A Domayo (Extrême-Nord du Cameroun), les forces de sécurité avait bouclé toutes les sorties. C’était un jour du mois d’octobre 2014. C’était éprouvant. Quelques agents de renseignements disaient alors que ce quartier dit «sensible» de Maroua intégrait aussi aisément les membres de Boko Haram que d’autres malfrats.
Un rapport secret dressé par ces «espions» par la suite rendait compte des réactions des soldats -ou du moins leur interprétation- à cette rafle: «Parmi certains soldats, il ne semble pas que ces rafles recueillent une complète approbation.
En effet, on estime que ces mesures atteignent trop souvent des hommes mariés et pères de familles, qui vont laisser les leurs sans ressources, et que, par la suite, les enfants et les femmes vont se trouver à la charge du gouvernement.
On juge qu'il aurait mieux valu ne pas inquiéter les gens, ou les interner tous, sans distinction d'âge ni de sexe.» Joli prétexte pour commencer à vérifier la régularité des actions conduites par les armées, directions et services, en analysant les résultats obtenus au regard des objectifs fixés, le bon emploi des deniers publics et l’adéquation des moyens des armées et services à leurs missions.
Généralement, les rapports tiennent le ministre de la Défense (Mindef) informé de l’état du moral au front. Ils évaluent l’opportunité des décisions prises, la pertinence des solutions apportées aux problèmes rencontrés et soumettent au Mindef, le cas échéant, des propositions de réformes.
Dans la région de l’Extrême-nord, les «missions d’inspection, de contrôle, d’audit, d’étude, de conseil et d’évaluation » que réalisent les agents de renseignement couvrent tout le champ de l’activité militaire. En pratique, ces personnes disent qu’elles s’efforcent de ne pas intervenir dans le pur domaine de l’activité opérationnelle des forces.
Si la base de l’action du contrôle général des armées est toujours le contrôle direct des faits, des actes et des résultats par les contrôleurs eux-mêmes, les manières d’exercer ce contrôle peuvent se distinguer selon le lieu, l’objet, la nature de l’objectif poursuivi ou le moment de son application.
Selon le lieu où il se déroule, le contrôle sur pièces se distingue du contrôle sur place. Ce dernier contrôle est privilégié au premier ; l’intervention des contrôleurs est alors annoncée ou inopinée. C’est tout çà qui fait problème et alimente une autre guerre. Dans tout cela, on voit des gens défiler avec des visas de touristes alors qu’ils sont là pour fouiner dans les unités, ils disent être des chercheurs. Et quand ça expose encore à Kolofata, on se dit qu’il y a problème.