'Accepter la réalité communautaire…': la proposition de Cabral Libii contre le tribalisme

Cabral Libii

Wed, 19 Apr 2023 Source: Cabral Libii

La sortie du très tribaliste professeur Claude Abe sur Vision4 continue de susciter une ribambelle de réponses. Comme on pouvait s'y attendre, celle de Cabral Libii qui avait proposé comme solution "le fédéralisme communautaire", est tombée.



"Le Cameroun semble vivre une poussée de fièvre de tribalisme. Il reste encore néanmoins cantonné aux joutes verbales des citoyens anonymes ou célèbres. Mais nous pouvons déjà quand même tirer la sonnette d’alarme avant que le pire ne se produise un de ces jours par un acte déclencheur totalement anodin ou bien préparé.

Quelles sont les causes du tribalisme ?

1. Les difficultés économiques et l’injustice sociale. Quand les citoyens sont dépourvus de tout et entrevoient un avenir bloqué, ils ont tendance à se retourner vers les siens. Le repli identitaire devient alors la principale bouée de sauvetage de première portée. Ce n’est pas une anomalie. C’est un réflexe de survie.

2. La nature de l’Afrique est communautaire. L’état whestphalien qui a structuré les civilisations occidentales nous a été transposé en Afrique sans demander notre avis et sans s’adapter aux réalités locales. Les communautés sont des structures dans lesquels se meuvent les individus et où ils trouvent la protection et la pérennisation. Elles peuvent aller par cercle progressifs de la famille nucléaire, au clan, la tribu, la région et enfin la nation. Plus on s’éloigne du noyau, moins l’attachement de l’individu africain est fort. Les africains pensent famille, clan, tribu avant de penser nation. Tout autre discours moraliste ne peut changer cette réalité. Et les régimes au pouvoir et les forces neo-impérialistes en Afrique l’ont bien compris; Il suffit d’augmenter le sentiment d’appartenance à la tribu (nominations tribales, allocations de ressources publiques déséquilibrées, ou manœuvres des services d’intelligence sur internet) pour que toutes les stratégies d’union des forces d’opposition s’effritent. Les citoyens sont des jouets entre leurs mains.

Quelle solution contre le tribalisme ?

La solution du PCRN contre le tribalisme est de l’affronter tel qu’il l’est. D’accepter la réalité communautaire au lieu de la nier sous le prétexte de l’unité nationale. Il faut redonner le pouvoir aux communautés, pour qu’elles sortent de l’ombre et s’affirment. Redonner la fierté à chaque communauté et l’espace qu’elle mérite dans la construction nationale. Préserver les fondements communautaires des citoyens et monter des murs et une toiture solide des principes de la nation "intraculturelle" à partir d'un socle "interculturel". Et non l’inverse. Nous faisons le pari que les communautés à qui on a donné l’autonomie de s’organiser mettront en place un cadre pour la prospérité alliant la densification de la culture et le renforcement de la diversité.

Contrairement à ce qu’on craint, elles ne vont pas s’enfermer dans un entre-soi et le rejet de l’autre. Elles trouvent un équilibre entre la protection de leurs citoyens et l’attractivité des forces et talents venant des divers horizons. Aucune communauté ne prendra le risque de retarder son développement par excès de xénophobie. Si elle le fait elle le payera très cher, parce que les autres avanceront à une vitesse supersonique.

Le fédéralisme communautaire est bénéfique pour tout le monde, y compris pour ceux qui s’installeront dans des communautés dont ils ne sont pas originaires et dont ils seront des citoyens à part entière avec les mêmes droits et devoirs; Ils ont besoin de trouver la paix, l’harmonie et la concorde civile pour travailler, vivre et investir sereinement. Compter uniquement sur les lois de la république est louable, mais insuffisant. Le NOSO actuel nous rappelle tous de la fragilité du droit de propriété quand la paix est absente.

Le fédéralisme communautaire rassemble deux piliers qui en font un rempart contre le tribalisme : L’état de droit pour tous les citoyens de la nation et la valorisation des communautés. Plus on retarde son avènement plus vite on court vers l’implosion".

Auteur: Cabral Libii