Le petit peuple acclame Louis Paul Motaze, le ministre des Finances qui vient de débusquer quelques petits et gros la- pins dans son ministère. A la cellule informatique, au Cenadi, à la Direction de la Solde. Le neveu de Jeanne Irène Biya, Lobo ne se contente pas de bomber le torse comme « fils du président ». C’est un bourreau de travail, un monstre de ténacité. Il le faut pour réussir dans ce mastodonte qu’est le ministère des Finances. Des gens applaudissent mais d’autres lui glissent des peaux de banane sous les pieds. A commencer par tous ceux qui profitaient de l’ordre ancien, qui ont donc intérêt à ce que rien ne bouge.
Des gens qui avaient 4, 5 salaires avec la complicité des nouveaux collaborateurs de Motaze. C’est de vrais judas qui dans les quartiers se répandent en discours démobilisateurs du genre : « Motaze veut montrer quoi ? Il nous a trouvés ici, il va repartir !» Et on cite les maisons qu’il aurait partout. Comme si cela était un crime pour un homme qui a occupé tant de postes de responsabilités.
Mais Motaze a besoin de l’appui de ses collaborateurs pour gagner, même en partie, la guerre contre la corruption et le faux. Quelques-uns de ses collaborateurs ont déjà été épinglés, ils sont à Kondengui pour répondre de leurs forfaits. D’autres les suivront sans doute. Les journaux ont cité les noms de certains naguère ministres et ministres délégués. On a même cité le nom du secrétaire général. Ceux qui connaissent ce monsieur le disent méticuleux, sérieux, prudent et doutent qu’il puisse se livrer à de tels coups tordus. Ses dé- tracteurs le trouvent audacieux, plein de morgue et d’un calme que procurent les arts martiaux qu’il connaît sur les bouts des doigts.
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On se demande si M. Motaze réussira à colmater toutes les brèches, les mille et un trous par où on sort frauduleusement l’argent de l’Etat. On a déjà commencé par lui faire la guerre de manière sournoise en torpillant ses projets de nominations. Au service du PM comme à la présidence de la République, des gens sont tapis dans l’ombre pour y installer l’inertie. On dit que l’argent y coule parfois à flots. C’est pour cela que quelques retraités continuent à faire la loi, freinant les initiatives du Minfi, riant sous cape tout en lui servant des phrases du genre : « Entendu M. le ministre, vous avez rai- son. » Motaze n’est sans doute pas dupe. Il sait que la bataille ne fait que commencer.
Beaucoup de citoyens disent « rigueur et moralisation mais pour les autres. » Il faut à M. Motaze de vrais combattants pénétrés de sa philosophie des finances publiques. Sinon son combat sera un vrai flop. Des gens disent que son prédécesseur Alamine Ousmane Mey rêvait aussi d’insuffler rigueur et plus d’honnêteté dans les finances publiques. Il a dû sinon baisser pavillon, au moins revoir à la baisse ses prétentions. Conseil à Louis Paul, n’al- lez surtout pas « couper un verre de bière » avec quelqu’un. On ne sait jamais.