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Affaire subvention des clubs : comment Samuel Eto'o a présenté ses excuses à Louis Paul Motaze

Eto'o Fils

Lun., 18 Juil. 2022 Source: Boris Bertolt

C'est une affaire qui a tenu en haleine l'opinion publique pendant plusieurs jours. Celle des 560 millions Fcfa destinés à la fédération camerounaise de Football. Au départ de la polémique, les soupçons d'un détournement de cet argent par les responsables du ministère des sports à la suite des déclarations du président de la FECAFOOT Samuel Eto'o. La Fecafoot a t'elle effectivement reçu cet argent ? La réponse est oui. Mais en partie. L'affaire a suscité un tel tollé au sein de l'opinion publique que le ministre des Sports, Narcisse Kombi Mouelle, s'est senti obligé de s'expliquer auprès de la présidence de la République. Que s'est-il passé ?

Pour comprendre cette affaire, il faut savoir que du temps de la Ligue de football professionnelle du Cameroun (LFPC), 350 millions Fcfa étaient octroyés par le gouvernement. Cet argent devait servir au fonctionnement et 560 millions Fcfa étaient destinés à l’appui aux clubs et donc les salaires.

Le président élu de la FECAFOOT en décembre 2021, Samuel Eto'o, demande à la Primature puis au ministère des Finances de débloquer les 350 millions jadis octroyés à la LFPC comme subvention de l'Etat pour les championnats professionnels MTN Elite One et two de la saison 2021 -2022. Une activité désormais reprise par la FECAFOOT à travers le CFTC ( Conseil transitoire du Football professionnel).

Cependant, les partisans du général Pierre Semengue qui contestent la dissolution de la LPFC depuis Seidou Bombo Njoya au courant que Samuel Eto’o veut s’accaparer des 350 millions de la LFPC décident d’activer leurs réseaux pour bloquer le paiement. Le général Semengue prétend que ces 350 millions Fcfa lui reviennent. Samuel Eto’o argue que ce n’est plus la LFPC qui organise le championnat national. D’ailleurs le championnat a repris et se porte bien.

Malgré cela en ce mois d'avril 2022, le secrétaire général des services du premier ministre, Seraphin Magloire Fouda, va demander au ministre des Finances de mettre cet argent à la disposition de la FECAFOOT. Mais Les 350 millions Fcfa ne seront pas débloqués. Le dossier suit son cours dans les bureaux du ministère des finances.

Aux lendemains de la coupe d'Afrique, les caisses de la FECAFOOT sont vides. C'est dans ce contexte que Samuel Eto'o va activer son réseau et fait part de la situation au secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh allias l'homme à la Punk.

L'homme à la punk, Ferdinand Ngoh Ngoh va instruire le MINSEP, Narcisse Kombi Mouelle et le MINFI, Louis Paul Motaze de débloquer cet argent. Les 560 millions Fcfa font partie d’une ligne de 15 milliards Fcfa du ministère des sports pour accompagner toutes les fédérations. Le football prend en général 70 % de cette enveloppe.

Louis Paul Motaze libère 550 millions en trois tranches. Une première tranche de 350 millions Fcfa le 18 avril 2022; Un mois plus tard les deux autres tranches sont libérées. L'ordre de retrait n° 19 des 350 millions Fcfa date du 18 avril 2022. Les ordres de retrait n°21, 22 et 23 ayant été orientés vers un compte de consignation portant le numéro 420. C'est Camille Loe, le tout puissant directeur de cabinet et homme a tout faire de Samuel Eto’o qui a décaissé les 350 millions Fcfa en Cash auprès de l’agent comptable du MINFI détaché auprès de la FECAFOOT. L’agent comptable, Oum, ( cantonne) 200 millions Fcfa par mesure de sécurité. Il attend le compte d’emploi des 350 millions pour débloquer les 200 autres millions restant. Il a besoin de la couverture budgétaire.

Camille Loe rentre donc à la FECAFOOT avec 350 millions Fcfa cash dans sa voiture. Erreur : du côté de la FECAFOOT, on pense qu’il s’agit des 350 millions Fcfa instruits par la Primature. Le scandale éclate au forum des journalistes en fin juin. A la clôture du séminaire, Samuel Eto’o accuse des fonctionnaires tapis dans l’ombre de torpiller son travail. Ceux du ministère des Finances et du ministère des Sports se sentent indirectement visés.

L’Etat est dos au mur et présente les décharges de Camille Loe sous hautes instructions de Samuel Eto’o. Tous ces éléments ont été transmis à Paul Biya par le ministre des Sports, Narcisse Kombi Mouelle, dans une note confidentielle qui se trouve sur sa table.

Face aux faits, Samuel Eto’o va présenter en demi-teinte ses excuses au ministre des Finances, Louis Paul Motaze et à l’agent comptable OUM, Car, ce que les responsables de la FECAFOOT ne savaient pas c'est que l'argent qu'ils ont reçu et qu'ils ont commencé à gérer en cash sans le reverser dans les comptes de la Federation faisait partie des 560 millions de Fcfa.

C'est dans ce contexte que Samuel Eto'o à la veille du match des Lionnes contre la Zambie prononce ces paroles : « Je vais dédier votre victoire par anticipation à deux personnes. Un, il s'agit du ministre des finances que vous ne connaissez pas particulièrement. Mais que moi j'ai longtemps dérangé dans son sommeil pour qu'il vous mette dans de meilleurs conditions. A n'importe quelle heure il a été là. Et ces derniers jours, il a pris des coups qu'il ne méritait pas. Il y a un autre qui est beaucoup plus petit mais très important. C'est l'agent comptable OUM. Nous devons faire certains témoignages quand les gens sont vivants ».

Le ministre des Finances, Louis Paul Motaze et Samuel Eto'o se connaissent, bien qu'ils ne soient pas amis. En effet, c'est Louis Paul Motaze alors secrétaire général des services du premier ministre qui avait présidé une commission ayant bannit Samuel Eto'o de l'équipe nationale de Football senior à l'issue du fiasco de la coupe du monde de 2014 au Brésil. Samuel Eto’o avait été désigné par la commission comme l’homme orchestre du désordre à l’équipe nationale du Cameroun. Chose qu’il a toujours contesté arguant qu’il défendait les intérêts des joueurs.

Si Samuel Eto’o semble avoir tourné la page, ce n’est certainement pas le cas du ministre des Finances qui dans son coin, estime avoir été inutilement jeté à la vindicte populaire par le président de la Federation. « Il a accès à moi, mes portes lui ont toujours été ouvertes, il serait venu me voir pour se plaindre ou pour comprendre, et on lui aurait expliqué » a t-il confié à ses proches.

Auteur: Boris Bertolt