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Boko Haram : Que vaut la France ?

Tue, 17 May 2016 Source: Njoya Moussa

Il n’a échappé à aucun observateur averti la posture de François Hollande à Abuja, parlant avec des grands gestes, comme s’il donnait des instructions aux Chefs d’Etats Africains.

#BokoHaram En fait, il s’agissait pour le président du « seul pays non africain à prendre part à la conférence sur la sécurité régionale à Abuja », comme se plaisent à le répéter à l’infini les médias français, de dominer les débats et surtout de donner l’image d’être « l’hégémon stabilisateur » dans le cadre de la lutte contre Boko Haram.

Allant jusqu’à déclarer pince-sans-rire,« Grâce à la France Boko Haram a reculé ». Affirmation qui a eu le mérite de faire bondir plus d’un de son siège dans l’assistance. Car, il est connu de tous que le rôle de la France a plutôt été largement « symbolique » et les effets de son « aide », pour le moins incrémentales. En effet, l’assistance du pays de François Hollande s’est résumé à quelques voitures de combat d’occasion offertes aux troupes et l’envoi de quelques militaires chargé de « l’appui au renseignements ».

Alors que l’on se serait attendu à de milliers de militaires français sur le terrain ou encore une aide matérielle massive, au nom des fameux « accords de défense ». Bien plus encore, les millions d’euros d’aide annoncés à grand renfort de publicité ne sont finalement pas encaissés par les Etats Africains, à qui la France demande plutôt d’en prendre dans les fonds initialement destinés au remboursement de la dette qu’ont ces pays envers elle.

Mais c’est surtout sur le plan diplomatique que la France s’est montrée ultra-décevante dans la lutte contre Boko Haram. En effet, au sortir de la conférence du 17 mai 2014 à Paris, François Hollande avait pris le ferme engagement de joindre les grandes puissances de la communauté internationale à la lutte contre Boko Haram. Mieux encore, après la création de la force multinationale mixte, la France qui assurait la présidence du conseil de sécurité a fait la promesse ferme d’une résolution du conseil de sécurité à partir de mai 2015 au profit de cette force régionale qui devait entrer en fonction à partir du 30 juillet 2015.

Ce qui aurait eu pour conséquence de la doter d’un mécanisme de financement pérenne, donnant une bouffée d’oxygène aux pays victimes de Boko Haram et qui font par ailleurs face à la baisse drastique de leurs revenus, conséquemment à la chute vertigineuse des cours du pétrole. Jusqu’à présent rien du tout. Cette posture plus rhétorique que pratique du pays de François Hollande, a eu pour principale conséquence de nourrir les théories complotistes de la part de certains « experts » qui voient sa main derrière Boko Haram et l’accuse de « double jeu ».

Surtout à l’observation de la grande sollicitude des certains partenaires non traditionnels, ou tout au moins qu’on n’attendrait pas au premier coup, tels que la Russie, la Chine, la Turquie, etc. Mais les tenants de cette thèse du complot ne comprennent pas que la France est tout simplement dans l’incapacité d’en faire plus. En effet, sur le plan logistique, la France est dans une quasi-incapacité de projection de puissance, avec une aviation de moins d’une cinquantaine d’avions de combat, des véhicules inadaptés au terrain sahélien, des stratégies de combat inopérant dans les guérillas urbaines, comme on a eu à le voir au Mali. D’où la présence du Tchad aux premières lignes.

Larguée par les américains

Pire encore, la crise économique qui prévaut actuellement en France lui impose des coupes budgétaires dans la Défense avec comme conséquences, réduction des hommes de troupes à l’étranger comme en RCA ou encore au Mali, et surtout un manque de munitions et de bombes dont on a eu l’illustration en Syrie. Cette indigence matérielle s’accompagne d’une cécité stratégique que n’aura pas pu résoudre le « livre blanc de la Défense » adopté en 2009.

Auteur: Njoya Moussa