Tant qu’à faire, le président Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, devrait se proclamer empereur du Cameroun ! L’histoire retiendrait alors de lui, qu’il a été l’un des rares chefs d?Etat africains à avoir eu le courage de faire partager la conception que bon nombre d’entre eux ont, dans le fond, du pouvoir.
#ChefsDEtatAfricains Une conception selon laquelle le pouvoir ne se rend pas, et qui épouse pratiquement celle de l’ancien président centrafricain, Jean Bedel Bokassa. Ce dernier avait fini par se faire confectionner un costume d’empereur. Tout simplement !
En faisant part de son intention d’amender la Constitution pour se représenter en 2018, Biya ne laisse plus planer le doute. Sauf donc tremblement de terre dans un pays qui n’a jamais connu de secousse tellurique, Biya sera, une fois encore, dans les starting-blocks.
Il aura déjà battu le record de longévité de bon nombre de souverains et de chefs d?Etat africains. Comment s’en étonner, sur un continent où les Constitutions s’offrent à bien des dirigeants, en objet de plaisir, bon pour satisfaire leurs fantasmes du pouvoir à vie ? Certes, Paul Biya n’a "pas été insensible aux appels de ses sbires" en faveur de sa candidature en 2018 au poste de la présidence de la république.
De cette infime minorité dont la survie a toujours été liée à celle de son régime ? Ou de ces nombreux Camerounais qui contestent aujourd’hui sa gestion de l’économie du pays ? Quoi qu’on dise, on peut déjà imaginer que la lutte contre la corruption dans laquelle il s’est récemment engagé, sera une bataille contre des moulins à vent, dans un climat d’immobilisme politique entretenu par des courtisans de toutes espèces et des dignitaires accrochés à leurs privilèges.
On peut aussi craindre que tant d’années de règne débouche finalement sur une succession difficile, d’autant qu’il a toujours existé une profonde rivalité entre populations du Nord et du Sud. Mais de la succession de Biya, il n’en est pas encore question. Attention, c’est un sujet aussi tabou que "la santé du président" !