Biya avait mieux à faire avec 75 milliards

Le pouvoir de Yaoundé s’attendait certainement à meilleur accueil. En annonçant un don du Chef de l’État de 500 000 ordinateurs pour les étudiants au compte de l’année académique 2016/2017, Etoudi pensait sans doute avoir résolu une partie des problèmes qui minent les jeunes qui représentent environ 2/3 de la population nationale. Le geste a plutôt provoqué un effet papillon au regard du coût élevé (75 milliards de FCFA).

En dehors des étudiants de l’IAI (Institut Africain d’Informatique) Cameroun, qui ont adressé une motion de soutien à Paul Biya, les voix qui se font entendre, critiquent de manière acerbe l’initiative du Président de la République. Tony Smith s’est joint à ce concert de désapprobations. Le président fondateur de de Limitless innovation released (entreprise spécialisée dans la conception des logiciels, des smartphones et des tablettes) affirme que le Chef de l’État a fait le mauvais choix.

Ses propos sont relayés par La Nouvelle Expression (LNE) en kiosque le 3 août 2016. Pour ce Camerounais adulé au pays de l’Oncle Sam, «en choisissant d’emprunter à la Chine pour acheter aux Chinois des ordinateurs destinés aux Chinois, le Cameroun a fait un choix économiquement incompréhensible. Premièrement parce que cet investissement n’était pas urgent, mais aussi parce qu’en offrant des ordinateurs à quelques 500 000 étudiants, on n’est pas sûrs d’encourager l’économie numérique, ou tout simplement, d’inciter les étudiants à s’orienter vers les métiers du numérique».

L’ancien chef de projets chez le géant américain Microsoft pense que les 75 milliards de FCFA auraient pu servir aux Camerounais concepteurs d’appareils informatiques. «Avec 75 milliards FCFA », déclare-t-il, « je monte une usine en Semi Knocked Down au Cameroun pour l'assemblage, et qui recrutera environ 15,000 personnes, et fabriquera 2 millions de Laptots par an».

Il soutient par ailleurs qu’«au lieu de 500,000 ordinateurs, faire 5 millions d'ordinateurs pour les étudiants, créer une nouvelle industrie au Cameroun et positionner le Cameroun comme leader de l'électronique en Afrique. Tout ça avec des compétences camerounaises».