Affaire femme décapitée : Le piège et les écueils de la sublimation de l'argent au Cameroun

Serge Aimé Bikoi

Wed, 24 Aug 2022 Source: Serge Aimé Bikoi

Une dame décapitée par sa belle-sœur. Marie France Mbeya, âgée de 57 ans, a été dépécée à la machette. L'acte crapuleux s'est déroulé au quartier Biyem-Assi dans l'arrondissement de Yaoundé VIème. Nommée Désirée Beyanga, la belle-sœur de la victime l'a tuée et a dissimulé ses restes dans une valise. L'objectif a consisté à faire des pratiques magico-mystiques dans une sépulture. Question d'escompter, in extremis, des espèces sonnantes et trébuchantes pour régler ses dettes évaluées à quatre millions de Fcfa.

En terme d'enseignement éthique et pédagogique à tirer de cette histoire macabre, le déroulé des circonstances traduit, à suffire, l'apogée de l'immoralité individuelle dans la société camerounaise contemporaine. Cet acte ignoble commise par une mère de l'humanité est l'expression de la quadruple pauvreté mentale, spirituelle, financière et matérielle à laquelle est confrontée la présumée meurtrière. En effet, le pécule, étant au centre de cette triste aventure, témoigne de ce que la présumée meurtrière voulait, à tout prix, obtenir la somme de quatre millions de Fcfa pour régler ses dettes évaluées à ce montant. Mais que vaut l'argent face à une vie humaine ?Cinq millions, 10 millions, 100 millions ou encore 100 milliards de Fcfa valent-ils une vie humaine que personne ne saurait créer en dehors de l'éternel divin? La vie d'un être cher vient cruellement d'être ôtée parce que celle qui est une espèce de bourreau cherchait à régler son contentieux financier. La femme est, à ce sujet, une louve pour sa sœur, sa belle-sœur, etc. Au moment où cette lionne du mal est en garde à vue dans les geôles de la brigade de gendarmerie d'Efoulan, est-ce dans cet îlot qu'elle réussira ou, du moins, s'efforcera de restituer cette somme d'argent ? Que nenni! Peine perdue! L'élaboration de ce questionnement incline, au finish, à fustiger le basculement des catégories sociales dans l'inversion de l'échelle des valeurs.

Aujourd'hui, les valeurs de l'être sont mises sous le boisseau au profit de celles du paraître. Celui ou celle qui est doté d'un capital pécuniaire exubérant est valorisé, célébré et sublimé. L'amour inconditionnel a difficilement la place dans une société mondialisée, libéralisée et devenue marchande. C'est fort au contraire l'amour intéressé qui prime et qui prévaut tant les partenaires visent, de manière globale, les intérêts matérialistes. La dignité, l'honorabilité, l'honnêteté, le respect de soi et d'autrui, la solidarité, l'assistance, l'affectivité, la magnanimité, la socialité et la sociabilité sont des valeurs qui ne sont plus, malheureusement, mises en vitrine. Mais ce sont plutôt les valeurs marchandes qui chagrinent et intéressent les jeunesses du Renouveau. D'où l'option pour le mercantilisme à outrance.

Tuer une créature humaine pour une affaire d'argent est la pire des monstruosités que cette dame a commise et qui lui sera préjudiciable durant toute sa vie. Sans préjuger de la sentence judiciaire qui en découlera dans les tribunaux, Désirée Beyanga risque la condamnation à perpétuité tant elle a, délibérément, commis un meurtre. Il s'agit, sans conteste, d'un cas de féminicide volontaire. La leçon à tirer de cette malheureuse histoire est d'éviter, à l'avenir, le piège et les écueils de l'argent. Éloignons-nous des valeurs marchandes et vouons un culte aux valeurs éthiques et morales, ainsi qu'aux valeurs spirituelles, régulatrices des comportements dignes, sains et responsables !

Auteur: Serge Aimé Bikoi