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Assassinat de Martinez Zogo : l’unique responsable du chaos est connu ; son nom a fuité

Le nom de Paul Biya est cité

Mon, 23 Jan 2023 Source: Boris Bertolt

Martinez Zogo est décédé d’une mort humiliante. Victime de sévices corporels et de torture de très haut niveau, son corps a été retrouvé en état de décomposition par sa femme. Dans la foulée, les langues se délient et les vrais auteurs seront bientôt connus. En attendant, Boris Bertolt revient avec une analyse et indique que « le responsable ultime de l’assassinat de Martinez Zogo c’est Paul Biya. »

Martinez Zogo est mort. Une mort triste et atroce. Je n’aurai jamais cru que nous serions arrivés à un tel niveau d’animalité politique. Martinez, Je le connaissais et j’avais toujours pris fait et cause pour lui quel que soit ce pourquoi il était accusé, nonobstant son amitié avec l’un des hommes les plus puissants de la République, le secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh. Difficile de penser qu’on puisse enlever l’ami de l’homme le plus influent du Cameroun après Paul Biya.

D’où, malgré le fait que je fus l’une des premières personnes à annoncer sa disparition, j’ai douté de son enlèvement. Et contrairement aux émotions, le doute est normal philosophiquement et journalistiquement lorsqu’on n’a pas assez d’éléments pour créditer une information. Mais loin de toutes les émotions, nous devons garder à l’œil une chose : l’unique responsable de ce chaos, c’est Paul Biya.

Martinez Zogo dénonçait l’usage de la ligne 94 et la ligne 65 à la suite d’une enquête prescrite par Paul Biya sur la période 2010 jusqu’en 2021. Le CONSUPE a reçu des budgets tous les ans. Comment se fait-il qu’en 11 ans le Contrôle supérieur de l’Etat n’a jamais questionné deux lignes qui ont consommé près de 5000 milliards Fcfa ? Simplement parce que le vrai propriétaire de ces lignes, c’est PAUL BIYA.

La guerre des clans au sommet de l’Etat a été orchestrée, organisée et entretenue par Paul Biya depuis de nombreuses années afin de rester essentiellement maître du jeu. Si je dis bien que c’est un clan qui serait à l’origine du décès de Martinez Zogo, c’est parce que Paul Biya a laissé ces clans se battre. En usant de tous les moyens à leur disposition. Y compris l’appareil sécuritaire. Car il est aujourd’hui certain que Martinez Zogo a été assassiné par des professionnels, sûrs d’eux, et appartenant à un groupe puissant.

Dans n’importe quelles circonstances, ne jamais perdre le sens de la hiérarchie des responsabilités. Les responsabilités au second degré dans l’assassinat de Martinez Zogo sont ceux qui ont ordonné son élimination directe. Mais le responsable ultime c’est Paul Biya.

Depuis des années, l’Etat est bloqué. La République est à genoux. MAIS POUR PAUL BIYA, LORSQUE SON POUVOIR N’EST PAS ATTEINT, LES CAMEROUNAIS PEUVENT MOURIR TRANQUILLEMENT. JE L’AI DIT ET JE L’AI MARTELÉ, VOS VIES À TOUS ET TOUTES N’AURONT AUCUN SENS TANT QUE PAUL BIYA NE SENTIRA PAS SON POUVOIR MENACÉ.

Vous pouvez donc continuez à surfer sur les émotions. Chercher des coupables ou responsables pour satisfaire votre soif de vérité. D’ailleurs, ils savent que dans quelques jours vous serez presque tous passés à autre chose. Car vous êtes un peuple plus en quête de buzz que de stratégies.

Si les meurtres encore plus symboliques de Guerandi Mbara ou encore de Monseigneur Bala n’ont pas été élucidées, ou encore du journaliste Samuel Wazizi, malgré la pression internationale, ce ne sont pas les résultats de l’enquête sur Martinez Zogo que vous aurez en l’état actuel du débat sur l’assassinat de Martinez Zogo.

La mise en scène du corps de Martinez Zogo contribue à renforcer le climat de terreur dans le pays.

Or toutes les dictatures ont besoin de terreur pour survivre. Dans la tête de Paul Biya, le décès de Martinez Zogo peut également être un carburant pour la survie de son régime.

Paul Biya tant qu’il n’est pas tenu personnellement pour responsable de la situation actuelle fera simplement passer l’assassinat de Martinez Zogo en pertes et profits d’une gouvernance machiavélique ayant pour seul objectif le pouvoir advitam aeternam. Échec et mat.

Auteur: Boris Bertolt