Le couturier, président de la Chambre des Maîtres Tailleurs du Cameroun, est décédé le 3 juillet dernier à Yaoundé.
La nouvelle est tombée comme un couperet. Le temps a semblé suspendre son vol un instant, tant l’information paraissait incroyable, presqu’une fiction. Il est 14h30, lorsque CT est joint au téléphone par le chargé de communication de la Chambre des Maîtres-Tailleurs du Cameroun (CMT), Prince Eyebe.
« Mauvaise nouvelle cet après-midi : Maître Azegue vient de rendre l’âme ! », indique-t-il au bout du fil. L’information est confirmée par le coordonateur de la CMT, Dieudonné Mekoa.
« Maître est décédé aux urgences de l’Hôpital de la CNPS après un malaise », précise-t-il. Comme une trainée de poudre, la nouvelle se répand chez les acteurs de la mode et les journalistes culturels. Chacun marque son étonnement. Black Giraffe (Juliette Ombang) fond littéralement en larmes. Kreyann (Anna Ngann Yonn) n’en revient pas. Grégoire Piwele, promoteur du Annual Show trouve la « nouvelle insoutenable». Les jeunes créateurs pleurent également le « Maître ».
La réalité de sa disparition prendra toute sa force à son domicile, sis à Odza, Happi, dans la périphérie de Yaoundé. Sur la véranda, ses enfants ont la mine atterrée. Au salon, son épouse Marcelle, entourée de ses proches, est inconsolable. «C’est presqu’irréel», souffle-t-elle. Cinq petites minutes ont suffi pour que son mari soit arraché à la vie. Elle explique que le défunt a eu un malaise du retour d’une palabre familiale au village.
« Il a été convoqué pour un problème de terrain qui dure depuis plusieurs années au village. Les autorités traditionnelles et administratives du village voulaient le trancher une fois pour toutes. Après avoir visité le terrain querellé, il s’est plaint d’extrême fatigue. Je lui ai donné de l’eau qu’il a bue.
A quelques pas du village, il est pris du même malaise et dit qu’il veut uriner. Arrivé dans la maison du chef du village, le sous-préfet, qui était là, a demandé de servir à boire à tout le monde. Au moment de porter le toast, mon mari s’est évanoui. On a tenté une réanimation sans succès. Je l’ai conduit aux urgences de l’hôpital de la Cnps où les médecins ont juste constaté son décès », raconte-t-elle en larmes.
La disparition de Jean-Philippe Azegue Ndi laisse un grand vide dans le secteur mode au Cameroun. Formé en Italie, il a regagné le Cameroun aux débuts des années 90. En 1991, il ouvre son entreprise de couture sur mesure baptisée «Sartoria». Reconnu par son talent et la qualité de son travail, soucieux du développement de l’industrie de la mode et de l’habillement, il a été le père fondateur de la Fédération camerounaise de la Haute Couture et du prêt-à-porter.
Les soubresauts de cette structure l’obligeront à lancer en 2013 la Chambre des Maîtres-Tailleurs du Cameroun. Structure avec laquelle, il organise le tout premier forum des métiers de la couture au Cameroun en 2014. Evénement ouvert par le ministre des Petites et moyennes entreprises de l’Economie sociale et de l’Artisanat, Laurent-Charles Etoundi Ngoa.
Lequel l’a reçu en audience, il y a deux semaines, avec ses confrères de la CMT pour baliser les axes de développement du secteur mode au Cameroun. Maître Tailleur Jean-Philippe Azegue Ndi, préparait activement le « Textile Show » en collaboration avec le ministère du Commerce. De nombreux projets étaient en instance à la CMT au moment de sa mort.