Paroles blessantes et parfois agressions physiques sont le quotidien de certaines musulmanes.
Depuis l'interdiction du port du voile intégral dans certaines régions du pays, notamment celles de l'Extrême-Nord, du Littoral, du Nord et de l'Est due aux exactions de la secte terroriste BokoHaram, la population vit dans la psychose et la crainte de la femme voilée.
Fusent alors des paroles blessantes, parfois des agressions physiques : « Je ne m'approcherai plus jamais des femmes qui portent le voile, elles cachent des explosifs à l'intérieur », s’emporte Loïc Fongam, commerçant du marché Mendong à Yaoundé, à la vue d'une femme musulmane voilée de manière simple avec un Hidjab.
Très peu font la différence entre le voile intégral et les autres. Devant cet amalgame, des milliers de femmes préfèrent ne plus sortir de leur maison. Hadjaratou Ousmane est de celleslà : « Je marchais tranquillement dans la rue lorsque deux hommes qui étaient près de moi m'ont agressée en tirant sur mon voile. Ils me l'ont arraché brutalement de la tête et ont dit : le gouvernement n'a-t-il pas interdit le port de ces voiles ?
Je me suis sentie humiliée, je suis retournée chez moi décidant de ne plus jamais en sortir. » Hawa, elle, s'est rendu compte hier que même les forces de l'ordre ne savent réellement pas ce que c'est que le voile intégral : « J'étais au commissariat de Bastos hier pour retirer ma carte nationale d'identité lorsque le vigile s'est mis à me fouiller, me demandant d'enlever le pagne que j'avais sur moi.
Je me suis sentie très mal mais comme il fallait que je retire ma carte, j'ai dû me plier à ces exigences. Je comprends que cela est fait pour garantir la sécurité des citoyens, mais de là à me mettre nue devant tout le monde, c'est vraiment très humiliant. »
Le voile intégral est celui-là qui recouvre la femme musulmane de la tête aux pieds et qui ne laisse voir que ses yeux. Il est de couleur noire en général. Le voile simple ou Hidjab quant à lui ne couvre que la tête des femmes musulmanes.
Il n'est pas assez large, on ne peut pas y cacher des explosifs. Pour l'Imam de la mosquée de Bodo, le Cheick Abou Rapah, « la femme musulmane observe le voile légal chaque fois qu'elle sort de la maison : c'est l'habit islamique que les textes du Saint Coran et les Hadiths du messager d'Allah ont déterminé sans équivoque.
La femme musulmane consciente ne fait donc pas partie de cette catégorie de femmes sous habillées que connaît la société moderne, des femmes égarées et déviées de la voie d'Allah »Cette différence est-elle prise en compte ? « C'est une atteinte à notre dignité de femmes et nous devons y remédier », exhorte Zeinabou Abdou Rahman.