé de main morte en requérant la peine de mort pour le meurtre de Mamoudou Moussa.
Ils ne sont pas encore dans le couloir de la mort, plutôt dans son antichambre. Pas certaine d’être condamné à la peine de mort comme le requiert le substitut du procureur Fadimatou Souleymanou, mais pas assuré non plus de l’échapper comme l’exige le conseil de la défense, Njanpou Joseph avocat au barreau du Cameroun. Ce 24 juillet 2018 le public venu nombreux au tribunal de grande instance de la Vina contemplé le triste tracas de l’humanité. Le verdict de cette affaire gênant et rocambolesque est attendu le 28 août prochain sauf renvoi imprévu.
Pour reconstituer le film de l’événement, il faut remonter au 24 mars 2017 lorsque Mamoudou Moussa a été dépêché par Saliou Bello Balo dans son ranch situé à Mandjeré afin de remettre les rémunérés aux bergers et les tourteaux aux bœufs à bord de motocyclette. Il n’est plus revenu jusqu’au lendemain. Inquiet de cette absence, Bello dépêche d’autres personnes à la recherche de son coursier. Ils ont découvert le corps ligoté et sans vie de son commissionnaire. Ils ont en outre constaté la disparition du berger tout comme la motocyclette du défunt.
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Assassinat et complicité d’assassinat
Pour le procureur de la république il n’y’a pas de doute, la victime Mamoudou Moussa a été assassinat par les deux co-accusés. Se fondant sur l’enquête préliminaire et l’information judiciaire, le procureur de la république est parvenu à la conclusion que Dairou Nana est commanditaire et Daouda Abbo est exécutant du funeste crime. Dans son réquisitoire devant le tribunal, le substitut du procureur déclare « Dairou Nana, un berger employé de Bello après le contentieux qui les a opposé (vol de 11 bœuf par Dairou) a engagé Daouda Abbo afin qu’ils donnent la mort à ce patron usurpateur. En voulant exécuter cette funeste entreprise Daouda Abbo a exécuté Mamoudou Moussa par erreur puisqu’il attendait Bello Balo. » Conformément aux témoignages de Nafissatou Koulsoumi l’épouse de Daouda Abbo.
La défense demande un renvoi
Avec pugnacité et méthode la défense conduit par Maître Njanpou Joseph explique au tribunal pourquoi contrairement à ce que prétend le Ministère Public le doute persiste quant à la culpabilité de ses clients et sollicite un renvoi.
« Tous ce qui brille n’est pas or. Or l’or brille encore. Comment concevoir la préméditation comme le suggère le ministère public alors que la personne ciblé respire encore ? », se demande t-il. Se fondant sur les dispositions textuels, les preuves et les adages, la défense rejette en bloc les accusations faites à ses clients. « Il y’a beaucoup d’interrogation beaucoup de point d’ombre qui ne peuvent pas conduire à prononcer un jugement avec aisance».
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Le président du tribunal, sur une estrade face à l’assistance prends des notes dans un air appliqué et poses des questions aux deux accusés qui peine à raconter une histoire qui tient debout. L’interprète se bat comme un beau diable pour réussir l’exploit de traduire les dires des accuser au tribunal et les questions des parties aux deux accusés. Le greffier prête serment aux accusés. Pour Dairou Nana, le cerveau présumé de l’opération, c’est Daouda Abbo qui a assassiné la victime avec l’intention d’arracher la motocyclette. Ce que réfute bien sur l’intéressé qui di avoir été victime d’acharnement sur sa personne.
Argument contre argument
Si pour le Ministère Public, l’Erreur sur la personne ne fait pas disparaître la motivation, il en est autrement pour la défense. Maitre Njanpou Joseph avance l’argument selon lequel le fait que la personne ciblée soit encore en vie, invalide la thèse de la préméditation.
« Comment concevoir qu’il y a erreur sur la personne alors que l’accusé Daouda connaît la personne ciblée? Quel intérêt avait Daouda à tuer Mamoudou Moussa en contradiction avec les instructions de Dairou ? Toutes les 3 personnes rejettent la faute sur quelqu’un d’autre. Sur quelle version faut-il se reposer pour déterminer la culpabilité de l’un et d l’autre ? Qu’est-ce qui lie cette mort à ces deux individus ? », s’interroge le conseil de la défense.
Toute chose qui met du doute quant à la culpabilité des présumés assassins conformément à l’adage qui dit « le doute profite à l’accusé ». La mort de Mamoudou Moussa intrigue et à N’Gaoundéré l’émotion est considérable. Aux chagrins des familles de victime s’ajoutent un sentiment d’impunité des criminels qui sont relaxé à peine le verdict annoncé.