Affaire Camair-co: Laurent Esso et Yap Abdou à la barre

30692 XLaurent Esso121015750.pagespeed.ic.lgHYsCyagV Laurent Esso, ministre de la Justice

Mon, 5 Sep 2016 Source: Marie Robert Eloundou

En mai 2014, le liquidateur de la Camair mettait à la disposition du Minjustice, Laurent Esso, et du président du TCS, Yap Abdou, des éléments de preuves disculpant Yves Michel Fotso sur huit des neuf chefs d’accusation initialement formulés contre lui.

Le tribunal criminel spécial (TCS) s’est-il embourbé dans un déni de justice en infligeant une double condamnation à perpétuité à Yves Michel Fotso dans l’affaire Camair? La position de l’unique partie civile engagée dans la procédure engagée contre l’ancien administrateur directeur général (ADG) de la Camair incline à le croire. Car ayant pressenti une orientation contraire aux objectifs de recouvrement des fonds ainsi qu’à la manifestation de la vérité, tant la volonté d’ignorer l’accord transactionnel signé avec Yves Michel Fotso était manifeste, le liquidateur de la Camair a cru devoir saisir le ministre de la Justice, Garde des Sceaux (Minjustice) ainsi que le président du TCS. A l’adresse du Minjustice, Emile Christian Bekolo commet d’abord en date du 11 mars 2014 une note d’observations en réaction à l’ordonnance de renvoi du 5 mars 2016, la première, du juge d’instruction.

Le liquidateur aura le don par la suite de transmettre au Minjustice ainsi qu’au président du TCS, par le truchement de deux correspondances datant respectivement du 08 mai et du 21 mai 2014, des éléments de preuves disculpant Yves Michel Fotso. Dans ces documents qu’Essingan a consultés, la partie civile expose les raisons justifiant l’abandon de huit des neuf chefs d’accusation initialement formulés contre l’ex ADG de la Camair ainsi que la signature d’un accord transactionnel avec ce dernier.

Le liquidateur s’est étendu sur le contexte de l’accord transaction notamment les différentes étapes et négociations adoubées par le juge d’instruction jusqu’à sa signature. S’adressant au Minjustice, Emile Christian Bekolo explique que «De ces faits, j’étais convaincu que la hiérarchie judiciaire était informée de l’existence de négociations entre les parties, et de la signature de l’accord depuis août 2013.»

Tout comme il s’empresse de préciser que ces démarches ne sont pas non plus inconnues de la tutelle de la liquidation Camair « à savoir le ministre des Finances…Lors de l’audience qu’il m’a accordée le 19 août 2013 dès la signature de l’accord, je lui ai personnellement remis une copie de l’accord accompagné d’une lettre de transmission (déchargée par son cabinet) ».

Se référant à ces correspondances, le liquidateur se montre déterminé à contrer une option pouvant s’avérer fatale à objectif de recouvrement des fonds auprès des créanciers, lui qui  a pour objectif déclaré de « clôturer la liquidation dans les plus brefs délais  conformément aux instructions du ministre des Finances. »

Il se dégage que dans la plainte de la liquidation Camair au montant total de 69 milliards FCfa contre Yves Michel Fotso, « après confrontations avec l’accusé devant le juge d’instruction du tribunal criminel spécial (TCS) et analyses, la liquidation a ramené ses prétentions à 20 milliards FCfa ».  Seuls la CBC avec un montant de 8,657 milliards FCfa, Bombardier à hauteur de 8,934 milliards FCfa et l’assureur Chanas pour un montant de 482 millions FCfa restent dans le fichier des débiteurs de la liquidation Camair. Un montant de 1,757 milliard FCfa est imputé à Yves Michel Fotso. Somme intégralement payée par la suite par l’homme d’affaires en exécution au protocole d’accord  entre les deux parties.

Emile Christian Bekolo ne manque pas d’expliquer aux autorités judiciaires comment il entend procéder aux recouvrements des créances en souffrance auprès des débiteurs ainsi clairement identifiés. A en croire des sources internes, la plus grande difficulté de la liquidation Camair est de « réclamer l’argent à des gens que le tribunal à implicitement déchargé de leurs engagements en désignant Yves Michel Fotso comme le débiteur de l’argent qu’ils détiennent alors que nous avions déjà engagé des conditions de récupération de ces sommes comme dans le cas de Bombardier y compris avec l’implication du ministre des Finances et de la présidence de la République. »

Comment Yves Michel Fotso a-t-il bien pu être condamné par le TCs en dépit de ces éléments de preuve le disculpant et le paiement du corps du délit en exécution au protocole d’accord avec la partie civile ? La quête d’une réponse à cette interrogation nourrit de lourds soupçons de rétention ou de dissimulation de preuves à l’endroit de l’actuel Minjustice et président du TCS. Les deux personnalités ne seraient pas étrangères à la décision des juges de condamner l’ex ADG de la Camair à perpétuité puisqu’elles étaient au parfum de la vérité et auraient donc tout simplement laissé faire.

Yves Michel Fotso s’était reclus dans un silence de carpe depuis sa double condamnation à perpétuité aux mois d'avril et mai 2016. Egratigné sur sa gestion de la Camair par le député Martin Oyono, l’ancien ADG a rompu son silence par une réplique digne de l’affront subit.

Bien qu’il se pare d’arguments massues  étayés par des éléments factuels pour démontrer qu’il n’a détourné le moindre kopeck à la Camair, Yves Michel Fotso est allé très loin dans son droit de réponse publié dans le quotidien « Emergence », le lundi 22 août 2015, en révélant les nouveaux éléments qui alimentent aujourd’hui le rebondissement de l’affaire Camair.

Auteur: Marie Robert Eloundou