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Cameroun : un homme d’affaires chinois ‘enlevé et séquestré’ pour diffamation

La vie de l'homme d'affaires serait en danger

Thu, 18 Aug 2022 Source: Boris Bertolt

Selon les informations du lanceur d’alerte Boris Bertolt, l’homme d’affaire chinois dénommé Wang est entre la vie et la mort. Il serait victime d’une mafia dont les ramifications vont de la gendarmerie jusqu’au tribunal.

La situation que vit actuellement M. Wang, dans les serres de la mafia judiciaire à Douala est digne d’une tragédie qui expose les contours des ententes que se font désormais magistrats, gendarmes et rabatteurs, pour cibler les personnes auxquelles des sommes d’argent seront extorquées sous le coup de la violence, de la torture et des menaces d’emprisonnement.

Directeur Afrique Centrale d’une multinationale de distribution chinoise, les malheurs de Wang démarrent en septembre 2021, lorsque, pour encourager Nju Dima, un jeune distributeur recruté en février, il allège les règles d’éligibilité à une promotion interne et lui permet ainsi de gagner une Mercedes ML. Deux mois après, ce distributeur annonce sa démission comme partenaire de l’entreprise et le lancement de sa propre entreprise de distribution.

Suite à des plaintes de sous-distributeurs arnaqués par Nju Dima, l’entreprise prend acte de sa démission et publie une note interne soulignant que ce dernier ne fait plus partie de ses effectifs. Nju Dima dépose une plainte contre non pas l’entreprise, mais son directeur Afrique pour diffamation. Commence alors un feuilleton incroyable où enlèvement, séquestration et menaces diverses se mélangent.

Acte1 : arrestation en pleine conférence avec les distributeurs un samedi. Sans mandat, sans avis de recherche et sans convocation préalable, alors même que ses bureaux et son domicile sont connus, M. Wang qui terminait une conférence avec ses distributeurs le samedi de la finale de la Champions League à l’hôtel Akwa Palace a été interrompu sur l’estrade par une escouarde de gendarmes qui l’ont interpellé, emmené de force à la 2ème région de Gendarmerie où il a été entendu sur la plainte de Nju Dima pour, excusons le ridicule « diffamation et refus de lui offrir une 2ème ML ». Bien entendu, le Colonel Alobwede, est resté tard dans son bureau pour attendre la fin de l’audition et la probable « enveloppe du chef ».

Une audition qui a été entravée par les appels incessants d’une magistrate qui exigeait qu’un second véhicule ML soit acheté à M. Nju Dima. La présence des avocats de M. Wang a permis ce jour qu’il retourne à son domicile après cette humiliation. La fin des auditions et les confrontations de la semaine d’après a établi clairement que la victime dans l’affaire c’était l’entreprise qui s’est fait spolier par le jeune distributeur. Les plaintes déposées depuis lors à cette même unité et à la direction Régionale de la Police judiciaire aussi bien par les distributeurs spoliés que par l’entreprise, piétine.

Acte2 : interpellation vendredi d’avant férié Assomption à son bureau. Alors qu’on savait le dossier de la procédure ridicule de « diffamation » classée, M. Wang a reçu une équipe de gendarmes, plus importante que celle de Akwa Palace vendredi précédant le férié de l’Assomption, en après-midi. Ces derniers qui l’ont amené pour disaient-ils procéder à une nouvelle confrontation à la Gendarmerie, ont finalement indiqué à ce dernier que le procureur par intérim du TPI, mais en réalité un substitut de sexe féminin, impliquée depuis le départ dans l’arnaque, a instruit de lui proposer soit de dédommager Nju Dima pour la diffamation, soit d’être déféré au Parquet. Ne pouvant accéder à cette demande, il a donc passé la journée du mardi 16 Août dans les cellules du Parquet.

Acte3 : 3 cellules en 24 heures. Le procureur général du littoral, le magistrat FOE, celui qui avait été impliqué dans une bagarre avec son garde de corps pour une affaire de partage d’un backchich, a approuvé une instruction qui expose la mafia contre Wang dans toute sa laideur. Sans qu’on ne sache par quelle alchimie, il a demandé soit produit le rapport de l’enquête interne de l’entreprise sur les plaintes des sous-distributeurs, alors même que les plaintes au pénal sont dans ses services. Ensuite il a précisé que soit proposé à nouveau au mis en cause, de dédommager le plaignant et en cas de refus, de le déferer à nouveau ce jour, 18 Aôut. On parle bien ici d’une plainte en diffamation déposée par un jeune de moins de 40 ans, sans activité ni réputation connue avant cette affaire. Mais là où la cruauté de ces bandits s’est affichée, c’est quand le Procureur général a organisé lui-même la torture de M. Wang.

En application de ses instructions, M. Wang a passé la nuit du 16 au 17 à la Direction Régionale de la Police Judiciaire ; le lendemain, il a été transféré vers midi à la région de gendarmerie où pour lui faire comprendre l’urgence de payer un montant enfin estimé à 8 millions, il a été emmené pour être détenu dans les cellules infectes de la brigade du Port de Douala.

L’ambassade de Chine saisie de l’affaire a activé son mécanisme de protection depuis hier. Le nouveau déferrement de M. Wang devant le procureur ce matin risque d’ailleurs ne pas avoir lieu puisque ce Chef d’entreprise à la santé fragile, ne s’exprimant pas en français, a fait un malaise en cellule dans la nuit.

Quel incident diplomatique les voyous à Yaoundé vont-ils devoir gérer si ce dirigeant mourrait ?

Auteur: Boris Bertolt