BIENVENUE A LA POLITIQUE DES IDÉES OU A L’IDÉOLOGIE EN POLITIQUE
La sortie du Pr Claude Abe doit nous obliger, nous Camerounais, à recommencer enfin à faire de la politique dans ce pays. La politique se fait sur la base des idées. Dire que « chacun doit rentrer chez soi » est une idée politique autour de laquelle les Camerounais doivent tous se positionner voire se prononcer. Est-ce une vision à laquelle j’adhère ou non?
Si je suis d’accord, je soutiendrai aux prochaines élections le parti qui défend ces idées et si je ne suis pas d’accord, je travaillerai contre le parti qui porte ces idées et je ferai en sorte qu’il perde les élections. Le Pr Claude Abe qui parle fait-il déjà campagne, sera-t-il lui-même candidat ? Pour quel parti ? Le RDPC, le PCRN, le MRC ou un autre? C’est comme cela qu’il faut faire de la politique, autour d’idées avec lesquelles on est d’accord ou pas.
N’oublions pas d’où nous venons, le Cameroun naissant a connu une lutte féroce pour l’indépendance qui était avant tout une idée portée par les Um Nyobe, Felix Moumié, Ernest Ouandjé, Ndeh Ntumazah, Osende Afana et tous les autres, au sein d’un parti politique appelé l’Union des Populations du Cameroun – UPC. Ils sont morts, tués pour leurs idées. Une autre idée a pris le dessus, celle du colonisateur français qui était contre mais qui a fini par récuperer les idées de l’UPC pour donner l’indépendance à ceux qui ne la voulait pas.
Le Cameroun a donc toujours été géré depuis son indépendance par ceux qui ne la voulaient pas. Et c’est dans cette absence d’idée que nous faisons de la politique jusqu’à ce jour. Nous faisons toujours de la politique comme Ahidjo le premier président du Cameroun l’a décidé, en créant le parti unique… avec toutes idées ou plutôt, sans idées et en supprimant tous les autres partis qui devaient rejoindre l’UNC pour faire de la politique. Depuis lors, faire la politique au Cameroun est devenu tout sauf avoir des idées.
Si le Pr Claude Abe a réussi une chose hier sur Vision4, c’est de remettre les idées sur la table politique et d’obliger chaque Camerounais à se positionner sur cette idée avant de retomber dans ce que la politique à l’UNC nous a appris à faire, à savoir dénigrer les individus qui ont une idée avec laquelle on n’est pas d’accord. Dans le monde moderne, partager les mêmes idées crée des liens plus forts que les liens du sang car les idées définissent ce que nous sommes dans l’agir. On peut se demander qu’elle est l’idée avec laquelle le Cameroun est géré aujourd’hui. L’absence de la politique des idées au Cameroun a fait du Camerounais un être fourbe, opportuniste dans la duplicité, ce qui est peut-être une idée…
Entrons dans la modernité et faisons de la politique autour des idées et non autour de ce consensus hypocrite qui date de l’époque de l’UNC qui n’avait pour seul objectif que de se mettre autour d’un président-monarque « éclairé » qui allait arbitrer les différences entre les hommes, enlevant ainsi au peuple sa souveraineté, celle de choisir entre plusieurs idées. Il est temps d’en finir avec la politique des hommes forts de tel coin, des personnes ressources, de l’élite du village nommé à tel poste.
J’invite donc chaque camerounais à se prononcer sur cette idéologie présentée en mondovision… puisque l’idéologie vient des idées. En ce qui me concerne, politiquement, je suis à l’opposé de cette idéologie du Pr Claude Abe, je ne pense pas que « chacun doit rentrer lui ». Je me sens très proche de l’idée des UPCistes de l’époque et si demain, je suis appelé à faire de la politique, je me battrai contre cette idéologie qui fait son chemin parce que chaque Camerounais est chez lui au Cameroun.
Mieux je m’inspirerai du modèle d’Amilcar Cabral qui s’est appuyé sur la lutte de libération nationale pour créer un socle commun afin de faire parler les Camerounais d’une seule voix et éviter la tentation des dérives du repli identitaire du » nous » contre » eux » ou de » ces gens-là « . L’idéologie du Pr Claude Abe me fait penser à la famille Lepen en France qui a créé un parti politique qui porte les idées du » chacun chez soi « , mais là on parle des étrangers, des noirs et des arabes. Comme pour dire que si Lepen est dangereux, le Pr Claude Abe est pire.