Le SDF, le PCRN, l'UDC et l'UMS ont mis en place le 11 mars 2022 en marge de l'ouverture de la Session parlementaire l'« Union pour le changement » ce qui peut s'apparenter à un programme d'action politique commun signé par les 16 députés qui constituent ces 4 partis politiques et diversement apprécié au sein de l'opinion . De quoi s'agit il ? Un parti Politique, un groupe de pression ou un groupe parlementaire ? Quelle lecture faire sur le plan politique et juridique sur cette démarche de certains partis politiques représentés à l'Assemblée Nationale du Cameroun. Cabral Libii Dans RFI et Engelbert Essomba ont affronté leurs idées pour mieux situer l'opinion sur cette démarche. Réactions croisées de deux acteurs politiques.
CABRAL LIBII SUR RFI !
Nous mutualisons nos stratégies afin de légiférer et de contrôler l'action du gouvernement dans l'intérêt suprême du peuple camerounais. En agissant de façon concertée nous allons forcément peser. Nous n'avons pas la majorité nous en sommes conscients. Mais je pense que déjà du point de vue symbolique ça va peser et du point de vue politique ça va peser d'avantage.
Ça va forcément donner beaucoup de forces aux idées de l'opposition au Cameroun. Nous allons nous battre ensemble pour combattre les injustices . Nous allons nous battre ensemble pour améliorer l'architecture démocratique du Cameroun. Cela participe aussi in fine du jeu d'aération démocratique au Cameroun parce qu'hélas, seul le parti au pouvoir a un groupe parlementaire à l'Assemblée Nationale. Elle est véritablement réduite à la fonction décorative et d'enregistrement ce qui ne donne pas une bonne image démocratique de l'État du Cameroun mais surtout se sont les attentes et les intérêts du Cameroun qui sont compromis.
Engelbert Essomba Bengono ( Propos recueillis par Bertin Metsengue)
" Permettez que je fasse une réplique aux déclarations pour le moins excessives sur les Députés du groupe RDPC.
Lorsque le sophisme s'additionne à la mauvaise foi et au manque d'expérience, la santé des institutions républicaines est menacée. De quoi parle le Député Cabral Libii ? De quoi accuse t-il les Députés du RDPC ?
D'entrée de jeu, je dis que les Députés du RDPC n'ont pas peur de ceux de l'opposition. Nous nous connaissons tous très bien ! Même la réunion des tous les Députés de l'opposition ne fait pas peur aux parlementaires du RDPC !
L'article 20(1) du règlement intérieur met en exergue la capacité du parti politique, individuellement pris, à constituer un groupe d'au moins 15 Députés. Autrement dit, pour avoir un groupe parlementaire, les 15 Députés qui en demandent la création doivent être issus du même parti politique. Cette capacité se mesure au nombre de sièges que possède le parti politique. En clair, chacun des partis politiques composant le groupe en création doit posséder, seul d'abord, cette capacité à constituer un groupe parlementaire. Le groupe parlementaire ne s'obtient pas par l'addition de tous les Députés issus des partis politiques ne possédant pas au préalable l'aptitude politique individuelle de créer un groupe.
Les quatre partis politiques d'où sont issus les 16 Députés souffrent d'un défaut de capacité à former, individuellement, un groupe parlementaire. Le défaut de capacité équivaut à zéro capacité !
Cette capacité ne s'obtient pas par l'addition plusieurs défauts de capacité ou par celle de plusieurs zéro capacité. La somme infinie de plusieurs zéro capacité égale 0 !!
Dieu merci, le Cameroun utilise deux langues officielles d'égale valeur juridique. La version anglaise de l'article 20 (1) du règlement intérieur donne la compréhension simple et claire de l'esprit et de la lettre du texte en cause : "Members of the National Assembly may organize themselves into groups according to political party...". C'est bel et bien la capacité du parti politique, individuellement pris, avant les affinités politiques.
Par ailleurs, l'Assemblée nationale n'a jamais validé de mandats de Députés issus d'un parti politique dénommé "union pour le changement". L'illégalité qui découle de cette supercherie est flagrante. Cette illégalité est aggravée parce qu'elle est commise par des Députés d'une part, et parce qu'elle résulte d'une effraction inqualifiable du dispositif réglementaire interne de l'Assemblée nationale d'autre part.
Ce n'est donc pas le groupe RDPC qui viole ou " réécrit" le règlement intérieur. Ce sont les Députés des partis d'opposition représentés à l'Assemblée nationale qui tentent un forcing éhonté pour des raisons encore inavouées, mais que nous devinons sans peine, aisément.
Puisqu'il s'agit donc du règlement intérieur, il eût été plus aisé pour le groupe des 16 de convoquer les dispositions de l'article 123(5) qui exigent seize signatures pour introduire une proposition de modification du règlement intérieur ou, le cas échéant, une proposition de réécriture de l'article 20(1). Mais, ils ne peuvent pas faire cette démarche, parce que l'intention réelle n'est pas de créer un groupe parlementaire. L'intention réelle est de "frapper un coup politique" à double détente : si ça passe, on aura créé un précédent historique. Si ça échoue, on criera au "muselement" des Députés de l'opposition. Bien plus, certains Députés du groupe des 16 qui ont des postes au Bureau de la Chambre font le "mauvais cœur" (prêtez moi l'expression svp ) aux autres qui aimeraient, eux aussi entrer dans les fonctions de membres du bureau. Ils polluent les réseaux sociaux et les médias de déclarations irresponsables sur une initiative que certains des leurs auraient tant souhaité qu'elle restât interne, jusqu'à sa conclusion. Hélas ! Des jouvenceaux politiques en ont fait leur sujet phare.
Je passe rapidement sur le risque de mandat impératif auquel ces Députés s'exposent, sachant que ledit groupe comprend en son sein un élu qui n'a jamais dissimulé son adhésion sans réserve aux thèses et actions anarcho-fascistes des insurgés MRC-AMBAZ- BAS non représentés à l'Assemblée nationale. Dois-je rappeler que le mandat impératif est interdit au Cameroun ?
Enfin, la demande introduite par les 16 Députés viole la loi fondamentale. La constitution camerounaise, en son article 14(2) réserve le vote des lois et le contrôle de l'action gouvernementale au seul Parlement. Aucun groupe de Députés ne peut s'arroger, sans violer ladite constitution, des prérogatives réservées au seul Parlement. L'expérience politique est une grâce. Heureux ceux qui sont établis dans cette grâce. "
Quoi penser de tout ce qui précède ?
Loi qu'on s'est prescrite est liberté . Il ne saurait avoir un groupe parlementaire dans cette mandature en cours autre que celle du RDPC en se référant au règlement intérieur du règlement intérieur de l'Assemblée Nationale. L'Union Pour le Changement- UC n'est non plus un parti politique car n'ayant pas participé à une élection et n'ayant aucun récépissé de déclaration de création conformément à la loi de 1990 en la matière. En revanche UC est un groupe de pression politique. Ces partis politiques éprouvent en premier lieu le regret de n'être que des partis à coloration communautaire et donc logiquement incapable de pouvoir tout seul obtenir de l'électorat 15 députés synonyme d'obtention d'un groupe parlementaire. Au final La démocratie c'est le gouvernement de la majorité, sous le contrôle de l'opposition et l'arbitrage du peuple. On ne saurait donc prétendre dicter sa loi quand on est minoritaire. A quoi servent les élections ? A quoi sert le règlement intérieur de l'assemblée nationale ?.