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Ambazonie: les raisons du silence de Paul Biya

Biyasilencieux Paul Biya est rentré au Cameroun après une absence de plus de 30 jours

Mer., 25 Oct. 2017 Source: L'Anecdote No 867

Le samedi 21 octobre 2017, ceux des Camerounais qui piaffaient déjà d'envie de revoir leur président après un séjour de quelques semaines en Europe, ont sans doute assouvi leur impatience. PAUL ET CHANTAL Biya sont là.

Comme à l'accoutumée, beaucoup d'observateurs commençaient déjà s'interroger sur la durabilité du séjour présidentiel hors des frontières nationales. Bien évidemment, chacun y allait de son commentaire, selon son obédience ou de sa chapelle politique, commentaire très souvent teinté de préjugés exacerbés. Normal. On ne détruit pas aisément les préjugés, encore moins les habitudes.

Paul Biya regagne le bercail dans un contexte particulier. La crise anglophone dans les régions du Nord-Ouest et Sud-ouest a pris des proportions épiques. Les voies s'élèvent çà et là. Les populations des régions querellées ne savent plus à quel saint se vouer. Les positions des leaders sécessionnistes se radicalisent. C'est l'enlisement !

Au regard de cette situation pour le moins préoccupante, beaucoup d'observateurs de la scène politique nationale n'avaient pas apprécié le fait que le chef de l'État n'ait pas fait la moindre évocation sur la crise anglophone dans son discours de circonstance de la 72ème l'Assemblée Générale des Nations Unies le 22 septembre dernier. Les donneurs de leçons et autres pamphlétaires de mauvais aloi ont tôt fait de jeter l'anathème sur Paul Biya. Mais ce mutisme du chef de l'État n'était pas synonyme de condescendance ou de mépris.

En bon père de famille africaine, Paul Biya a fait prévaloir la maxime selon laquelle « le linge sale se lave en famille ». Il n'avait donc pas trouvé opportun de mettre le problème sous la coupole des instances internationales, se réservant ainsi la gestion souveraine de ce problème essentiellement interne. Le gouvernement central espagnol, confronté aux sécessionnistes catalans quasiment dans la même période, a eu la même attitude en déclarant qu'il s'agit d'un problème interne et que l'Espagne n'accepte aucune médiation dans le règlement de ce problème.

Face à l'escalade, Biya a prôné le dialogue tous azimuts. En témoignent les nombreux émissaires déployés sur le terrain, sous l'implémentation du Premier Ministre, chef du gouvernement. Il y a ensuite les intentions de déclarations tonitruantes de l'indépendance de la zone anglophone le 1er octobre 2017.

Sans tambour ni trompette, Paul Biya a géré avec tact et doigté pour éviter une effusion de sang, qui aurait conforté la thèse de génocide soutenue ardemment par les leaders sécessionnistes. En dépit de son éloignement physique, le carnage a été évité. Comme pour répondre aux esprits retors que ce n'est pas la présence physique qui résout forcément les problèmes. Et « rien ne sert de courir, il faut partir à point », disait le célèbre penseur français La Fontaine. Le président de la République sait pertinemment que son retour au bercail ne sera pas de tout repos.

Il a une pile de dossiers urgents qui inondent sa table de travail. Mais le dossier de la crise anglophone devrait être priorisé pour que la sérénité et la paix reviennent dans les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest.

En bon stratège, Paul Biya est conscient du fait que plus que quiconque, il est face au tribunal de l'histoire. Et l'histoire devra retenir que c'est lui qui avait su trouver des solutions consensuelles face l'extrémisme des leaders anglophones qui réclamaient, à cor et à cri, la balkanisation du Cameroun.

Auteur: L'Anecdote No 867