Il est probable que le coup de force réalisé par le Cameroun, il y a deux ans, en signant – de façon relativement sournoise, voire mesquine – un accord de partenariat économique alors qualifié d’étape, avec l’Union européenne, fera date dans l’évolution globale des négociations que mène la partie occidentale avec le restant des pays de l’Afrique centrale sur cette relation économique de nouvelle génération.
C’est du moins la conclusion que l’on est forcé de prendre lorsque l’on considère l’improbable tango dans lequel sont engagés les pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale, pris dans le vertige de pourparlers qui ne s’étalent en longueur, et dont plus personne n’arrive réellement à situer l’avenir. Cela, alors même que, lors d’une réunion tenue à Douala en avril dernier, les officiels – par les mots de Jean Tchoffo, le négociateur camerounais en chef sur cette question – avaient tenu à indiquer le caractère totalement inéluctable de l’entrée en vigueur de ces fameux accords de partenariat économique.
Pour le ministère camerounais de l’Economie et de la Planification, les choses étaient donc claires : le Cameroun avait choisi sa voie. Ce qui semblait vouloir dire, en toute apparence, que le pays de Paul BIYA n’allait guère se soucier des états d’âme de tous ses voisins membres – comme lui – de la CEMAC autant que de la CEEAC, zones économiques et politiques auxquelles sont pourtant étroitement lié dans le destin de ces fameux APE.
Une stratégie par l’embuscade qui a du reste fini par coûter cher aux autres pays, puisque – selon les dernières informations disponibles à cet effet – l’Union européenne demande désormais clairement que l’ensemble des président de cette zone économique emboitent le pas à Paul Biya, en paraphant ce document si controversé. Cela, alors même que ses méfaits ont depuis longtemps été dénoncés par de nombreux experts.
En l’état actuel des choses, difficile donc de savoir ce qui se passe réellement sur ce terrain, depuis l’annonce officielle de l’entrée en vigueur de ces accords, en date du 04 août dernier. Personne ne sait si le démantèlement tarifaire recherché est désormais en vigueur et comment celui-ci se traduit sur le terrain.
Les citoyens de la zone CEMAC se retrouvent donc dans la plus totale des confusions politiques et institutionnelles, à laquelle se colle l’évidence d’une absence totale d’explications crédibles de la part de gouvernements généralement peu soucieux de leurs opinions publiques. L’on enseigne pourtant que la transparence est l’un des indicateurs fondamentaux de la bonne gouvernance.
Dans le cas actuel, rien qui indique donc quel sera la couleur de la vie économique post-APE. Aucune étude, dans ce sens, qui ait été faite pour modéliser les différents scénarios plausibles : on reste donc dans ce que l’on sait faire le mieux à savoir, l’imprécation, la propagande et la désinformation. Pendant ce temps, le pays coule en silence – les APE n’étant, à cet égard, que l’ultime avatar d’une architecture globalement déficiente et décrédibilisée.