Après avoir renoncé à mon enfant, j'ai subitement envie de la revoir

Mon histoire a commencé il y a huit ans. J'ai beaucoup hésité avant de la partager. Mais c'est en lisant l'histoire de la fille à qui on a pris le bébé, que j'ai eu envie de le faire.

Je me prénomme Dimitri, j'ai 38ans aujourd'hui, et je suis cadre moyen dans une microfinance à Yaoundé. Je suis fiancé, père de 3 enfants, mais pas encore marié. (J'ai pris la liste de la dot il y a un an, mais les moyens ne m'ont pas encore permis de finaliser).

J'ai connu Laetitia il y a 8 ans, je faisais les cours de préparation pour le concours de l'Enam. J'avais déjà tenté pendant 7ans, et à 30ans, voyant la limite d'âge approchée, j'ai cédé à l'idée d'aller m'inscrire aux cours à l'école départementale, située sur la route qui mène à l'école normale et à l'Enam justement.

Laetitia 25ans... Ça se voyait qu'elle n'était pas une fille qui avait les problèmes de "Je vais manger quoi aujourd'hui Seigneur"... Elle puait le "La vie est belle" à distance. Très vite, je l'ai remarquée avec ses manières,elle désinfectait toujours le banc avant de s'y asseoir. Alors, j'ai décidé de la cibler. Je me suis assis non loin d'elle une ou deux fois, et finalement, j'ai réussi un soir à me mettre sur son banc.

Ayant remarqué que je maîtrisais l'économie, elle s'est très vite liée à moi, mais pour elle, c'était évident que c'était juste pour mieux comprendre les cours. Et puis un soir, à la fin des cours, nous sommes sortis ensemble puisqu'elle voulait me montrer un document qu'elle venait d'acheter en rapport avec le concours. Elle a sorti la clé de la voiture et a appuyé sur le déclencheur à distance : Hyundai Santa Fè automatique... Les enfants préférés de God... Elle a pris le document, me l'a remis et m'a demandé /

- Tu vas de quel côté Dimitri, je peux te raccourcir le chemin, moi je vais à Santa Barbara.

Je lui ai dit que j'allais à Soa, qu'il ne fallait pas qu'elle se dérange, mais elle a insisté, voulant me retourner ma gentillesse que je lui témoignait en l'aidant... Elle m'a laissé à la Camair ce jour là... Bref... J'ai joué au gars gentil et naïf, et elle a fini par "mordre". Un samedi après les cours, elle a proposé de me déposer jusqu'à Soa, question de découvrir le coin (Elle avait fait Fustel de Coulanges, ensuite La Catho)... Tellement il avait plu, et avec l'embouteillage monstre de Ngousso (Cimetière et Santa Lucia), nous sommes arrivés autour de 20h40. Fatiguée, elle a fini par passé la nuit dans ma chambre d'étudiant qui n'était plus vraiment étudiant depuis 5ans.

Au bout de quelques semaines de relation, ce qui devait arriver, arriva : Grossesse! Quand elle me l'a annoncé, j'ai gardé mon calme, comme si j'étais gêné, alors qu'au fond... Je me souviens avoir remercié Dieu dans mon cœur. Entre-temps, elle m'avait confié être la fille hors-mariage d'un grand de ce pays. Elle vivait avec sa mère et ses frères d'un autre père. C'est elle-même qui refuse d'aller vivre en Europe, sinon...

Elle m'a dit vouloir garder la grossesse. Qu'elle avait déjà l'âge d'être mère. Et m'a alors avoué ceci :

- Ma mère, je peux la gérer, mais mon père, tu vas devoir te débrouiller, je le sais assez compliqué. Je sais qu'il ne va pas apprécier le truc. Mais je vais attendre que la compo passe avant de le lui dire.

Une semaine après l'examen, elle m'a fait un SMS pour m'annoncer qu'elle avait causé avec monsieur le PCA (Son père), et que je me tienne près à recevoir son coup de fil.

Effectivement, autour de 17h, j'ai reçu l'appel d'un monsieur, de présentant comme un capitaine en service au BQG (La Brigade du quartier général), me demandant si je pouvais passer à son bureau à la "première heure" le lendemain (Ce genre de manière, c'est une façon polie de me dire que j'avais pas le choix). J'ai fait signe à Laetitia , et elle m'a dit que c'est son cousin, le filleul de son père, que je ne devais pas avoir peur. Son père n'aime pas traiter directement avec les gens, sans intermédiaires...

Avant 7h, j'étais là. Je l'ai appelé pour qu'il m'indique son bureau. Il a demandé qu'on me fasse entrer. Il m'a fait asseoir, m'a posé un tas de questions... Sur moi, ma vie, mes ambitions... Etc... Puis il est sorti. Vers 9h, il m'a appelé et m'a demandé de le rejoindre dans la cour. Je suis monté dans sa voiture et il m'a dit qu'on allait voir le père de Laetitia. Arrivé là-bas, il est d'abord entré tout seul. Je suis resté dans la salle d'attente. Ensuite la secrétaire m'a fait entrer. Mama Sarah! Les gens ont les bureaux ici dehors! Le bureau du type là était grand comme une maison, quand je suis entré, il était assis loin là-bas au fond. Le jeune militaire s'est excusé et est parti. J'étais assis dans un coin salon, sur un canapé en cuir, je voyais le père là travailler à distance, la télé était allumée mais est-ce que mon cœur était en place. Il ne faisait que passer des coups de fil, parler aux secrétaires, faire venir des collaborateurs pour leur poser des questions... À un moment, il a fait signe à la secrétaire et on m'a apporté du café, du jus de fruit et des croissants au beurre. Et là je me suis dit, le type ci n'a pas prévu de me faire du mal. J'ai recommencé à respirer normalement. Mais j'ai pas voulu manger. C'est vers, 11h45, que monsieur le père de la fille qui était enceinte de moi s'est enfin intéressé à moi. Ça devait être sa pause.

Il s'est levé, a ouvert un tiroir a pris une enveloppe et est venu s'installer sur le canapé en face du mien. Il a parlé pendant à peine 60 secondes. Mais tu sens le genre de personne habituée à organiser ses propos en peu de mots :

- Bonjour mon fils. Désolé de t'avoir fait attendre. Ma fille m'a parlé de votre petite situation. Je vais aller droit au but : Je t'ai observé pendant que je travaillais. Tu as tenté ta chance en te disant que tu vas t'en sortir en t'accrochant à une fille de riches n'est-ce pas! Je sais ça... Moi-même je ne suis pas né riche hein... Bref... Disons que tu n'es pas ce qu'il faut à ma fille. N'y vois rien de personnel. Juste que j'ai d'autres projets pour elle. Elle va garder la grossesse, sa mère est d'accord. Mais je vais l'envoyer en Europe. Même l'Enam là, ça va. Alors, il est dans ton intérêt de faire comme si tu ne l'as jamais connue. C'est clair n'est-ce pas? J'ai fait "oui" de la tête. (Je devais encore faire quoi d'autre?) D'accord c'est bien. Tiens cette enveloppe, il y a 500mille francs à l'intérieur. Considères ça comme un dédommagement ou un dépannage. Mon neveu va t'appeler d'ici deux semaines. On va te trouver quelque chose à faire. Laetitia m'a dit que tu as un Master en économétrie ? C'est ça ? (- Monétique, monsieur) OK monétique, voilà ! ... C'est tout. Bonne journée jeune homme.

Un mois après, j'étais assis dans un bureau d'une microfinance au 3ème étage d'un immeuble de Yaoundé, je gagnais plus de 300mille francs. C'était cool... Et depuis là j'ai fait mon chemin.

Sauf qu'un événement bizarre s'est produit il y a deux semaines. Je suis tombé sur Laetitia à Carrefour Playce dimanche après-midi. Je l'avais jamais revue depuis l'affaire de 500mille... J'étais avec ma dernière fille, et elle était seule. Plus jolie, plus femme. Après un moment d'hésitation, on s'est salués, on a souri et elle m'a dit tout de go :

- Ta fille a 7 ans. Nous sommes rentrés il y a 2ans mon mari et moi (Le fils de...). Lui et moi étions en service à l'ambassade à Rome et papa avait peur de la façon dont le co.vid-19 finissait les gens là-bas... Je suis maintenant à la Wxzsdqfghp... Et lui au Minrex. Passes moi ton numéro alors...

Nous avons échangés nos contacts... Le problème c'est que depuis une semaine, j'ai envie de lui demander une photo de l'enfant, mais j'ai peur des conséquences. Est-ce-que je vais m'arrêter là ? Et si j'essaie de la rencontrer, comment son père va-t-il l'interpréter ?

Sais pas quoi faire...