CAN sucrée et pimentée: 'Mvondo Ayolo avait oublié que Ayolo signifiait amer'

Mvodo Ayolo et Ferdinand Ngoh Ngoh

Fri, 14 Jan 2022 Source: Wilfried Ekanga

Dans la tribune ci-dessous, l'analyste politique Wilfried Ekanga fait son premier bilan de la CAN débutée officiellement le dimanche 9 janvier dernier par le match Cameroun- Burkina Faso. Dans son analyse, Ekanga dresse une liste de scandales enregistrés par l'évènement en quelques jours seulement.

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"Comme je l’écrivais ici le 4 janvier, si Maurice Kamto vous a exhortés à ne pas saboter la CAN, c’est parce qu’il savait que le régime, fidèle à sa médiocrité chronique habituelle, saboterait sa CAN lui-même.

Et je vous avais aussi dit qu’en invitant ses Zizifluenceuses pimentées pour que sa CAN soit sucrée, Mvondo Ayolo avait oublié que « Ayolo » signifiait « amer ».

Voici donc qu’à l’issue de la 1ère journée seulement, le bilan est plutôt inquiétant pour la suite . Le seul véritable point positif étant (heureusement) le niveau de jeu global, qui est plus équilibré que ce qu’on imaginait : pour faire simple, il n’y a plus de « petites équipes », et les scores sont assez serrés.

Du reste, voici les choses qui ont mis la poussière au sucre de cette CAN qui, déjà, se présente comme la plus bizarroïde de l’histoire. Le seul tournoi « 2021 » qui se déroule en… 2022.

1/ L’agression des journalistes algériens en ouverture de rideau, qui pose la question sécuritaire pour les visiteurs étrangers. ( les gendarmes étaient occupés à guetter une sortie éventuelle de Maurice Kamto de chez lui et ont oublié de protéger les visiteurs )

2/ La très mauvaise pelouse de Japoma ( stade qui a pourtant dépassé les 150 milliards ) On se demande si elle tiendra jusqu’à la fin. Les deux matches qui s’y sont déroulés font assez peur. L’Algérie s’en souviendra encore longtemps.

3/ La clochardisation de Samuel Eto’o, pourtant président de la FECAFOOT (confiné derrière une vitre comme une marchandise de luxe lors du match d’ouverture). Il comprendra bientôt encore mieux dans quoi il a mis les pieds. Sa carte de la tontine attend bien au chaud.

4/ La sélection d’un arbitre aussi douteux que corrompu, qui a offert au monde l’image la plus humiliante que l’Afrique pouvait craindre, lors de la rencontre Tunisie-Mali. Jamais dans l’histoire un match ne fut interrompu 5 minutes avant son terme, et alors qu’on attendait au moins 6 minutes d’arrêts de jeu. (C’est probablement la pilule la plus amère de cette première journée.)

5/ Les coups de feu entendus à Buea lors de l’entraînement de l’équipe du Mali, que cette dernière a d’ailleurs dû interrompre. Quand on pense qu’il y a encore 4 matches du premier tour dans le NOSO, on est tenté de prendre un chapelet. Qu’est-ce qui se passera lors des journées prochaines ?

6/ La logistique du stade de Limbé qui s’est trompée trois bonnes fois d’hymne national et a mis la Mauritanie dans l’embarras en les privant de leur chant patriotique. Décidément, les dieux ancestraux n’approuvent pas beaucoup la tenue du tournoi de ce côté du pays, à cause de cette guerre stupide que les coupables ne veulent pas résoudre.

7/ Les stades incroyablement vides après le match d’ouverture, alors que le tapage médiatique du tam-tam du gouvernement expliquait comment les ennemis de la république étaient les seuls à trouver qu’il y a des soucis dans le pays. On peut constater ici que la réalité des problèmes quotidiens (argent, argent argent) du citoyen lambda diminue fortement sa motivation à se rendre dans les stades.

8/ La gifle infligée par la délégation marocaine qui a convoyé son propre matériel, histoire de ne pas se faire tuer dans un pays qui a déjà pour réputation d’être le « premier empoisonneur » d’Afrique. Peut-être aurions-nous dû leur préciser que les principales cibles c’est nous, la diaspora, et non pas les étrangers.

9/ Les Ndjoundjous de Nsimalen, assortis aux « pompés » d’anniversaire, auxquels s’ajoutent des abominations telles que le Lioncannard barbu d’Olembe, dont la laideur, supérieure à celle de l’OVNI du rondpoint Deido, a traversé les frontières.

10/ Et pour finir justement, les « Zizifluenceuses » pimentées d’Ayolo, qui nous ont confirmé ce qu’on savait déjà : le Cameroun est gouverné par un Gang de Malfrats spécialisé dans la promotion du vice et de la pourriture. Quand on reçoit un billet d’avion spécial parce qu’on se réclame être « les p**tes de Biya », c’est que le pays a franchi les limbes de la décadence.

Et puisque c’est une république bananière, Ayolo ne démissionnera évidemment pas. Un État voyou est précisément celui où des voyous gouvernent.

EN BREF :

J’espère au moins que les Lions Indomptables gagneront face à l’Éthiopie. Car s’il y a bien un arbre qui cache la forêt, et qui maintient la CAN sucrée, c’est la présence du pays organisateur. Une défaite (ou pire une élimination) fera perdre au sucre le peu de saveur qu’il lui reste.

Peut-être même qu’on demandera aux qualifiés d’aller terminer le tournoi ailleurs.

( en train de réparer la chaise de Biya , pour lui éviter un autre « tombement ». C’est une vieille chaise de 88 ans, ce qui en explique la fragilité )

Auteur: Wilfried Ekanga