Le commerce de la viande de bœuf dans la ville de Ngaoundéré est devenu sujet à caution. Tout émane des nombreuses opérations de démantèlement des réseaux de vol de bétail enregistrés ces derniers temps, dont la plus illustrative demeure le coup de filet réalisé par les éléments de brigade de la gendarmerie de Ngaoundéré dans la nuit du 2 au 3 juin 2015.
Une centaine de bœufs volés avaient été retrouvés dans un domicile privé d’une famille spécialisée dans le vol de bétail. Après enquêtes, les responsables de cet acte se retrouvent actuellement dans les geôles de la prison centrale de Ngaoundéré.
Outre ce dernier cas de figure, les autorités de la ville gardent toujours en mémoire, la découverte d’un abattoir clandestin en plein centre de la ville de Ngaoundéré, au mois de septembre 2014, au quartier Joli soir. Où des congélateurs, des haches, des machettes, des pick-up avaient été retrouvés dans la concession de M. Babouga.
Ce dernier se rendait nuitamment dans les enclos, pour voler les bœufs. Une fois l’opération réussie, il revenait faire le nettoyage dans son domicile et livrait ensuite la viande au petit marché de Ngaoundéré sans qu’elle n’est été inspectée par les agents vétérinaires. Chez les consommateurs, les voix s’élèvent pour critiquer la lourdeur administrative.
«70% des viandes vendues au marché à Ngaoundéré sont des viandes volées. Ces gens abattent des animaux volés le matin et puis c’est dans l’après-midi que vous les verrez envahir le marché. Ce sont des viandes non inspectées par le vétérinaire», tempête Ahmadou Yaouba, le président sous régional de l’association de la défense des consommateurs.
Renforcement du contrôle
Au mois de mai 2015, le procureur de la République auprès les tribunaux d’instance de la Vina et de Ngaoundéré, Ahmadou Bouba, avait initié une rencontre avec les syndicats des bouchers de la ville. Cette rencontre avait débouché sur une résolution forte, notamment le recensement de tous les bouchers exerçant dans la ville de Ngaoundéré afin de pouvoir mieux contrôler cette activité.
« Il existe toujours des abattoirs clandestins dans les quartiers, le gouverneur s’apprête à passer à l’action dans les prochains jours. C’est le cas au quartier Nord Cifam», affirme une source proche des services du gouverneur de la région de l’Adamaoua.
Vu donc la situation qui perdure sur le terrain, le 29 juin 2015, le délégué départemental du ministère de l’Elevage, des Pêches et des Industries animales (Minepia) de la Vina, Mohamadou Aboubakar a adressé une correspondance aux délégués d’arrondissement et à tous les chefs des centres zootechniques et vétérinaires, pour un renforcement du contrôle des mouvements du bétail et de la viande.
D’après les nouvelles mesures, tout déplacement d’animaux qu’il soit à but commercial, de nomadisme, de transhumance ou de transfert doit être minutieusement contrôlé. Pour ce qui est de la boucherie, le contrôle des documents se fera aussi avec rigueur et la délivrance des documents devra contenir le signalement complet des animaux.
De même, le renforcement des contrôles au niveau des abattoirs, des check-points et autres postes de contrôle ainsi que les étals de boucherie et des points de grande consommation.
Malgré l’estampillage prôné par le Minepia, ces individus sans foi ni loi réussissent toujours à dévier l’attention des contrôleurs à travers des faux marquages. Pour l’heure, les populations ne savent à quel saint se vouer au regard de l’impuissance des autorités locales de la région devant cette situation.