Affaire Dikolo : ‘c'est dommage que le tribalisme s'invite à tous les débats au Cameroun’

Déguerpissement des populations de Dikolo-Bali

Sat, 4 Jun 2022 Source: www.camerounweb.com

L’affaire de déguerpissement de Bali Dikolo est vue par l’activiste Arlette Framboise Ding. Selon elle, le tribalisme s’invite finalement dans tous les côtés. Elle vient de rendre public son analyse sur la question.

Déguerpissement des populations de Dikolo-Bali.

D'emblée je leur exprime ma compassion et ma solidarité en imaginant le désarroi ou la profonde tristesse qui peut habiter une famille sommée de quitter sa maison construite souvent au prix du sacrifice de toute une vie. Humainement on ne peut pas être indifférent à ce triste évenement. Surtout quand on voit de jeunes élèves devenus des sans abris à la veille des examens officiels. Ça fait mal.

Ces populations ont-elles été déguerpies dans les règles de l'art ?

Telle semble être la question la plus importante face à la situation qui prévaut à Dikolo-Bali. Une question qui mérite des réponses claires de la part des autorités Camerounaises . Car on ne peut se prononcer valablement sur cette affaire qu'à la lumière de la réponse à ladite question.

Mais en attendant j'ai vu des gens visiblement très pressés de livrer la communauté Bamileke à la vindicte populaire sous le prétexte que c'est l'un de ses fils qui est le bénéficiaire des déguerpissement de Dikolo-Bali. Une accusation que je trouve ridicule et malheureuse à plus d'un titre. Et pourquoi ?

Parce que le promoteur hôtelier qui est derrière l'affaire Dikolo-Bali et qui est présenté comme étant un Bamileke n'est pas en réalité un Bamileke. Il est du Sud Ouest me dit-on.

Et d'ailleurs, même s'il était Bamileke et que l'acquisition du site de Dikolo-Bali était faite dans les règles de l'art, le problème serait lequel ?

Aurions nous préféré que ce soit un étranger qui vienne investir sur ce site en lieu et Place d'un Camerounais fut-il Bamileke ?

Si oui notre patriotisme est où ? C'est dommage que le tribalisme s'invite finalement à tous les débats au Cameroun surplombant même les questions de développement ou d'intérêt national.

J'ai déjà dit à maintes occasions qu'il ne faut pas écouter les sirènes du tribalisme. Cela n'a jamais établi la respectabilité , la grandeur ou le bien-être d'une communauté. Il y a mieux à faire pour une communauté que d'essayer de la tremper dans le tribalisme.

Heureusement que ceux qui se livrent à ces actes de tribalisme ou de stigmatisation ne sont pas représentatifs du peuple Sawa. Ils ne se rendent visiblement pas compte qu'en essayant de convoquer le tribalisme dans une question de droit , ils n'apportent absolument rien aux victimes du déguerpissement de Dikolo-Bali. Plus est, ils dégoûtent plusieurs Camerounais qui auraient pu être solidaires de la cause de ces populations . La tribu et le tribalisme n'ont absolument rien à faire dans cette affaire. C'est une question de droit et c'est tout.

S'agissant des droits des populations déguerpies de Dikolo-Bali.

Si après enquêtes il s'avère que leurs droits ont été effectivement Bafoués, il faut réclamer justice pour réparer les préjudices causés et apaiser ces populations qui traversent certainement l'un des pires moments de leur vie.

Mais avant de réclamer justice, il faut se demander si la justice existe au Cameroun. C'est ici que beaucoup comprendront pourquoi les opposants Camerounais luttent chaque jour au péril de leur liberté et de leur vie pour la justice où l'avènement de l'état de droit au Cameroun. Beaucoup comprendront qu'ils ont eut tort de se mettre en marge de cette lutte pour la justice.

Car avant de réclamer justice, Il faut bien que celle-ci existe. Il faut le cas échéant lutter pour qu'elle existe d'abord. Le Cameroun est loin d'être un État de droit et sauf mauvaise foi de notre part, nous le savons tous.

D'où la nécessité de s'impliquer dans les luttes pour la justice où l'avènement de l'Etat de droit dans ce pays. Oui il faut s'impliquer dans ces luttes car rien ni personne ne peut nous protéger mieux que l'État de droit.

Seulement, que disons nous et que faisons nous quand des compatriotes luttent chaque jour sous nos yeux pour la justice au prix de leur liberté ou de leur vie ? Que faisons nous quand ces compatriotes qui manifestent contre l'injustice sont brutalisés, humiliés et jetés injustement en prison ?

Nous rions peut-être, et généralement nous restons indifférents comme si la question de l'injustice ne nous concernait pas. Comme si l'injustice ne pouvait frapper que les autres. Malheureusement c'est dans la brutalité et la douleur que nous réalisons aujourd'hui que l'injustice peut faire du mal à tout le monde ! Nous réaliserons peur être en fin que ceux qui luttent pour la justice au Cameroun ne le font pas pour eux seuls, ils le font pour nous tous, pour le bien de notre nation.

Les populations de Dikolo-Bali pleurent. Je compatis à leur douleur et suis solidaire de leur combat pour leur droit . Mais je dis qu'il y a mieux à faire que de pleurer maintenant ... C'est de prendre conscience que ce qui est arrivé ne serait pas arrivé de cette manière si le Cameroun était un État de droit.

Nous avons refusé de nous mêler de la chose politique. Et voilà que la politique se mêle de nos vies de la pire des manières en envoyant des familles entières dans la rue à la merci des intempéries . On a le cœur en lambeaux quand on réalise qu'une maison détruite c'est parfois le fruit du sacrifice de toute une vie.

Mais nous n'avions peut-être pas compris qu'il faut s'attaquer à l'injustice même quand elle ne nous concerne pas. Maintenant, comprenons et agiissons.

Je dis, oui à Dikolo-Bali il faut réclamer justice. Mais quelle justice réclamons nous si nous ne luttons pas pour qu'elle existe ?

Il faut s'impliquer....

Il faut prendre conscience que rien, mais alors rien ne peut mieux protéger durablement nos droits que l'État de droit . Rien ne peut garantir la sécurité de nos biens mieux que l'État de droit.

C'est pourquoi il ne faut plus écouter des élites corrompues et tribalistes. Il est plus que jamais temps de s'impliquer en rejoignant tous les fronts de lutte citoyenne pour la justice, la liberté , l'avènement de l'Etat de droit ou la démocratie au Cameroun.. Ces luttes comme je l'ai dit sont aussi au service de la sécurité de nos biens et du bien-être de tous . Leur aboutissement nous apportera ce que nos élites corrompues ne peuvent jamais nous apporter.

Oui à la justice et aux droits des victimes.

Mais non au tribalisme. C'est une bassesse.

Je suis Dikolo-Bali.

AFDD

Auteur: www.camerounweb.com