C’est pour donner l’illusion qu’il contrôle encore ce territoire
Donc si je comprends bien, les 5 « généraux » séparatistes que le ministre-repris de justice Atanga Paul Nji et certains journaux camerounais nous présentent aujourd’hui comme des ex-combattants étaient encore au combat contre l’armée camerounaise au moment où Paul Biya annonce la tenue du grand dialogue national le 10 septembre dernier. Le 30 septembre 2019, jour d’ouverture du Grand dialogue national, ils se trouvaient sur le front de guerre.
Puis, patatras ! Un 2 octobre 2019, comme habités subitement par le Saint-Esprit, les 5 « commandants » décident de déposer leurs armes et en informent Atanga Nji, Georges Ewane ou encore le Premier Ministre Dion Ngute. Ces derniers, sans chercher à savoir si cela est exact, (aucune preuve de ce qu’ils ont un jour porté les armes, pas plus que celle de ce qu’ils les ont déposés, n’a été produite au cours de leur show au palais des Congrès), les font partir du Fako (sud-ouest anglophone) qui est leur zone d’opération pour Yaoundé.
Sans un badge de participant, les « ex-généraux » réussissent à traverser le cordon de sécurité à l’entrée du palais des Congrès et c’est Dion Ngute, le Premier Ministre, qui les reçoit. On n’a pas besoin de lire sur une boule de cristal pour conclure que ces 5 bonshommes n’ont jamais combattu nulle part pour la libération du Southern Cameroons. S’ils ont pu se retrouver au palais des Congrès sans badge c’est parce qu’il s’agit de jeunes recrutés par le pouvoir de Yaoundé pour rouler l’opinion nationale et internationale dans la farine.
En effet, la période choisie pour ce film tourné par ces 5 faux ex-combattants devant une presse camerounaise bluffée n’a rien de fortuite. Ce show de mauvais goût qui pue le montage à distance intervient au lendemain de la célébration du 58e anniversaire de l’indépendance du Southern Cameroons le 1er octobre dernier. Des images et vidéos de cette célébration qui circulent en ce moment sur les réseaux sociaux montrent des populations de toutes les localités de ce territoire jadis sous tutelle des Nations Unies, qui chantent, dansent et défilent avec le drapeau de l’ « Ambazonie ». Des images qui ont sans doute fait paniquer le sérail camerounais surtout en ce moment où se déroule le dialogue national sur la crise anglophone car elles donnent l’impression que Yaoundé a perdu le contrôle du Southern Cameroons et que les populations qui y vivent ne se sentent pas concerné par ces travaux.
C’est pour donner l’illusion qu’il contrôle encore ce territoire que le pouvoir de Yaoundé a mis en scène la reddition de 5 commandants séparatistes. Le dévolu jeté sur le grade le plus élevé dans les rangs des groupes armés séparatistes n’a rien d’anodin non plus. Qu’Atanga Nji et sa bande arrêtent de prendre les Camerounais pour des imbéciles. Cette mise en scène a bel et bien un lien avec la célébration en son et couleur du 58e anniversaire de l’indépendance de l’Ambazonie.
S’ils sont des ex-combattants, que ces jeunes gens nous donnent le nom des groupes armés séparatistes dans lesquels ils ont combattus ainsi que leur commandant-en-chef. S’agit-il de l’Ambazonia Military Forces, du British Southern Cameroons Restorations Forces, du Southern Cameroons Defence Forces ou de l’Ambazonian Defence Forces ? Ils étaient sous le commandement de l’Interim Government, d’Ayabo Cho Lucas ou d’Ebenezer Akwanga ? S’ils n’ont cité aucune de ces entités ni personnes au cours de leur show ce 2 octobre au palais des Congrès, c’est qu’ils ne sont ni plus ni moins que des imposteurs.
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