Le dernier réajustement ministériel, pour autant qu’il trahisse la volonté du chef de l’Etat à accélérer l’étrier de la gouvernance publique, met la pression sur les directeurs généraux des sociétés à capitaux publics, dont le calendrier secret du président annoncerait un vaste mouvement dans les jours à venir, à en croire quelques sources introduites.
Le renouvellement des organes dirigeants des sociétés publiques est dans l’ère du temps, tout comme ce remaniement qui était attendu… », Précise un cadre de la présidence de la république sous le couvert de l’anonymat, pour qui le Chef de l’Etat ne serait pas au bout de sa volonté de changement dans les artères de la vie publique.
Et du coup, ils sont nombreux à espérer de nouveaux textes du Chef de l’Etat, et notamment dans le secteur du management des entreprises publiques et parapubliques Camer.be. Certains connaisseurs croient savoir que la publication de ces textes serait imminente, dans l’attente des derniers réglages suscités par le réaménagement gouvernemental du 2 octobre.
Les nominations des nouveaux directeurs généraux du Cename, de Lanacome et du directeur du Chu - le Centre hospitalier universitaire, participe de ce chantier de renouvellement des organes dirigeants des entreprises publiques ; mais elles ne donnent pas la pleine mesure de l’amplitude attendue.
Et pour cause, selon des indiscrétions qui circulent dans les coulisses de la présidence, on parle d’une dizaine de sociétés d’Etat qui seraient dans le collimateur du changement du président. Nous faisions déjà une énumération de quelques-unes de ces entreprises dans notre édition N° 134. Selon nos sources généralement bien informées, des têtes vont sauter dans les jours qui viennent dans le management de quelques-unes de ces entreprises.
Bien que relevant de la discrétion du chef de l’Etat, les critères de mise à l’écart emprunteraient tantôt à la longévité à la tête de ces structures, tantôt aux performances réalisées par leurs gestionnaires. Suivant cette grille de lecture qui pourrait expliquer certains départs, Camille Mouthé à Bidias devrait quitter son poste de directeur général du Fne - le Fonds national de l’Emploi, qu’il occupe depuis plus de 25 ans.
Ce départ attendu serait loin d’être une sanction, au regard des performances du Fne dans la promotion de l’emploi des jeunes. Au-delà des personnalités, il serait question, à en croire quelques sources, d’arrimer la gestion des entreprises aux exigences réglementaires qui concèdent à tout directeur général de société d’Etat un mandat de trois ans deux fois renouvelable.
Manifestement, le sommet de l’Etat ne voudrait plus, en accordance avec ces exigences de gouvernance, voir les directeurs généraux trôner à la tête des sociétés publiques et parapubliques pendant plus de 10 ans, comme c’est le cas dans le landerneau du Cameroun. En raison de cette exigence, la bourrasque qui se profile pourrait emporter également Amadou Vamoulké, à la direction générale de la Crtv depuis 2005, ou encore David Nkoto Emane de la Camtel - la Cameroon telecommunications, lui aussi en poste depuis 2005.
Toutefois, selon les commentaires qui fusent, il faudrait relativiser les raisons de ces départs annoncés. Nkoto Emane autant qu’Amadou Vamoulké, pourraient être appelés en cause dans certains affaires dénoncées ou en suspens devant le Tribunal criminel spécial, ce qui justifierait aussi leur éviction afin de les mettre à la disposition de la justice.
Telle n’est pas l’explication qui est faite autour des autres départs supputés, à l’instar de celui d’Abdou Namba de la Sodecoton, où son rendement managérial serait en deçà des espérances, d’après de nombreux rapports concordants. Ou de celui de Bernadette Mbarga du Bucrep - le Bureau central de recensement et d’étude de la population.
Ici encore, c’est davantage le rendement du Bucrep, dont les derniers résultats du recensement général de la population de 2005, avaient prêté le flanc aux critiques les plus acerbes sur les chiffres réels de la population du Cameroun et sur les enjeux politiciens de ce recensement, qui est en cause. Le pouvoir aurait décidé d’en faire désormais un véritable outil de planification économique, d’où la nécessité de confier la structure à des mains plus expertes.
Csph, Douanes
Parmi les noms qui circulent dans les dédales de la présidence de la république, on pourrait ajouter celui d’Auguste Mbappè Penda, le directeur général du Cncc-Conseil national des chargeurs du Cameroun. Au-delà des performances critiquées de la structure, le Chef de l’Etat devrait décider d’arbitrer, en les renvoyant dos à dos, le conflit larvé qui a longtemps gouverné les rapports entre Auguste Mbappè et sa tutelle le ministre des Transports.
Robert Nkili a déjà cédé le plancher depuis le 02 octobre dernier, et son « adversaire » pourrait faire autant dans les jours qui viennent. Un autre qui serait dans le viseur du président, c’est bien Nana Sandjo - le Dg de la Camair-Co. A en croire des indiscrétions du sérail, il devrait payer dans les jours qui viennent de son management tatillon à la tête de la compagnie de navigation aérienne.
Les mouvements d’humeur des passagers à l’aéroport de Douala et devant la représentation de Yaoundé en début septembre auraient fini par exacerber la colère du Chef de l’Etat, particulièrement devant l’apathie communicationnelle de la direction générale sur l’absence des aéronefs. Aujourd’hui, les experts disent l’image de la Camair-co au creux de la vague, ce qui impose un plan de sauvetage qui passe par la désignation de nouveaux dirigeants.
Même si à la présidence il se dit que Nana Sandjo bénéficie des circonstances atténuantes liées aux difficultés de trésorerie de l’entreprise, et au business plan foiré dès sa création, ses actes de gestion ne seraient pas à l’abri des critiques. D’aucuns évoquent le dernier rapport du Commissaire aux comptes qui serait très critique à l’égard de celui qui fait office d’ordonnateur de dépenses et de fournisseur, une situation juridiquement inextricable. Nous y reviendrons.
D’autres situations sont soulevées par les derniers actes du réaménagement de l’équipe gouvernementale, qui ont propulsé en son sein deux directeurs généraux de sociétés étatiques. La Csph - la Caisse de stabilisation des prix des hydrocarbures, et la direction générale des douanes du Cameroun, attendent d’accueillir de nouveaux directeurs généraux pour pallier aux départs d’Elung Paul Che et de Minette Libom li Likeng. Reste la situation ambiguë de la Snh - la Société nationale des hydrocarbures, qui alimente de nombreuses spéculations.
Des sources introduites disent Adolphe Moudiki - son directeur général, sur le départ, manifestement pour un repos bien mérité, lui qui au-delà de son âge très avancé et de son inaptitude physique à travailler sereinement, totalise près de 25 ans aussi à la direction générale de la structure publique. Une analyse battue en brèche par d’autres sources qui estiment que le vieux Moudiki partirait en même temps que celui qui l’a nommé. Comme s’il était à la tête d’une chasse gardée.