L’agitation mégaphonique du paneliste Banda Kani, apprenti transfuge rdpciste, sur Afrique Media, ne doit tromper personne, et surtout pas la télévision panafricaine, en dépit de ses besoins en marketing « politique ».
En bon démagogue, tout droit issu de l'école des jupes de Paul Biya, Banda Kani connait très bien les ficelles de la manipulation de masse, camerounaise en l’occurrence.
La forme de son discours se calque parfaitement sur ce que la masse veut entendre. Mais en écoutant bien et en examinant le fond, les lacunes béantes et les distorsions très primitives se voient aisément.
Juste parce que les autorités camerounaises s’attaquent à son joujou promotionnel (Afrique Media), il se retourne brusquement contre ce pouvoir nourricier jusque là tant chéri. Il préfère donc la nouvelle nourriture sucrée de sa notoriété d’ennemi autofabriqué de la France, grand ami de son électorat futur potentiel.
Mais où était donc Banda Kani en février 2008 quand la France soutenait Paul Biya contre le peuple camerounais à force de matraquage, arrestations tout azimut et exécutions extrajudiciaires?
Et où était-il aussi quand la France aidait le moribond Idriss Deby à se maintenir au pouvoir alors que la rébellion venu de l’Est du Tchad était déjà arrivée devant le Palais rose? Ses pérégrinations migratoires entre le Manidem et le RDPC ne lui auront pas suffi pour faire fructifier sa science nationaliste pour le Bien de la Nation.
On ne change pas au chien sa manière de s'asseoir. La transhumance politique constitue un signe majeur d'opportunisme qui qualifie en réalité l’ennemi public no 1 de la plus belle des façons.
A vrai dire, Banda Kani a commencé sa campagne électorale présidentielle, et se sert d'un média déjà très populaire sans lui. Si Afrique Media ne prend pas garde, il risque de sombrer avec le nouveau messie Kani à la première occasion de dérive. L’autre mégaphone turbulent d’Afrique Média, Jules Njawé, n’est qu’une grande cloche bien creuse, qui ne sonne que quand on l’agite.
Chers auditeurs d'Afrique Media, méfiez-vous donc de toute instrumentalisation de ce media somme toute très novateur et culotté à souhait, au grand dam des jaloux, et quoiqu'on puisse en dire, un rêve au bout de la nuit du colonisé frustré par sa captivité spirituelle.
Aussi bien que soit le fait qu'on se sente capable aujourd'hui de fustiger et condamner librement les ennemis de la Nation, méfions-nous quand même de ceux que nous croyons être nos amis, ou pire, des messies que l’on croit indispensables et qu’on affuble de qualités imaginaires.
Le messie au service de la Nation camerounaise n'existe pas. Le seul qui peut sortir le Cameroun d'affaire est le citoyen camerounais lamda HIM-SELF. Même Idriss Deby n'est en aucun cas l'ami du peuple camerounais. Bien au contraire.
Il fait partie intégrante de la clique de vautours qui se prépare à plumer le Cameroun,et attend seulement la bonne occasion pour venir le faire en toute tranquillité. Pire que la France y a pas, dirons-nous. La France a déjà plumé les trois-quarts, les autres viendront prendre le reste. En terme de résultat, aucune différence donc.
Les manières de Deby? Elle sont les mêmes que celle de la France: Semer un désordre et une discorde sans pareils et profiter du bruit pour prendre ce qu'on peut. Il a été en Centrafrique le bras armé de la France. Un serviteur très efficace, puisqu'il a contribué avec succès à mettre le pays à feu et à sang.
Deux décennies lui auront suffi pour se concentrer sur ce résultat. Aujourd'hui, la plus grande partie du diamant du nord de la RCA prend directement le chemin de N'djamena. Le Cameroun est tout autant bourré de ressources naturelles intéressantes pour Deby, et bien davantage même.
C’est ainsi que quand on voit Deby inviter Afrique Media à s'installer au Tchad, il ne s’agit pas d’une simple manœuvre d'émancipation vis-à-vis de la France. Pour commencer il officialise enfin sa relation très discordante avec Paul Biya depuis longtemps, et nous aide aussi à comprendre une fois pour toute qu'en terme de Boko Haram, l'armée tchadienne n'est certainement pas venue au Cameroun pour venir aider le peuple camerounais.
Notons également que Guerandi et ses lieutenants s'étaient ralliés à Deby depuis un an ou deux, et ce, vous l'imaginerez aisément, en tout cas pas pour le plaisir de Biya. D’autre part, quand Biya accueille Bozizé et sa clique au lendemain du coup d'Etat de mars 2013, il sait parfaitement qu'il ne fait pas plaisir à Deby,devenu ennemi juré de Bozizé qu'il a "lâché" pour sauvegarder la nappe de pétrole centrafricain que Bozizé se préparait à vendre aux chinois. Les intérêts de la France sont en jeu certes, mais ceux de Deby encore plus.
Pour en revenir aux bidouilleurs locaux, Banda Kani n'est en fin de compte qu'un ambianceur de quartier qui surfe sur les vagues circonstancielles pour se faire une notoriété qui ne tient qu’à la forme de ses discours. Pas très solide pour un pseudo futur chef d’Etat. Mais suffisamment solide aux yeux d’une opinion publique encore maniable comme l'argile.
Quant à Idriss Deby, nous avons à faire à un monsieur qui sème la désolation partout où il pose son regard depuis plus de 25 ans, y compris et avant tout pour le peuple tchadien. Il n'est en aucun cas l'ami du peuple camerounais ni d’ailleurs d’Afrique Media, et n'a strictement rien d'un panafricaniste.
Néanmoins,les honneurs que beaucoup d'Africains accordent aujourd’hui à Kadhafi, ennemi de l'Occident, qui avait de son vivant posé effectivement des actes pouvant être qualifiés de panafricanistes malgré le manque de finalisation, font aujourd’hui grande envie à Deby.
Insatiablement avide de pouvoir et du sentiment d'indispensabilité, il envie profondément la position antifrançaise et anti-occidentale de Kadhafi le "Panafricaniste", dont il se voit aujourd’hui personnellement le bénéficiaire avec son clan. Pourtant il sait parfaitement qu'il ne doit sa survie, politique en tout cas, qu'à la France, puisqu'au Tchad il n'aurait jamais pu rester 25 ans au pouvoir par fraudes électorales successives et répression abominable, sans la France.
Chef d'Etat-Major d'Hissène Habré aujourd'hui devant la justice pour crimes contre l'Humanité, Idriss Deby a été installé au pouvoir en 1990, couvert et soigneusement cautionné par la France en tant que complice sanguinaire et malfaisant d'accords de défense bidon promulgués par la France.
Son statut est donc exactement le même que celui du pauvre Paul Biya que ses admirateurs d’avant rejettent subitement aujourd’hui et qui se cramponne à Etoudi depuis 33 ans avec le soutien de la France. On ne peut qu'espérer qu'Afrique Media assure ses arrières en conséquence.
Que l'on choisisse de soutenir Afrique Média est très légitime et potentiellement porteur de la renaissance d’une opinion publique africaine libre des contraintes extracontinentales que nous connaissons. Mais il s’agit d’un manque flagrant de clairvoyance, et même insultant pour les grandes figure du panafricanisme tels que Kwame N’Krumah ou Thomas Sankara, de soutenir des gens qui s'accaparent frauduleusement du concept de "panafricanisme" et qui l'instrumentalisent ensuite à des fins très personnelles, lavant les cerveaux à toutes les sauces.
Le nettoyage d’un paysage médiatique asphyxié depuis plus de 5 décennies par RFI et consort est plus qu’essentiel. Mais si le détartrage donne lieu à de nouvelles déviances javellisantes, c’est alors qu’on se sera battu pour pas grand-chose. Certains diront que la France dehors d’abord et on verra ensuite pour le reste. C’est une stratégie comme une autre. Néanmoins, si on jette le bébé et l’eau du bain en même temps, que restera-t-il dans la baignoire? Deby ? Obiang ? Bongo ? Sassou ?
C’est là que la stratégie de marketing d’Afrique Media ne pourra plus se contenter de la mégaphonie de Banda Kani qui aura même entre temps contribué à miner le terrain, ou des interviews vendus par-ci par-là, dont certains à des ennemis de la Nation camerounaise, même potentiels.
C’est là aussi qu’Afrique Media s’apercevra, si ce n’est pas déjà fait, que dans certains domaines, la communication ne peut pas demeurer une simple activité lucrative, et qu’à part une ligne éditoriale bien établie, il lui faudra aussi une rigueur drastique dans la qualité de ses panelistes et autres intervenants, pour que ses plateaux ne deviennent pas de vulgaires tremplins pour des aventuriers politiques en tout genre.
Un auditorat doit d’abord se respecter, car c’est par lui d’abord que vit le média en question.
En conclusion, l'éveil c'est bien, il est même attendu depuis des lustres. Mais qu'il soit conscient et dirigé avec sagesse à bon escient, et non de manière désordonnée juste parce que des messies autoproclamés nommés Banda Kani ou Idriss Deby sont sortis de nulle part avec des raccourcis intellectuels qui arrangent les esprits somnolent.
Le droit de penser est inviolable, profitons-en donc alors. C’est cela la véritable émancipation.