La sale guerre déclarée par Paul Biya est loin d’être gagnée. Les séparatistes anglophones au Cameroun ont tué 81 forces de sécurité et plus de 100 civils dans leur campagne pour l’indépendance, selon un rapport du gouvernement lui-même publié par l’AFP.
Soixante-quatorze soldats et sept policiers ont été tués par des séparatistes depuis que des affrontements ont éclaté dans les deux régions à la fin de l’année 2017, selon le journal.
Il a ajouté que plus de 100 civils avaient été tués “au cours des 12 derniers mois” et qu’au moins 120 écoles – une cible favorite des radicaux – avaient été incendiées.
Le document appelle également à un plan d’aide humanitaire d’urgence d’un montant de 12,7 milliards de FCFA (21 millions de dollars, 19 millions d’euros), financé par “le budget de l’Etat, un appel à la solidarité nationale et des contributions de partenaires internationaux”.
Le rapport du gouvernement camerounais tombe au moment où les critiques internationales sur la répression du gouvernement dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, où habitent la plupart des anglophones qui représentent environ un cinquième d’une population majoritairement francophone de 22 millions d’habitants.
Le 12 juin, Amnesty International a publié un rapport indiquant que les forces de sécurité avaient perpétré «des homicides illégaux, des destructions de biens privés, des arrestations arbitraires et des actes de torture» depuis la fin de l’année 2017.
L’opération, loin de résoudre la crise, avait “renforcé […] des mouvements plus radicaux et plus violents”, selon le communiqué.
Le rapport a été rejeté par le gouvernement camerounais en tant que “mensonges grossiers” et “partie d’une stratégie de harcèlement et de déstabilisation de notre pays”.
Et en mai, l’ambassadeur américain à Yaoundé, Peter Barlerin, a déclenché un tollé diplomatique en affirmant que les forces armées avaient mené des «assassinats ciblés».
Il a également déclaré que les séparatistes avaient perpétré des meurtres de gendarmes et d’autres actes de violence, un fait noté par Amnesty qui a déclaré que “au moins” 44 membres des forces de sécurité avaient été tués.
En 2016, des années de ressentiment à l’égard de la discrimination perçue ont abouti à des manifestations, qui ont dégénéré en raison du refus du gouvernement de faire des concessions.
La violence a explosé à la fin de 2017 après que les radicaux ont déclaré un état indépendant – une entité nommée Ambazonia qui n’a pas été reconnue internationalement – et lancé une campagne armée.
Les témoignage recueillis dans les deux régions anglophones et les images prouvent que la crise s’aggrave: l’économie est quasiment morte. La société de transport Camrail est au point mort. La SABC ne ravitaille plus la ville.
Les entreprises quittent la région et les sociétés d’exploitations forestières ciblées par les attaques ferment, le taux de chômage triple, et la radicalisation des jeunes augmente, les coups de feux sont devenus le quotidiens, les villages sont calcinés, la production agricole prend un grand coup. La crise humanitaire s’empire.
Les anglophones modérés , l’opposition, les évêques et la communauté internationale avaient prescrit le dialogue pour résoudre la crise. Mais les faucons du régime et Paul Biya avaient promis que le BIR ( Bataillon Mobile d’Intervention) allait vaincre ” les terroristes en deux jours ou deux semaines “. Les conséquences sont désastreuses et le bilan est beaucoup plus lourd que le rapport du gouvernement . On ne gagne pas une guerre contre son peuple.