Les propos de John Fru Ndi sont inacceptables. En effet, nous
sommes aujourd’hui dans une impasse et ce qui importe c’est comment re- nouer le dialogue ? Comment sortir de la crise? C’est ça le vrai problème.
Dans tout processus de règlement de conflit, il faut commencer par une attitude d’humilité. C’est-à-dire la reconnaissance des torts infligés à l’autre. C’est ce qui a commencé en Afrique du Sud et partout il y a eu réconciliation. C’est-à-dire que chacun commence à accepter qu’il a eu des torts. Loin d’être une posture de faiblesse, c’est une preuve de bonne foi. Les attitudes qui frisent l’arrogance, la suffisance et le mépris, aujourd’hui doivent être proscrites si on veut arriver à un compromis.
Je crois qu’il faut situer les responsabilités de ces choses-là. On ne peut pas imputer à des individus des responsabilités de ce qui arrive. L’Etat du Cameroun est entièrement responsable de cette situation qu’il a créée. Aujourd’hui, on regarde les conséquences de tout cela, on ne se demande pas d’où c’est venu ? Nous avons un Etat qui est arrogant, hautain, il ne respecte rien, même ses propres lois. Fru Ndi est victime de ce système, il ne faut pas l’accuser, il n’est pas responsable de ce qui arrive. Nous tous avons été complices de ce système, parce que nous nous sommes tus depuis. C’est notre lâcheté qui a fait que notre système perdure. Ce n’est pas seulement à Fru Ndi qu’il faut jeter la pierre. Tout le monde est responsable d’avoir laissé faire.
En réalité, il faut réfléchir à deux niveaux : Le premier niveau c’est dans le long terme. Le système a fait trop de dégâts. Ensuite, dans sa posture monar- chique, il aurait pu arrêter la spirale dès les mois de septembre et octobre derniers, lorsque les évènements ont commencé. S’il avait fait une analyse réaliste de la situation. Donc, on le rend responsable du pourrissement, parce que c’est sa stratégie. Depuis qu’il est au pouvoir, Paul Biya n’a jamais réglé le moindre problème. J’ai toujours parlé de sa gouvernance comme la stratégie du chaos.
C’est-à-dire que c’est un peu le fruit qui mûrit, qui tombe, qui pourrit et qui repousse dans le sens qu’il veut. Et il a toujours été gagnant dans ce mode de gestion, jusqu’à ce qu’il rencontre aujourd’hui les anglophones qui sont têtus. D’habitude, à un moment, la lassitude envahit les gens et ils laissent tomber. Pour une fois, il est tombé sur un autre et il a fort à faire. Donc, il faut qu’il parvienne à régler ce problème. Où on en est, il est à la fois la cause et la solution du problème.