Préfet, directeur du cabinet civil de la présidence de la République, délégué général à la Sûreté nationale puis ministre délégué à la présidence de la République, chargé de la Défense, la coupe était bien pleine pour Alain Edgar Mebe Ngo’o.
Une ascension fulgurante au sein du cercle très fermé des fidèles du chef de l’Etat qui n’avait pas qu’un côté positif pour l’heureux élu. Au contraire.
L’ancien Mindef avait canalisé autour de sa personne l’ire des officiers généraux de l’armée et celle des principaux chefs militaires. Et pour cause, le chef de la Défense était au coeur et au centre de tout.
Des obsèques de militaires décédés à la cérémonie de remise de galons aux généraux nouvellement promus par le chef de l’Etat.
Alors que le premier ministre chef du gouvernement présidait la cérémonie au nom du président de la République Paul Biya, c’est Alain Edgar Mebe Ngo’o qui avait remis leurs épaulettes aux cinq généraux.
Le soir, lors du repas de corps, l’on notait l’absence très remarquée de Philémon Yang. Quelques semaines après, des militaires ayant participé à la mission de maintien de la paix en Centrafrique, descendaient dans les rues de Yaoundé.
« Les soldats ont fait marche vers le centre-ville parce qu’ils n’avaient pas d’interlocuteur valable », écrit un officier du Centre des renseignements militaires, dans une correspondance informelle adressée à ses chefs. Jusqu’hier, la succession des événements au sein de la grande muette avait tout livré, sauf l’arbitrage du chef des armées : Paul Biya.
A 17h07 minutes, lorsque les journalistes de la radio nationale dévoilent le contenu des actes du chef de l’Etat, le réaménagement touche le tout-puissant Mindef, et met un terme aux spéculations les plus folles sur l’avenir de l’enfant terrible de Zoetélé.
Il sera désormais ministre des Transports. Sur les réseaux sociaux, les commentateurs qui visent l’histoire personnelle d’un administrateur civil omniprésent sur la scène militaire, aimant se faire accompagner de caméras de télévision pour parler au nom du président de la République, raillent le nouveau strapontin ministériel.
En tout cas, il n’y aura plus de longs convois pour accompagner l’ex Mindef au stade de football, tout comme l’escorte disproportionnée qui faisait d’Alain Edgar Mebe Ngo’o une espèce de super ministre.
Depuis sa nomination au ministère de la Défense en 2009, Mebe Ngo’o s’est fait plus d’ennemi que d’amis. A sa prise de fonction, il fait le tour des casernes et demande aux militaires de quitter les établissements de micro-finance.
Mebe Ngo’o assure alors qu’il ne veut pas entendre parler de corruption et que « les comptes rendus sont terminés ». Un mois après cette proclamation, l’affairisme enlisait les forces, pendant que les militaires étaient déployés chaque matin, par camions aux « points de pointages financiers ». Puis, le Mindef s’attaque au chantier des généraux.
Quand le chef de l’Etat admet les plus valeureux d’entre eux (Semengue, Nganso et Tataw) à la deuxième section, le patron des armées en fait une victoire personnelle et jubile.
Il organise une grande cérémonie de remise de véhicules aux officiers généraux dont ceux ayant commandé les 1er et 3ème bataillons de l’armée nationale. Le chef de l’Etat est saisi d’une cérémonie contraire à l’éthique militaire. En effet, tout se passe à grand renfort de publicité, devant les caméras de télé.
De 2013 jusqu’à son départ du Mindef, Alain Edgar Mebe Ngo’o est aux commandes de la lutte contre « Boko Haram ». Sur le théâtre des opérations, c’est lui qui s’exprime, sous le regard perdu du chef d’étatmajor des armées.
Signe des temps, courant août 2015, Paul Biya nomme cinq nouveaux généraux à qui il confie les pleins pouvoirs dans la lutte contre l’insurrection aux frontières Nord et Est.
Le 02 octobre, le chef de l’Etat confie la département de la Défense à Joseph Beti Assomo et affecte Alain Mebe Ngo’o au modeste ministère des Transports. Fin de parcours à la tête du Mindef. Biographie
Edgar Alain Mebe Ngo’o est né le 22 janvier 1957 à Sangmélima au Sud du Cameroun. Avant d’être nommé ministre délégué à la présidence de la République, chargé de la Défense en 2009, il avait passé presque cinq années au poste de délégué général à la Sûreté nationale.
Pendant cette même période il effectuait la navette entre ses bureaux de la Dgsn et celui du cabinet civil de la présidence dont il était le directeur.
De 1985 à 1988, il était conseiller aux affaires économiques et sociales dans les services du gouverneur de l’ancienne province de l’Est. De 1988 à 1991, il a occupé le poste de secrétaire général de la province du Nord-Ouest à Bamenda. En 1991, il est nommé préfet du département de la Mefou et Afamba, puis du Mfoundi de 1996 à 1997.
C’est en 1997 que Alain Mebe Ngo’o est nommé directeur du cabinet civil de la présidence où il est resté sept ans. En 2004, il est nommé délégué général à la Sûreté nationale, poste qu’il occupera brièvement, avant de devenir ministre de la Défense.