Benskineurs, un métier tous risques

Tue, 5 Apr 2016 Source: 237online.com

Même si la mototaxi nourrit bien son homme, elle demeure dangereuse pour son conducteur et ses passagers.

Tout commence à 4h du matin. Certains « benskineurs » sillonnent déjà les rues de la capitale économique, à la recherche du pain quotidien.

Intelligents, ils connaissent les zones à sillonner et celles a ne surtout pas s’y aventurer. « Quand, je sors vers 4h du matin, je me rends à la gare de Ndokoti, pour les femmes Bayam Sellam et autres prostituées.

Je ne me rends jamais dans les quartiers tels que Dakar, Bomono, Tunnel Logbaba, Pk13 et 14 à cette heure là. Ce sont des zones dangereuses, on peut me tuer pour arracher ma moto », raconte « Jack Bauer ». Mais, sortir de son domicile à cette heure-là, a des avantages qui font des fois oublier l’insécurité. « A cette heure-là, le client paye le prix fort, parce qu’il est fatigué et veut retourner chez lui se reposer », souligne « Bauer ».

Seulement, les difficultés des « bendskineurs » ne sont pas que sécuritaires. Ils indexent aussi le mauvais rapport qu’ils entretiennent avec certains taximen. « Les taximen ne nous aiment pas. Ils se croient tout permis parce qu’ils sont protégés dans une voiture. Ils s’amusent parfois à freiner brusquement, pour nous induire en erreur.

Et lorsque nous sommes en vitesse, c’est très souvent le choc », explique « 1+1 », la mine renfrognée. A sa suite, Salamou, un chauffeur de taxi s’étant arrêter pour un café, en profite pour donner son point de vue . « Ce n’est pas que nous détestons les benskineurs. C’est juste qu’ils sont les rois de l’incivisme. Ils ne respectent rien, même pas le feu rouge. Beaucoup n’ont même pas le simple permis de conduire. Bref, ils dérangent » , dit-il avec fermeté.

Les « bendskineurs » de Douala se sentent aussi marginalisés et victimes d’une mauvaise image. C’est le sentiment du secrétaire de l’Association des bendskineurs d’ancien Dalip. « On ne nous écoute pas ! On nous considère comme des sous-hommes ! Nous sommes insultés au quotidien. On nous tient pour responsable de tout ce qui est mauvais dans cette ville» , se plaint-il.

Avant de poursuivre : « la dernière menace en date, est celle du préfet du Wouri qui nous exige d’avoir tous nos papiers d’ici le 01er Avril 2016. Faute de quoi, il nous sera interdit de circuler. Pourtant, quand on se rend à la mairie pour régulariser notre situation , en payant le carton unique à 4000 FCFA (impôt libératoire+stationnement pour une durée de trois mois) et la vignette à 2000 FCFA, on nous dit que c’est fini.

Et dix minutes plus tard, c’est la police qui nous interpelle ». Pour finir, les « bendskineurs » invitent l’Etat à prendre ses responsabilités. « L’Etat doit revoir sa copie sur les auto-écoles au Cameroun. Aucune ne dispose de motos pour ceux qui veulent apprendre et avoir le permis. Pour se former, on doit investir doublement. Dans un premier temps, sur les cours. Et dans l’autre, sur la location de la moto. Ce n’est pas sérieux! », s’insurge-t-il.

Les doléances des conducteurs d’engin à deux roues sont nombreuses. Toutefois, les victimes d’accidents de la route provoqués par les mêmes acteurs le sont aussi. D’ailleurs, un pavillon, dénommé « pavillon bendskin » leur est dédié à l’hôpital Laquintinie de Douala.

Auteur: 237online.com