L’un des vœux les plus chers de l’immense majorité des Camerounais épris de paix est que l’élection présidentielle du 7 octobre prochain se déroule dans le calme et la sérénité sur toute l’étendue du territoire. Et que le septennat 2018-2025 se déroule dans un climat plus apaisé que celui qui s’achève. Sous l’impulsion du président de la République, Paul Biya, le gouvernement s’y emploie depuis quelques mois.
C’est ainsi que, s’agissant de la situation dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, des réponses idoines ont été apportées aux doléances des avocats et des enseignants, allant parfois au-delà de ce qui avait été demandé.
Des missions de paix conduites par le Premier ministre, chef du gouvernement et le président de la Commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme sont descendues à plusieurs reprises sur le terrain, des mesures ont été prises afin que les forces de défense et de sécurité protègent l’intégrité du territoire national, la population et les biens en respectant les canons internationaux en la matière.
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Un plan d’urgence humanitaire auquel les populations des dix régions apportent leur soutien a été mis sur pied pour venir en aide aux populations sinistrées.
C’est dans ce contexte que s’est tenue mercredi dernier à l’archevêché de Douala, sur l’initiative du cardinal Christian Tumi, une concertation à laquelle ont pris part le révérend Babila George Fochang, de l’Eglise presbytérienne camerounaise, Tukur Mohammed Adamu, imam de la mosquée centrale de Bamenda et Aladji Mohammed Aboubakar, imam de la mosquée centrale de Buea.
Au terme de leurs travaux, ces religieux ont rendu public un communiqué dans lequel ils appellent à la tenue d’une conférence générale anglophone les 29 et 30 août 2018 à Buea. Une initiative louable, vu qu’elle vise la restauration de la paix. Et dans ce cas, aucune action n’est de trop.
Quant à ses promoteurs, hommes de foi respectés, qui prêchent au quotidien l’amour, la paix, le dialogue, l’apaisement, la réconciliation des cœurs, on se doit de reconnaître qu’ils sont dans leur rôle. Cette initiative commence à faire problème lorsque les religieux posent des préalables, à savoir : le retrait des forces de défense et de sécurité des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest parallèlement au dépôt des armes par les séparatistes, et la libération de tous les détenus.
Sur le premier point que le ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary, qualifie d’« inacceptable » au nom du gouvernement, en raison du fait que les forces de défense et de sécurité sont mises sur un pied d’égalité avec les terroristes, il convient de faire quelques remarques importantes.
D’abord les agresseurs ce sont incontestablement les sécessionnistes qui contestent un ordre établi par la Constitution (la forme de l’Etat) et qui commettent toutes sortes de crimes en vue de parvenir à leur objectif : la partition du Cameroun.
Les agressés ce sont les forces de défense et de sécurité, dont la défense de l’intégrité territoriale, la protection des personnes et des biens est la mission première. On ne saurait dont traiter de la même manière agresseurs et agressés.
A l’analyse, ce sont les terroristes qui ont pris en premier les armes contre l’Etat. Ce sont ces criminels qu’on s’attend à voir interpelés par les hommes d’église. Car dès qu’ils auront mis un terme à leur sale besogne, l’armée n’aura plus de raison de les acculer.
Par ailleurs, en condamnant d’office la réunion convoquée les 29 et 30 août à Buea, les partisans de la partition du pays attestent, s’il en était encore besoin, qu’ils ne veulent pas la paix.
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Quant au deuxième préalable : la libération inconditionnelle et immédiate des détenus, le moins que l’on puisse dire est qu’il constitue une négation de l’Etat de droit. Tout Etat ou société démocratique est régi par des lois que nul n’est censé ignorer. Et quiconque enfreint ces lois doit être sanctionné sans passion ni faiblesse.
Afin que justice soit rendue aux victimes. Pas de place donc pour l’impunité dans un Etat de droit. Il faut éviter de faire prévaloir le droit de la force sur la force du droit.
Au total, bien que louable, l’initiative des religieux réunis autour du cardinal Christian Tumi mérite d’être mûrie afin qu’elle tienne compte des lois et règlements de la République, pour qu’elle n’exacerbe pas les tensions déjà vives et serve effectivement la paix.