Dans le but de limiter les risques sécuritaires, des gouverneurs et préfets ont décidé de restreindre les libertés publiques provoquant des réactions diverses.Au lendemain de l’attentat-suicide qui selon le dernier bilan, a fait 21 morts samedi dernier dans la ville de Maroua, le gouverneur de la région de l’Extrême Nord a pris de nouvelles mesures préventives :
« Nous avons décidé que les bars seront fermés au plus tard à 18h, que les commerces ambulants ne seront plus autorisés, que les bailleurs doivent déclarer tous les locataires surtout les nouveaux qui occupent leurs maisons, qu’on va réduire au maximum les lieux de culte, qu’aucune moto ne sera plus autorisée à circuler avec trois personnes, qu’on va procéder à un bouclage systématique de la ville de jour comme de nuit les personnes suspectes et les enfants en divagation seront interpellés.
Dans les lieux de forte concentration populaire comme les marchés, a poursuivi Midjiyawa Bakari, on a demandé aux maires et au Délégué du gouvernement de remettre sur pied la police municipale, qui doit faire son travail de contrôle à l’intérieur des marchés en synergie avec la police et la gendarme. » Les mendiants et les enfants de la rue n’ont plus droit de cité. Une opération de ramassage des enfants de la rue est lancée depuis dimanche. Auparavant, le gouverneur avait interdit le port du voile intégral, la burqa.
Après la capitale tchadienne N’Djamena, la région de l’Extrême Nord du Cameroun est le théâtre d’attentats-suicides depuis le 12 juillet dernier avec la double attaque kamikaze de Fotokol signée par deux femmes arborant la burqa. Depuis lors, la ville de Maroua est à sont tour ciblée par une série d’attentats non revendiqués jusqu’ici, mais portant la marque de Boko Haram, selon plusieurs observateurs.
Le renforcement des mesures préventives par le gouverneur de la région de l’Extrême-Nord est loin d’être un acte isolé. Quatre jours avant, son collègue de la région de l’Est, Samuel Dieudonné Ivaha Diboua, a présidé, jeudi, 23 juillet dernier, une réunion de sécurité «élargie aux imams» au cours de laquelle, il a lui aussi, « annoncé la mesure d’interdiction du port du voile (intégral) ou burqa».
Cartographie des mosquées
Cette mesure qui s’étend également à la région du Littoral a été décidée lors de la dernière réunion du Comité régional de sécurité et de maintien de l’ordre tenue à Edéa le 20 juillet. Ici, la confection, la vente et le port de la Burqa ont été proscrits. Les forces de défense et de sécurité devront veiller à la stricte application de cette mesure. On annonce que des équipes de sensibilisation vont sillonner les mosquées pour informer les imams et les fidèles en vue de les amener à adhérer aux mesures décidées. Une cartographie des mosquées a été prescrite avec promesse ferme que les prêches des imams lors des prières feront également l’objet d’une surveillance accrue.
Boko haram n’a rien à voir avec l’Islam
Déclenchée au Cameroun par le préfet du Noun dans la région de l’Ouest, une dizaine de jours après les attentat-suicides ayant endeuillé N’Djamena la capitale tchadienne, l’initiative des mesures préventives prescrivant l’interdiction du port de la burqa date du 29 juin dernier. Donatien Bonyomo a rendu public un communiqué radio-presse dont la portée ratisse large :
« Il est recommandé à toute personne qui n’aimerait pas être reconnue ou identifiée pour des raisons qui lui sont propres, de rester chez elle à domicile
Il est formellement interdit à toute personne non identifiable à vue :
de circuler sur la voie publique
d’emprunter un moyen de transport public (moto taxi, taxi, car de transport interurbain)
de fréquenter les milieux de grand rassemblement tel que marché, gare routière, obsèques, hôpitaux, centre de santé, etc.
Il est interdit de faire commerce en tant que vendeur ou acheteur avec toute personne donc le visage n’est pas découvert
Il est interdit de confectionner et de vendre tout article donc l’objet vise à soustraire une personne de l’identification visuelle spontanée. »
Tout contrevenant à ces mesures sera interpellé ainsi que ses complices éventuels pour être déférés par devant monsieur le procureur de la République, prévient le préfet du Noun.
A sa suite, le 14 juillet dernier, le préfet de la Mifi, Joseph Tangwa Fover, signait un arrêté pour interdire la Burqa. Cet arrêté concerne les trois arrondissements de la Mifi : Bafoussam 1er, 2ème et 3ème. Les mesures prises dans l’urgence par des autorités administratives sont diversement appréciées.
Leader politique, Simon Pierre Atangana Nsoe, président du Grand Cameroun, juge certaines inappropriées : « Si on commence par interdire la burqa, on risque d’arriver à l’interdiction de la gandoura, du pagne du kaba etc. De même, restreindre les activités des moto-taxis et des petits vendeurs ambulants est tout simplement maladroit. Réduire le nombre de mosquées, de lieux de prière et d’écoles coraniques risque d’assimiler la question Boko haram à un problème musulman.
Boko haram n’a rien à voir avec l’Islam, il y a des chrétiens Boko haram. » Il interpelle les services de renseignement : « A Maroua comme à Fotokol, le problème c'est les bombes et nos services de renseignement doivent chercher et trouver qui produit les bombes, qui stocke, qui les distribue, qui les fait exploser et surtout pourquoi certains de nos compatriotes acceptent de les faire exploser de tuer et de se faire tuer.
» Alioum Alhadji, sénateur Rdpc les juge malgré tout nécessaires : "Les mesures prises par l’autorité administratives sont difficiles mais elles s’imposent parce que nous vivons une situation exceptionnelle."