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Cameroun Démocratie: Il faut donc exiger la fin de toute censure

Thu, 20 Aug 2015 Source: Guillaume-Henri Ngnepi

Par principe, la liberté pour la vérité d'apparaître suppose une égale liberté pour le mensonge. Aussi ne saurait-on, à bon droit, discriminer en fait de liberté d'expression.

Principalement en République où l'important est bien moins le contenu des croyances des citoyens que la manière dont ils accèdent à leurs croyances, quelles qu'elles soient.

On peut ne pas être d'accord avec un média donné, en l'occurrence Afrique Média, ce désaccord ne saurait justifier qu'on se réjouisse de la censure qui le frappe.

La censure sera toujours l'ennemie contre laquelle s'ordonne le combat pour la liberté d'expression: il n'y a pas une bonne et une mauvaise censure, seulement la censure ennemie.

Il faut donc exiger la fin du bâillon pour tous et pour Afrique Média en particulier, malgré, et même en raison précisément de ses positions favorables à certains chefs d’État. La liberté pour lesdites positions de se diffuser suppose une égale liberté pour les positions différentes, voire adverses, du moins en démocratie.

Celle-ci, de fait, désigne un rapport tel entre Pouvoir, Force et Droit que si le pouvoir repose sur la force ou même le droit défini par un autocrate ou un groupe minoritaire, il n'y a pas de démocratie, laquelle suppose (a) un pouvoir fondé sur un droit décidé à la majorité d'opinion - et non pas d'appartenance territoriale, (b) la possibilité et la liberté pour l'opinion minoritaire de s'organiser et de s'exprimer de sorte à pouvoir, à terme, le cas échéant, devenir l'opinion du lendemain.

Il faut donc exiger la fin de toute censure, et en particulier la fin de la censure infligée à Afrique Média. Si ses positions suscitent le désaccord, celui-ci se gère au mieux par l'expression d'autres opinions et d'autres positions.

On peut couper des têtes, il en restera toujours qui penseront, c'est-à-dire qui diront non. Pourquoi? La réponse était déjà chez Napoléon qui n’était rien moins que démocrate, et qui dit un jour, plein de fiel et d'amertume: " Il n'y a que deux puissances au monde, le sabre et l'esprit. A la longue, le sabre est toujours vaincu par l'esprit".

Et aujourd'hui, c'est le sabre qui interdit Afrique Média, et c'est l'esprit qui exige la fin de tout interdit et la fin de celui-là en particulier.

Auteur: Guillaume-Henri Ngnepi