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Affaire de pédophilie : Etoudi va se saisir de l'affaire ; la Fecafoot risque gros

Boris Bertolt fait une analyse de la situation

Thu, 15 Dec 2022 Source: Boris Bertolt

A la lecture de l’enquête de Romain Molina, on est pris de crampes à l’estomac. Le journaliste d’investigation qui vient de publier le fruit de ses investigations sur les pratiques de pédophilie dans un centre de formation de football à Bafoussam avec des ramifications jusqu’au sein du Comité exécutif de la FECAFOOT. On y apprend que le président de la FECAFOOT Samuel Eto’o a été prévenu de cette réalité glauque et grave en mars 2022 mais s’est abstenu de toutes mesures palliatives, au contraire a-t-il nommé le parrain du mis en cause vice-président de la commission fédérale des compétitions nationales et internationales.

Les réactions enregistrées condamnent unanimement les crimes documentés dans l’enquête dont beaucoup disent qu’ils ne sont pas nouveau et dateraient. Un aveu que certains savaient et ont gardé le silence depuis de longues années. Ils sont coupables mais ce n’est pas une raison pour continuer à se taire et à laisser violer les mineurs en paix. Le silence de la FECAFOOT est assourdissant. Après avoir essayé de discréditer l’auteur de l’enquête dans un communiqué en prétextant que Romain Molina avait exercé un chantage pour obtenir de l’argent, elle s’est murée dans un silence aussi gênant que coupable, un silence d’aveu.

Les faits ainsi présentés appellent à l’intervention d’une série d’acteurs de l’espace public.

LES DIRIGEANTS DU FOOTBALL : l’indignation aurait dû venir de chez eux en premier car les faits se sont déroulés dans un centre de formation en football qui dispose d’un agrément délivré par la FECAFOOT. Mais les révélations indiquent que non seulement ils savaient depuis longtemps, mais certains sont impliqués. Ce qui explique que le président de la FECAFOOT n’ait rien fait depuis qu’il a été mis au courant par le journaliste enquêteur en mars 2022.

Pères et mères d’enfants, les dirigeants du football feront donc semblant de ne pas lire et de ne pas entendre, une fois de plus, comme depuis trop longtemps. Sous Samuel Eto’o, ils oseront encore moins tant que le président de la FECAFOOT ne l’aura pas autorisé. Ils ont été lobotomisés par un management à la Dadis Camara, qui a anesthésié tout amour propre et capacité d’indignation. Pensons à nos enfants.

LES INSTANCES DIRIGEANTES QUE SONT LA FIFA ET LA CAF, assises sur des valeurs de protection des enfants et résolument opposés à toute sorte d’abus et d’exploitation sexuelle, doivent suivre cette affaire. La tenue de la finale de la Coupe du Monde de la FIFA le 18 décembre n’est pas une raison pour ne pas interpeller le président de la FECAFOOT Samuel Eto’o Fils qui se trouve être sur place au Qatar comme ambassadeur de cette Coupe du Monde. Pensons à nos enfants.

LE GOUVERNEMENT, Y COMPRIS LE MINISTÈRE DES SPORTS, est lui aussi dans un étrange silence et ce n’est pas la première fois. Dans l’affaire Waffo de cet animateur coupable d’inceste sur sa propre fille, aucune déclaration n’avait été entendue. Pourtant, il n’y a pas plus dangereux aux yeux de l’opinion publique internationale, des investisseurs étrangers et des observateurs qu’un pays qui couvre des crimes de pédophilie et d’abus sexuels sur les mineurs. Un tel silence enraye les effets d’une campagne de promotion du pays même financée à coup de centaines de millions, comme on le voit avec l’Agence de promotion des investissements (API). En ne s’exprimant pas pour condamner les crimes sexuels, le Gouvernement ne protège personne, il nuit gravement à l’image du pays. Pensons à nos enfants.

LA JUSTICE. Elle a du mal à d’autosaisir dans notre pays, mais cela dépend. Dans l’affaire Cynthia Fianga, jeune fille qui a exposé sa nudité sur les réseaux sociaux, la Justice a agi de manière sans doute à sauver cette fille d’elle-même. Aujourd’hui, elle est interpellée par les accusations graves, répétitives et datées de pédocriminalité. Les auteurs présumés sont connus, les complices actifs et passifs le sont. Pensons à nos enfants.

LES OPÉRATEURS POLITIQUES

Quelques déclarations ont déjà été entendues de Kah Walla par exemple, mais c’est encore peu pour une indignation nationale qui seule permet de faire bouger les lignes. Les hommes et femmes politiques, du pouvoir et de l’opposition, doivent surmonter leurs différences pour converger vers un bannissement de notre société des pratiques d’abus sur mineurs et d’exploitation sexuelle. Pensons à nos enfants.

LA PRESSE

Elle fait semblant de ne rien entendre. Certains titres essaient bien de ne pas faire chorus à l’ormeta ambiante depuis l’élection de Samuel Eto’o Fils. Mais le silence jusqu’à quel prix ? Pensons à nos enfants.

Auteur: Boris Bertolt