CAN 2022: le journaliste William Bayiha dénonce la marginalisation de la Crtv

Matériel de retransmission

Wed, 12 Jan 2022 Source: William Bayiha

La coupe d’Afrique des Nations se joue à Yaoundé depuis le 9 janvier dernier. Meme si elle est retransmise en direct et exclusivité par la Cameroun Radio Television, il se trouve que l'Office de radiodiffusion et de télévision du Cameroun, spectateur de la production des images de la Coupe d'Afrique de football. Le fait est que l’évènement est couvert par les partenaires de la Confédération Africaine de Football (CAF) qui gèrent la liaison et de la coordination des Radiodiffuseurs, les services graphiques, le conseil et services de diffusion hôte et les services satellites. Un fait dénoncé par le journaliste puisque tous les partenaires choisis par la CAF sont basés en France et s’occupent curieusement d’un évènement entièrement africain. Lire l’intégralité de son opinion sur Camerounweb.com.

DIFFUSION DES MATCHES DE LA CAN : LA CRTV SUR LE BANC DE TOUCHE

L'Office de radiodiffusion et de télévision du Cameroun, spectateur de la production des images de la Coupe d'Afrique de football.

Les rencontres sont, dans les faits, couvertes par les partenaires de la Confédération africaine de football. La CRTV ne devrait gérer que les droits de diffusion au Cameroun. Mais nous avons tous vu le match, y compris dans les chaînes du câble. Passons...

La CAF a elle-même donné la liste de ses partenaires. Infront France s'occupe de la liaison et de la coordination des Radiodiffuseurs (i.e. radio et TV), AMP Visual gère les services graphiques, Mediapro, le conseil et services de diffusion hôte, tandis que Globecast se spécialise sur les services satellites.

Quatre entreprises européennes, en général basées en France, qui ceinturent la production et la diffusion du plus grand événement africain.

Il faut s'armer d'une loupe grossissante pour trouver les ingénieurs de la CRTV sur les plateaux techniques de notre CAN. Ils y sont pourtant partout, mais plus comme assistants. Certains sont simplement comme des observateurs impuissants. D'autres regardent les matches au quartier ; une jobajo en main.

Le fait est que beaucoup d'entre eux ont un rêve depuis 2016 : piloter ces OB Vans acquis à grand renfort de publicité sous les auspices de l'ancien président du conseil d'administration, le ministre Tchiroma et réceptionné par le dégé Charles Ndongo, précisément pour la production et la diffusion de la CAN.

L'opération avait été estimée à l'époque à 45 milliards de francs CFA. Il est important de noter que la diffusion n'était qu'une partie de cet argent. Mais est-ce que cette partie partielle et partiale a été utilisée à bon escient ?

LES IMAGES UN GENRE-UN GENRE

Déjà pour le CHAN, il y a un an, les Camerounais, devant leur téléviseur, s'étaient rendus compte qu'il y a un souci. En regardant alternativement la CRTV et Canal+, on avait l'impression de regarder les mêmes images différentes. La qualité des commentateurs n'étaient pas la seule cause d'un tel décalage.

Harcelés de questions, des gens à la CRTV avaient répondu en toute bonne foi que le problème était l'inadéquation entre la matrice analogique du centre de production de Mballa 2 (achetée déjà obsolète en 2009) et la nature numérique du signal (HD). Le problème était donc l'ancien dégé, le mauvais et son compère Tchiroma. Des explications qui avaient peu convaincues à l'époque.

La promesse de faire mieux à la CAN donne les signes de ne pas pouvoir être tenue.

Toute chose mise ensemble, il apparaît que la médiocrité du signal de la CRTV tient certes du transfert des signaux entre la régie CAF et Mballa 2. Mais il y a plus. Car même si certains équipements de la CRTV sont mobilisés pour l'opération, le clean feed natif (images et sons d'ambiance sans commentaire) ne lui arrive jamais. Il reçoit de base un signal dilué que sa matrice ne fait que diffuser.

Une telle chose ne peut jamais arriver si on produit son propre signal. Même avec un téléphone portable.

Mais jusque-là, je comprends. La CAF est organisatrice de l'événement et elle a ses objectifs de diffusion à atteindre. Et ce n'est pas la première fois que la confédération cherche des partenaires pour ses événements.

DE GROS SOUS POUR RIEN ?

Mon étonnement vient de ce qu'on sait à tous les niveaux de l'Etat du Cameroun que c'est ainsi que la Confédération fonctionne. Comment consentir à acheter un matériel qui ne nous servirait quasiment pas ? Il se fait en plus que la CRTV manque cruellement de personnels en quantité et en qualité pour opérer ces OB Vans, pour ne parler que d'eux.

La CRTV recrute pourtant à tour de bras. On a même vu des formations de journalistes avant le CHAN quand Martin C. Mimb était encore à la une. Ce qui est très bien. Mais à côté des marketistes qui manquent cruellement, on se serait attendu à voir davantage de techniciens être mis à niveau - que ce soit en production ou en diffusion. Les cadres de la maison sont accusés d'avoir préféré donner du travail aux parents, amis et connaissances ainsi qu'à la famille du village. Ce ne sont encore que des soupçons. Mais connaissant un peu la CRTV...

Pour revenir aux OB Vans, j'ai entendu dire que certains d'entre eux sont voués à la location avec les pays voisins. C'est une bonne piste. A condition que ces vans, comme tout matériel électronique et mécanique, ne tombent dans l'obsolescence ou tout simplement en panne, faute d'utilisation suffisante et qualifiée.

Auteur: William Bayiha