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Bakassi : le préfet du Ndian charge Abba Sadou chez le PM

Jeu., 5 Nov. 2015 Source: Georges Alain Boyomo

Le ton employé par le Premier ministre dans la correspondance qu’il adresse au ministre délégué à la présidence de la République chargé des Marchés publics, en date du 23 octobre 2015, est à cheval entre l’agacement et la fermeté :

« Le chef du gouvernement sollicite votre avis sur la proposition d’accorder une autorisation spéciale permanente à votre collaborateur local, le délégué départemental des Marchés publics de Ndian, pour passer par la procédure gré à gré, les marchés relatifs à la réalisation des projets prioritaires d’investissement public dans la zone de Bakassi.

Cette mesure exceptionnelle qui s’inscrit en droite ligne de la politique des pouvoirs publics sus rappelée vise la modernisation rapide par une mise en valeur effective de cette zone stratégique, en rationnalisant les délais de passation des marchés publics pour tenir compte des contraintes temporelles », écrit Philemon Yang.

Cette lettre du Pm, dont une copie est transmise au secrétaire général de la présidence de la République, fait suite à sa saisine le 1er octobre 2015 par le préfet du département de Ndian, Chamberlin Ntou’ou Ndong, qui plaidait pour une « autorisation exceptionnelle de gré à gré pour les projets à exécuter à Bakassi ».

Inertie

D’après cette autorité administrative, au regard des difficultés d’accès à Bakassi, de la forte pluviométrie de la zone (il pleut 9 mois sur 12, rapporte-t-il), la circulaire relative à l’exécution du budget 2014, en son article 644, donne la latitude au délégué départemental des Marchés publics du Ndian, de solliciter le gré à gré pour rendre possible l’exécution des projets dans cette zone.

« Malheureusement, toutes les demandes de gré à gré transmises au ministère des Marchés publics soit n’ont jamais eu de suite, ou encore les réactions arrivent tardivement et on ne peut plus rien faire et les projets concernés abandonnés », s’indigne Chamberlin Ntou’ou.

Le «chef de terre» indique que cette « situation met à mal les efforts de modernisation rapide entrepris par le chef de l’Etat dans cette partie du territoire, qui continue à susciter les convoitises du Nigeria voisin ». Et de suggérer au Premier ministre, « afin d’éviter à l’horizon cette situation désastreuse », un accord permanent de gré à gré pour tous les projets à exécuter dans la péninsule de Bakassi, à gestion locale, ou l’insertion d’une disposition explicite à ce sujet dans la circulaire relative à l’exécution et au contrôle d’exécution du budget 2016.

S’agissant de l’exercice 2014, plus de 62 millions Fcfa de crédits alloués à la réalisation de projets d’investissement (salles de classe, équipement de centres de santé, installation d’une unité d’extraction d’huile de palme, etc.) dans la zone de Bakassi n’ont pas été consommés à cause de « l’inertie » du ministère des Marchés publics. Pour le délégué régional du Minmap du Ndian, une procédure de gré à gré s’imposait pourtant pour les exécuter.

Ce d’autant plus que les services locaux du ministère des Marchés publics (Minmap) ont constaté, à chaque fois, des mauvaises études de faisabilité, la sous-évaluation financière de certains projets, l’absence de voies d’accès au chantier, le manque d’expérience de l’entrepreneur sélectionné par l’Etat…

Qu’est ce qui peut expliquer la posture inertielle du ministre Abba Sadou sur ce dossier qui vise la modernisation de Bakassi ? Est-ce la mauvaise qualité des travaux réalisés par le passé pour la viabilisation de ce territoire sur lequel le Cameroun exerce pleinement sa souveraineté depuis plus de deux ans, à l’issue de la période transitoire de cinq ans fixée par l’accord de Greentree du 12 juin 2006 ?

De fait, on n’a pas perdu de vue toutes les critiques faites, à un moment donné, aux réalisations du Comité de coordination et de suivi des projets prioritaires dans la péninsule de Bakassi. Est-ce pour autant que le Minmap marche sur des œufs au point de paralyser la « camerounisation » de ce territoire situé dans le Sud-Ouest, lequel a été au centre d’un long et coûteux contentieux entre le Cameroun et le Nigeria devant la Cour internationale de justice ?

Auteur: Georges Alain Boyomo