Aboubakary siddiki, le président national MPSC est convaincu que le Cameroun francophone et la partie anglophone ne peuvent plus cohabiter dans un Etat unitaire. Il est favorable à l’Etat fédéral mais donne trois raisons pour lesquelles ce projet est irréalisable.
Il y'a trois types de pays:
Ceux qui sont vrais et qui regardent leurs histoires en face. Généralement, c'est des pays qui n'ont pas peur de faire de mea-culpa quand il le faut. Ils admettent leurs défaites et reconnaissent surtout leurs torts en cherchant voies et moyens de réparation quelque soit l'horreur de l'histoire. On peut citer dans cette catégorie les États-Unis, la Grande Bretagne, l’Allemagne et dans une certaine mesure la France.
Ceux qui à demi- mots regardent leurs histoires, reconnaissent les torts portés mais ne vont pas au bout de leurs logiques dans les réparations et l'ouverture des archives. Nous pouvons citer encore comme exemple la France et beaucoup d'autres pays.
Enfin, il y'a ceux qui mentent. Généralement c'est des pays qui ne reconnaissent jamais leurs torts, qui ont toujours raison quel que soit l'angle de l'histoire. Ils sont soit des victimes ou des victimes. Globalement, c'est des pays où les droits de l'homme sont les plus bafoués. Mais nulle part dans leurs histoires tu ne verras le moindre remord ou la moindre compassion ou réparation à l'égard d'une situation et/ou d'une victime. Dans ce type de pays, l’Etat a toujours raison quel que soit lambda.
C'est dans cette catégorie que se classe malheureusement le Cameroun. Un pays où tout écart, tout raisonnement contraire à la norme étatique est considéré comme apologiste ou trahissant. Dans ce type de pays, tous les sujets sont généralement traités superficiellement. Les moyens médiatiques détenus par l'État sont mis à contribution pour favoriser une intelligentsia qui fait beaucoup plus dans le bourratif que dans l'éducatif. Rendant de facto la réflexion d'ensemble très sclérosée et surtout limitée.
C'est dans cet étau restreint que je vais mettre le mot fédéralisme sur la table.
Je suis convaincu que c'est le moindre mal qui peut arriver à notre pays en ce moment. De façon pragmatique il est clair qu'il semble de plus en plus impossible de ramener les deux régions en proies aux violences dans un ensemble unitaire un et indivisible. D'ailleurs, a scruté de près, l'ensemble des concessions faites par le gouvernement central en concédant à ces deux régions le statut spécial par exemple est une discrimination positive par rapport à d'autres régions du Cameroun.
Du coup, face à cet imbroglio pour ne pas dire cette impasse, beaucoup de voix y comprise la mienne se lèvent pour réclamer le retour au fédéralisme avec toutes les déclinaisons inhérentes à cette dernière.
Mais ce qu'on ne dit pas ou bien qu'on mette en touche délibérément c'est que :
Premièrement, le fédéralisme est beaucoup plus difficile à implémenter que l'État unitaire.
Deuxièmement, le fédéralisme contrairement à l'imaginaire populaire qui fait croire que c'est une espèce de semi- séparation est plutôt une Alliance de deux gouvernements basés sur un désir de vivre ensemble en reconnaissant une autorité supérieure aux états fédérés.
C'est là où il y'a anguille sous roche. Car, dans l'État actuel des choses, on voit mal comment Yaoundé peut lâcher un pouce de sa souveraineté. Alors qu'il faut lâcher.
Troisièmement, le fédéralisme ne peut être implanté que si et seulement si les entités fédérées ont un amour qui cimente leur union. Tel n'est pas le cas dans la situation actuelle du Cameroun.
Rappelons à titre d'exemple que le premier fédéralisme que nous avons vécu au Cameroun s'est matérialisé ou acté autour d'une pétillante avec des festivités célébrant cette union. Alors que si aujourd'hui nous décidons par miracle de nous re- fédérés, les négociations se feront sur fond des massacres et exactions.
Quatrièmement, et c'est le point le plus important, c'est l'abandon d'une partie de sa souveraineté pour une autorité supérieure aux états fédérés. l'État fédéral.
Qui dit souveraineté dit disposer de son peuple, d'un territoire, du droit de relations avec d'autres pays donc de sa politique étrangère etc.
Une fois de plus s'il faut calquer ces conditions sine qua non du fédéralisme à la situation sociopolitique du Cameroun, nous voyons bien que nous ne sommes pas sortis de l'auberge.
Par conséquent, scander le fédéralisme à tout bout de champs c'est bien mais être réaliste c'est encore mieux. Parlons vrai.
Président national MPSC.