Au pays de Paul Biya, tout paraît immobile. Pourtant, de nouveaux visages émergent... Barthélémy Toguo en fait partie.
Il expose partout, de l’Italie au Brésil en passant par Cuba et les États-Unis, mêlant sculpture, vidéo, aquarelle et performance. Finaliste du prix Marcel-Duchamp 2016, il exposera d’octobre à janvier au centre Georges-Pompidou, à Paris. Mais soyons honnêtes : Barthélémy Toguo est plus connu à l’étranger que dans son propre pays.
Voilà qui justifie la mission qu’il a entreprise il y a cinq ans : démocratiser l’art contemporain au Cameroun. C’est la raison d’être de sa Bandjoun Station, l’espace de création et de résidence pour artistes qu’il a érigé près de Bafoussam (Ouest) et qui draine les plus grands noms de l’art contemporain : l’Américaine Carolee Schneemann, la Française Louise Bourgeois, le Congolais Freddy Tsimba, le Sénégalais Soly Cissé… Il s’agit, pour Barthélémy Toguo, de ne pas reproduire avec l’art contemporain les mêmes erreurs qu’avec l’art classique : laisser les œuvres dans les seuls musées occidentaux.
Si 80 % des visiteurs de la Bandjoun Station viennent de l’étranger, Toguo a commencé à y intéresser ses compatriotes, notamment les écoliers. L’artiste de 48 ans a adjoint un volet agricole à son musée : une production de café sur trois hectares, torréfiée sur place et conditionnée dans des emballages lithographiés par lui-même. Un projet critique sur les échanges Nord-Sud, pour montrer que les prix du café fixés par l’Occident appauvrissent les agriculteurs africains.