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Affaire Bala: la culpabilité de l'église catholique mise à nue

éveques Cameroun Archives

Mon, 7 Aug 2017 Source: George Dougueli

Faux assassinat, vrai suicide. Ou le contraire. Trois rapports d'autopsie jetés à la poubelle. Une enquête judiciaire discréditée. Des autorités politiques aphones. Un peuple catholique dont la foi obscurcit la raison… Mgr Jean-Marie Benoît Bala a été inhumé le 3 août à Bafia dans l’amertume et la colère.

Prononcée devant une foule de fidèles et des représentants de l’État qui regardaient leurs chaussures, l’homélie de l’officiant de la messe de requiem a repris la thèse de l’homicide largement partagée au sein du clergé. Les évêques soupçonnent des personnes « tapies dans l’ombre », de « faux frères », qui veulent détruire l’Église de l’intérieur, d’en être les auteurs.

Admettons. Mais pourquoi l’Église, si prompte à dénoncer l’homicide, a-t-elle déposé une plainte contre X ? Pourquoi les ecclésiastiques taisent-ils les noms de ces personnes qui « obstruent l’enquête » ? Au demeurant, qui donc a le pouvoir d’obstruer une enquête, si ce n’est le puissant chez qui évêques et prêtres célèbrent des messes privées arrosées au champagne à longueur d’année ? La force d’une homélie n’est-elle pas de nommer ?

Qu’y a-t-il de courageux dans le choix de dénoncer des anonymes ? Disons les choses en face pour qu’enfin la peur du gendarme et la justice humaine mettent un terme à cette effroyable série d’assassinats de prêtres !

La force d’une homélie n’est-elle pas de nommer ? Qu’y a-t-il de courageux dans le choix de dénoncer des anonymes ?

Au bout du compte, la colère du clergé a des airs de revendication corporatiste, tant elle peu à voir avec l’indignation légitime qu’on attendrait de toute autorité morale, a fortiori dans une société qui descend en piqué dans les profondeurs de la pauvreté matérielle et mentale.

Le décès tragique de Mgr Bala est révoltant. Mais faut-il rappeler à ses collègues qu’entre juin et août, plus d’une centaine de Camerounais ont perdu la vie dans des accidents et autres naufrages aussi stupides que prévisibles, donc, révoltants ? « Aimez vos prêtres », exhortait l’homélie. Mais eux, les prêtres, sont-ils aimables ?

Auteur: George Dougueli