17 ans apres l’assassinat de Narcisse Djomo Pokam, ses bourreaux toujours introuvables

Ses assassins sont toujours inconnus

Wed, 23 Aug 2023 Source: Arol Ketch

Dans la matinée du 21 août 2006, Narcisse Olivier DJOMO POKAM, jeune étudiant est assassiné à l’hôtel Hilton de Yaoundé et sa dépouille, défenestrée du 8ème étage.

Ce jour-là, Djomo Pokam est loin de s’imaginer que ce sera sa dernière journée sur terre. Aux alentours de 9h30, il avait passé un coup de fil dans un call box géré par une de ses sœurs, avant de lui confier : “ Je vais au Hilton. A mon retour, je vais vous dépanner. ”

Dès son arrivée à l’hôtel Hilton, Djomo Pokam se renseigne auprès de deux employés de l’hôtel dont le bagagiste François Tabué Fotso. Durant près de deux minutes, il se renseigne auprès de ceux-ci et et à la réception. Tabué Fotso l’envoie au téléphone mural appeler celui qu’il est venu rencontrer et le conduit vers l'ascenseur. C’est à ce moment qu’on perd définitivement sa trace.

Depuis son entrée dans l'ascenseur, le 21 août 2006 à 11h12mn et 43 secondes, on n’a plus eu de traces de Olivier Djomo Pokam. Il a été froidement assassiné en quatre minutes.

Le temps court utilisé pour commettre l’assassinat nous conduit à soutenir que c’était un assassinat planifié; les assassins attendaient l’arrivée de Djomo Pokam et avait bien ficelé leur plan macrabre.Un véritable travail de professionnel.

C'est donc à 11h 16mn et 45s que le corps de Djomo Pokam a été probablement défenestré estime l’expert en camera de surveillance, Talelo, au moment du procès.

Toujours est-il que les premiers constats sur le corps montrent clairement que Djomo Pokam a été torturé, flagellé, brûlé et sodomisé. Le corps présente de nombreuses blessures et brûlures; notamment au dos. La tête est fracassée du côté de la nuque et sur le bras gauche, on distingue une énorme blessure au niveau du poignet, des brûlures au fer à repasser, des lésions sanguinolentes au niveau de l'anus .

De nombreux employés du Hilton ont été mis aux arrêts : le bagagiste François Tabué Fotso, les nommés Thomas Makon, Pierre Eboubidja et Siméon Onambélé Atanga, respectivement chef service sécurité et employés au service hébergement à l’hôtel Hilton, Pokoupong et d’autres employés.

Après plusieurs mois de séjour dans les locaux de la police judiciaire sis au quartier Elig Essono, les suspects ont été déférés au parquet, puis mis sous mandat de dépôt à la prison centrale de Kondengui à Yaoundé. Le bagagiste, François Fotso Tabué, le gouvernant, Arnold Eboubidja, le responsable de la sécurité, Félix Pokoupong, l’agent de la sécurité, Thomas Makon (employés de la société de gardiennage Wackenhut) ont été affectés au quartier spécial numéro un prison centrale de Kondengui.

A cette liste, il faut ajouter la standardiste Véronique Ngah (internée au quartier des femmes) mais aussi, Nicodème Nzou, Siméon Onambélé Atanga, Ferdinand Petbouk, Pierre Ngameni, Lazare Enama et Robert Zanding.

Au total, il s’agit d’une dizaine de prévenus suspectés d’avoir participé ou facilité le meurtre de Narcisse Djomo Pokam. Plusieurs personnes dans cette liste seront finalement libérées en juillet 2008 après qu’on n’ait pas trouvé de charges suffisantes pour les inculper : Véronique Ngah, Robert Zandim, Lazare Enama, Ferdinand Pekouk, Pierre Ngameni et Nicodème Dzou.

En avril 2010, le Tribunal de Grande Instance (TGI) du Mfoundi prononce des peines lourdes contre les autres inculpés maintenus en détention.

Condamnés en 2010 par le Tribunal de Grande Instance du Mfoundi à des peines allant de 15 à 20 ans de réclusion, les cinq employés de l’hôtel Hilton de Yaoundé ont été acquittés en avril 2019 par la Cour d’Appel du Centre dans l’affaire relative à l’assassinat en 2006, de l’étudiant Narcisse Olivier Djomo Pokam. Ils ont passé 13 longues années derrière les barreaux pour rien.

Qui a donc tué Narcisse Djomo POKAM ?

Qu’avait-il fait ? Que lui voulait-on?

Comment peut-on, en plein jour, dans une chambre du Hilton Hôtel, le plus prestigieux et sécurisé du pays, torturer, violer, tuer, un être humain et jeter son corps à l’extérieur, à plusieurs mètres du sol sans que les coupables ne soient clairement identifiés ?

Pour la famille de Djomo Pokam : “la justice n’a pas été rendue et que les véritables meurtriers de Djomo pokam courent toujours”. Depuis la survenue de cette affaire, la famille de Djomo POKAM qui réclamait justice a été intimidée, menacée de mort et réduite au silence.

En réalité, les véritables auteurs de l’assassinat de Djomo Pokam sont connus et aujourd’jui libres. Leurs noms avaient fortement circulé et étaient abondamment cités dans des journaux. Mais étant puissants et bénéficiant d’un soutien élevé au sein de l’appareil étatique, ils n’ont jamais été inquiétés.

Je reviens sur cette affaire de manière détaillée dans mon livre “Rivière de Sang”.

Auteur: Arol Ketch