Blouson en cuir, carte de membre du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) en sautoir et casquette vissée sur le crâne, Calvin arpente, avec son ami Serge les rues de Ngousso (Yaoundé 5). Tous deux ont connu la même enfance simple. Tous deux ont été molestés le 24 novembre 2015. Leurs bourreaux, quelques militants du RDPC, formation politique à laquelle ils appartiennent, et dans laquelle Calvin avait été désigné « Mascotte de la contestation ».
La scène se joue lors des opérations de renouvellement des organes de base du parti au pouvoir au Cameroun. Calvin, 44 ans, chef de file de l’aile progressiste du Rdpc dans cette circonscription politique depuis que cette formation politique change ses dirigeants, conteste l’imposition d’une candidate.
«Les investitures venues de très haut ne reflètent pas la voix du peuple, et pour l’avoir clamé tout haut, c’est là notre seul crime», avance Calvin. Ce 27 novembre 2015, l’homme sʹexprime péniblement. Il souffre de troubles de la parole. Il affirme avoir reçu de multiples coups sur le crâne. Bien plus, des témoins renseignent que pendant l’échauffourée avec la horde de conservateurs, Calvin a été arrêté puis frappé à coups de bâtons et soumis à des décharges électriques derrière les oreilles et sous les aisselles. Sur son lit d’hôpital, précise‐t‐il, il lui est signifié qu’il est sous le coup dʹun contrôle administratif, il doit chaque jour signaler sa présence au poste de police local.
Dans son quartier, des inconnus le harcèlent et le jaugent dʹun oeil menaçant. Sa triste histoire au sein du RDPC commence le 20 juillet 2013, quelques mois avant le double scrutin (législatif et municipal) programmé au Cameroun cette année‐là. A cette date, quelques caids forcent la main des électeurs au sein du RDPC en les obligent à adhérer à leur camp dans la section RDPC de Ngousso.
Les mots de la contestation viennent de Calvin Tagne Ouabo qui oblige les élites politiques de Ngousso à revoir leurs options de recrutements coercitifs des militants.