Outre les sources de recettes connues, l’Etat prévoit de capitaliser la vente des licences 3G et une partie des fonds issus de l’eurobond.
En 2016, l’Etat doit mobiliser 4234,7 milliards de F pour financer son budget. Vendredi dernier, lorsque le Premier ministre, chef du gouvernement, Philemon Yang déroule devant la représentation nationale les sources de recettes escomptées, il y en a une particulièrement qui suscite l’interrogation : les recettes de privatisations. Dans ses prévisions, le gouvernement devrait en tirer 120 milliards de F. Selon des informations recueillies au ministère des Finances (Minfi), il n’est pas question pour l’Etat de céder des parts dans des entreprises publiques en 2016. En fait, cet argent est déjà disponible. Ces recettes de privatisations correspondent au renouvellement des licences de MTN Cameroon et Orange Cameroun intervenue respectivement le 11 mars et le 13 mars 2015. Ces deux opérateurs de téléphonie désormais titulaires de licences 3G et 3G+ pour une période de 15 ans, s’engageaient alors à verser à l’Etat sur un échéancier de trois mois (expiré en septembre dernier), la somme de 75 milliards de F chacun, soit un total de 150 milliards de F à payer au Trésor public. A date, les opérateurs se sont déjà acquittés de ce paiement.
Réserves d’eurobonds
C’est l’autre source de recettes additionnelles qui justifie l’accroissement de l’enveloppe budgétaire pour l’exercice 2016. L’Etat du Cameroun prépare depuis des mois, une émission de titres publics sur le marché financier international. L’opération, toute première du genre, devrait permettre de mobiliser un total de 750 milliards de F. Argent destiné au refinancement de la Société nationale de raffinage (Sonara), au financement partiel du Plan d’urgence triennal pour l’accélération de la croissance et au financement de certains projets de développement. La lettre de mandat permettant de collecter ces ressources a été signée en février dernier. Les résultats officiels de l’opération restent attendus. L’Etat envisage donc de puiser 50 milliards de F sur le montant des ressources qui seront collectées sur le marché financier international. A cela s’ajouteront 300 milliards de F à mobiliser sur le marché monétaire de la BEAC tout au long de l’année 2016 via l’émission de bons et obligations du Trésor assimilables.
Recettes pétrolières
Constituées de la redevance de la Société nationale des hydrocarbures (SNH) et de l’impôt sur les sociétés pétrolières, les projections pour l’heure tablent sur 397,2 milliards de F pour l’exercice 2016 contre 774,9 milliards de F en 2015. Elles sont en baisse par rapport à l’exercice en cours. Une situation qui s’explique par la chute des cours du baril de pétrole brut à l’international. Selon la SNH, entre juin 2014 et juin 2015, le cours moyen du Brent Daté qui sert de référence pour la fixation des prix de vente du brut camerounais s’est dégradé de 46,90% pour s’établir à 57,84 dollars le baril. Pour le premier semestre 2015, le prix moyen des bruts vendus pour le compte de l’Etat s’est établi à 55,04 dollars par baril. Ainsi, sur la base des données, l’Etat devrait donc tabler sur un cours du baril inférieur ou égal à cette moyenne qui se situe en deçà des 89 dollars sur lequel l’Etat s’est basé pour le budget 2015. Toutefois, le raffermissement du cours du dollar (1dollar=617,0229 F CFA, taux de change du 23 novembre 2015) et la hausse de la production pétrolière-qui a déjà crû de 22,79% lors du premier semestre 2015-devraient permettre de compenser d’éventuelles baisses de performance.
Recettes non-pétrolières
Les projections s’élèvent à 2469,3 milliards de F. Elles sont constituées des impôts et taxes, des recettes douanières et des recettes non-fiscales. Les mesures prises en vue de l’optimisation de ces recettes devraient continuer à porter des fruits. Amélioration du climat des affaires, élargissement de l’assiette fiscale et sécurisation des recettes fiscales entre autres. Le projet de loi de finances 2016 indique le retour à la taxation à la porte du ciment avec l’accroissement de l’offre locale et du riz pour lutter contre la contrebande en matière de réexportation frauduleuse. Les autres prévisions de recettes budgétaires portent sur les prêts projets (505 milliards de F), les dons (58,2 milliards de F), les emprunts bancaires (250 milliards de F) et les autres emprunts (85 milliards F).