En 1985, je suis en première année de l’Essti. La télévision, après de longues années d’attente (la télé existe depuis une quinzaine d’années déjà au Sénégal, au Gabon, etc.), fait ses premiers pas au Cameroun. La télé, c’est l’attraction suprême du moment, et plus encore, chez les élèves-journalistes que nous sommes.
Tous les jeunes apprentis dans notre genre, se voient dans quelques années présentateur-vedette à la télé, la Ctv comme on l’appelait encore, où brillaient de mille feux nos aînés sortis de l'École quelques années avant nous.
Denise Epote règne sur le journal de 20h, tandis que dans les reportages
de terrain, Jean-Pierre Efouba Onana, de sa coiffure afro, fait de mémorables stand-up. Jean Lambert Nang, frais émoulu de l’école, fait déjà une percée en sports, ringardisant d’office les Abel Mbengue de la Radio. Chacun veut son moment de gloire. C’est dans ce contexte, qu’interrogé sur mon choix futur de média, je coche la case « presse écrite » [...]
Qu’est-ce qui a guidé mon choix en ce temps-là ? Aujourd’hui, je ne puis le dire avec exactitude. Mais il y a au fond de moi un je-ne-sais quoi de personnel, qui m’a toujours fait penser qu’un journaliste est loin d’être une vedette, une personne sur le passage de qui les gens se retournent.
C’est quelqu’un qui, dans la plus grande froideur, fait son boulot et se tire. Il tire satisfaction de ce que les autres en feront d’utile pour eux.
Le journaliste n’est pas un acteur, c’est tout juste un témoin.
Un témoin professionnel. Alors que mes petits camarades se bousculaient aux portes de la télévision, je choisis donc de me spécialiser dans la presse écrite »