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2018: cette 'erreur' de Samuel Eto'o que certains Camerounais n'ont pas toujours oublié

Samuel Eto'o

Mer., 28 Sept. 2022 Source: Michel Biem Tong

Selon le journaliste Michel Biem Tong, Samuel Eto'o est devenu un homme à combattre pour certains camerounais, pour des choix et des soutiens qu'il a apportés à certains acteurs politiques.

"Tout est parti de 2018. Lors de l’élection présidentielle. Samuel Eto’o Fils, footballeur émérite, annonce son soutien au dictateur crapuleux Paul Biya et appelle les camerounais à voter pour lui. De là proviennent tous ses malheurs aujourd’hui qu’il est président de la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT).

Oui, beaucoup de ceux qui critiquent Eto’o de la manière la plus virulente lui en veulent davantage à cause de ses choix politiques, ne lui pardonnent pas d’avoir opté pour un leader politique qu’ils disent combattre. Sinon, qu’on nous dise pourquoi la gestion à l’emporte-caisse des précédents exécutifs de la FECAFOOT n’ont pas fait autant de choux gras sur les réseaux sociaux.

Oui, Paul Biya est une vraie catastrophe, la pire calamité que le Cameroun n’ait jamais connu. Mais même quand on se bat pour un Cameroun nouveau, l’objectivité commande qu’on reconnaisse qu’un partisan de Biya fait la différence dans son domaine, qu’il est un bon architecte, un enseignant dévoué, un médecin compétent, un expert-comptable chevronné, quand les faits d‘armes sont là et palpables.

Qui de bonne foi peut nier qu’en presqu’un an de gestion de la FECAFOOT sous l’ère Eto’o, le football camerounais retrouve peu à peu ses lettres de noblesse: plus de problèmes de primes au sein des Lions indomptables, les sponsors sont de retour, les championnats Élite One et Two font à nouveau courir, les clubs de ces championnats d’élites bénéficient désormais de subventions consistantes par an, un championnat de football féminin a désormais lieu et sponsorisé par Guiness. Pour ne citer que ces aspects du bilan à mi-parcours.

Rien n’est parfait dans la gestion d’Eto’o mais il est évident que secouer le gros mammouth à scandales et requins-coquins qu’a été la FECAFOOT pendant des décennies est une tâche herculéenne et de très longue haleine. Au lieu de le reconnaître, comme le recommande le devoir d’objectivité, on traite Samuel Eto’o, digne fils de notre pays et respecté à travers le monde, de tous les noms d’oiseaux: il est corrompu, il est tribaliste, il ne gère la FECAFOOT qu’avec ses frères basaa et petits copains, il est le propriétaire de One All Sport, etc. D’aucuns persistent même à croire que l’équipementier One All Sports n’a jamais signé de partenariat avec le club marocain Raja de Casablanca. D’autres vont même jusqu’à soutenir ouvertement le Coq Sportif dans sa bataille contre la FECAFOOT (comme si Yannick Noah est, lui, de l’opposition).

Pire, ces partisans du changement (Longue Longue chantait "vous allez même changer quoi?") vont jusqu’à s’allier à ceux qu’ils traitaient hier de sardinards pour cisailler Eto’o et sa gestion. A travers les pages Facebook de certains d’entre eux, l’on apprend par exemple que Céline EKO, vice-présidente de la FECAFOOT, est la véritable propriétaire de One All Sports ! Un canular lâché sur la toile par un certain Luther Meka, fervent défenseur du pouvoir de Yaoundé.

Au nom de la politique, au nom du "combat pour le changement", on manifeste sa subjectivité, on verse dans la délation, le mensonge, la manipulation, la suspicion et la mauvaise foi maladive. Si vouloir le changement c’est ne pas reconnaître qu’à la FECAFOOT, il y a une rupture évidente avec les mauvaises habitudes du passé, alors c’est à se demander pour quel Cameroun et pour quel changement nous nous battons finalement.

Oui, Samuel Eto’o est un gros sardinard et reconnaître qu’il impulse le changement à la FECAFOOT fait de vous un autre sardinard. All right ! Mais aux détecteurs de sardinards, il faut rappeler qu’on a quand même vu récemment un leader de l’opposition chanter les louanges de Bello Bouba Maigari (ministre à vie de Paul Biya et le plus grand traître de l’histoire politique du Cameroun) lors du congrès de son parti, l’UNPD, sans que ce leader politique ait été soupçonné de traîtrise ou de "sardinardise". Arrêtons avec cette hypocrisie et surtout de tout mélanger au nom de la politique, de la lutte pour changement".

Auteur: Michel Biem Tong