Après Ngoh Ngoh, Biya autorise l’audition d’un autre ministre qui a répondu aux enquêteurs

Laurent Esso a répondu aux enquêteurs

Tue, 18 Oct 2022 Source: Boris Bertolt

Le secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, doit être auditionné ce mardi 18 octobre 2022 par le tribunal criminel spécial dans le cadre de l’enquête prescrite par Paul Biya sur la gestion des fonds Covid-19. Une audition en presentielle qui a été autorisée par Paul Biya soit dans son bureau de la présidence de la République ou dans un lieu discrètement aménagé mais nullement dans les locaux du TCS à Yaoundé. Depuis les auditions spectaculaires de quelques ministres dans le cadre du Covigate, le Premier ministre avait obtenu du chef de l’Etat un peu plus de respect pour la dignité de ses ministres.

Si l’audition par le TCS d’un secrétaire général de la présidence de la République en fonction est inédite, rappelons toutefois que ce n’est pas la première fois que l’homme à la punk doit répondre de ses actes à la demande du chef de l’Etat. En décembre 2018, il avait déjà été longuement entendu à son bureau par de hauts responsables de la DGRE dans le cadre du Cangate. Malgré toutes les charges qui pesaient contre lui, il avait été promu contre toute attente ministre d’Etat, d’où ses relations complexes avec l’actuelle patron des renseignements camerounais, Eko. La résistance de l’homme à la punk à se faire entendre est d’autant plus surprenante que nul n’est censé être au dessus de la loi. Le ministre d’Etat, ministre de la Justice, Laurent Esso, a lui même été récemment entendu par les inspecteurs d’Etat. A la manœuvre : l’homme à la punk.

En effet, en août 2021, dans sa guerre déclenchée contre le cabinet Atou à l’origine des enquêtes du tribunal criminel spécial dans le dossier PORTSEC contre l’homme à la punk et le DG du Port Autonome de Douala, Cyrus Ngo’o, Ferdinand Ngoh Ngoh obtient de Paul Biya l’ouverture d’une enquête sur la gestion des actifs de l’ex-ONCPB et ONPC par Lazare Atou.

Le 1er septembre 2021, Rose Mbah Acha, la ministre déléguée à la présidence chargée du Contrôle supérieur de l’État, annonce qu’elle lancerait « une mission spéciale de contrôle et de vérification » de la gestion du cabinet Atou. Que celle-ci portera sur les « actifs résiduels » de trois grandes entreprises publiques liquidées dans les années 1990 : l’Office national de commercialisation des produits de base (ONCPB), l’Office national des ports du Cameroun (ONPC) et la Régie nationale des chemins de fer du Cameroun (RNCFC).

Dans le collimateur de Rose Mbah Acha, bras armé de l’homme à la punk, le ministre de la justice, Garde des sceaux, Laurent Esso. Le garde des sceaux avait décidé d’acquérir de nouveaux terrains pour la construction de nouveaux tribunaux à Douala et Yaoundé et lesdits terrains appartiennent à l’ex- ONCPB et ONPC. Le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, a validé l’opération. Mais l’homme à la punk pense tenir l’affaire qui fera tomber Laurent Esso qu’il accuse en privé d’être le parrain et grand bénéficiaire de Lazare Atou.

Le Contrôle Supérieur de l’Etat demande l’autorisation d’auditionner le ministre de la justice. Paul Biya accepte l’audition de Laurent Esso. Des protocoles d’audition sont envoyés au garde des sceaux. Laurent Esso va rapidement y apporter des réponses par écrit. Les réponses du ministre de la Justice sont envoyées au CONSUPE mais également transmises à Paul Biya. Le CONSUPE ne trouve rien contre le garde des sceaux.

Après cet épisode, Paul Biya autorise maintenant le TCS à auditionner à son bureau son secrétaire général, Ferdinand Ngoh Ngoh dans Le cadre de l’enquête sur Les fonds COVID-19. L’homme à la punk joue au chat et à la souris. En réalité ce qu’il ne savait pas, c’est qu’en autorisant l’audition de son ministre de la Justice en fonction réclamée par l’homme à punk, Paul Biya préparait déjà le terrain pour l’audition de son secrétaire général en fonction. En réalité, c’est l’histoire de l’arroseur arrosé.

Auteur: Boris Bertolt