La Cour suprême nous a donné raison depuis 1993 mais le Groupe Bolloré ne s’exécute pas. Plus de 34 ans à nous battre contre le géant français !
Par arrêt n° 51/CC du 3 juin 1993, la Cour suprême du Cameroun a confirmé la condamnation de la société SOCOPAO, filiale du Groupe BOLLORE installée à Douala, à nous verser environ 89 millions de Fcfa.
Nous pensions que nos efforts et ceux de nos avocats avaient enfin porté ; cet arrêt de la Cour suprême était en effet l’aboutissement d’une bataille judiciaire entamée depuis 1981.
Nous étions alors partenaires dans la vente de Voakanga, matière première très recherchée, même actuellement encore, pour la fabrication de médicaments. Nous avons entreposé, par le biais des Ets OHANDJA, cette marchandise dans les locaux de la société SOCOPAO à Douala. Cette dernière avait l’obligation de traiter la marchandise, périssable, tandis que nous cherchions acquéreur. Lorsque nous avons trouvé preneur et souhaité récupérer notre marchandise, personne n’a été en mesure de nous la restituer, pas même de nous indemniser au titre de cette perte.
Nous avons alors mis nos petites économies dans une procédure judiciaire. Successivement le TGI de Yaoundé dans son jugement civil n° 178 du 30 décembre 1987, la Cour d’appel du Centre dans son arrêt n° 282/Civ du 5 juin 1991et la Cour Suprême du Cameroun en 1993 nous ont donné raison.
La société SOCOPAO œuvre de tous les stratagèmes pour ne pas faire face à ses obligations. Elle déclare notamment ne pas avoir d’argent sur ses comptes pour exécuter la décision. Elle brasse pourtant plusieurs milliards de Francs CFA et le Groupe Bolloré prospère en Afrique et au Cameroun.
La société SOCOPAO a même réussi à obtenir une décision d’escroquerie au jugement d’un juge de première instance et pensait ainsi s’être débarrassée du problème. C’est désormais ce document qu’elle brandit y compris lorsque nous sollicitons les responsables au siège du Groupe en région parisienne.
Les responsables du Groupe Bolloré savent pourtant tous que cette décision n’a aucune portée puisque la loi camerounaise leur imposait, une fois le jugement obtenu, de retourner devant la Cour suprême pour une révision de l’arrêt de 1993, ce qui n’a pas été fait. Car ces mêmes arguments avaient déjà été rejetés par la Cour suprême. Leur dette à notre endroit est donc devenue définitive d’un point de vue juridique car ils ne peuvent plus la contester.
Aujourd’hui, avec les intérêts, notre créance s’élève à plusieurs centaines de millions de Fcfa.
Le Groupe Bolloré nous sait malades, tous les deux, affaiblis et épuisés par ces décennies de combat judiciaire. Nous avons tout perdu et tout hypothéqué en frais de procédures pendant toutes ces années : notre santé, l’avenir de nos familles, devant un Groupe Bolloré tout puissant, indifférent et méprisant.
S’il reste un peu d’humanité aux responsables de ce Groupe, qu’ils nous permettent de nous soigner dignement et de finir nos jours en laissant quelque chose à nos familles. Nous sommes des patriarches africains : cette injustice sera un jour vengée !