C’est en 1972, suite à un référendum, que la République fédérale du Cameroun est devenue une « république unie ». Depuis, en dépit d’une réelle représentativité des anglophones aux postes de pouvoir, il a toujours existé, au sein de cette minorité, une certaine fronde face à l’autorité centrale, francophone à plus de 80%.
Mais il existe également depuis plusieurs années un « Government of the Southern Cameroons » autoproclamé et initié par des Camerounais de la diaspora. Ce groupuscule a signé en novembre 2012 des accords d’exploration pétrolière avec la société canadienne Kilimanjaro Capital Ltd, disposant d’une filiale du même nom dans le paradis juridique de Bélize.
Kilimanjaro Capital, selon son propre communiqué, vise particulièrement les gisements pétroliers de la région anglophone de Bakassi dont elle prétend détenir 80% des droits d’exploration. En août 2014, son CEO, Zul Rashid, dans une interview à Marketwired, déclarait qu’il finançait des « actions de défense des Droits de l’homme » dans la région de Bakassi et qu’il supportait le « Government of the Southern Cameroons ».
Cette société a également conclu des accords pétroliers avec les séparatistes de la diaspora angolaise concernant l’enclave de Cabinda, ou encore, au Nigeria, avec le Biafra Independence Movement. Elle est également à l’affut en Somalie et au Zimbabwe, partout où elle peut miser sur de possibles instabilités. « Ce genre d’actifs est très bon marché et peut rapporter énormément en cas de succès », reconnaissait le CEO.
En novembre 2015, l’ONG Global Witness, spécialisée dans la lutte contre le pillage des ressources naturelles des pays en développement, s’alarmait du « caractère secret de beaucoup de ces transactions qui rend extrêmement difficile de vérifier les véritables intentions de Kilimandjaro, associé à des groupes séparatistes. ».
Elle avertissait même précisément : « Dans le cas du Cameroun, l’exigence de l’accord, visant à obtenir une indépendance totale, incitera le mouvement à ignorer les alternatives pacifiques recommandées par la communauté internationale. »
« La question fondamentale restante est de prévenir la multiplication d’entreprises comme Kilimandjaro. Il n’y a pas de précédent juridique clair à l’échelle internationale, donc, en dehors des risques financiers évidents, qu’est-ce qui empêche une entreprise d’acheter des ressources naturelles à un mouvement rebelle et de modifier le cours de l’histoire pour son propre profit? », concluait Maria Fsadni, auteur du rapport.
A noter qu’il existe une autre entité nommée Kilimanjaro Capital, californienne, qui est actionnaire majoritaire de la société sud-africaine Tosaco Energy, active dans le Black Economic Empowerment, et possédant, selon son site internet, 3 licences d’exploration pétrolière dans les provinces de Mpumalanga et de Gauteng. Mais nous n’avons pas pu établir un lien entre ces deux sociétés, homonymes et de même activité.