Campagne électorale: les dessous de la visite d’Ahmad Ahmad à Yaoundé

L’avion ayant à son bord le président de la CAF Ahmad Ahmad, le vice-président Constant Omari Selemani, le président du Comité de normalisation Me Dieudonné Happi et Samuel Eto’o vient d’atterrir ce mardi matin à l’aéroport international de Yaoundé. Roger Milla, Joseph Antoine Bell, François Omam Biyik, Rigobert Song et Geremi Njitap, font partie du comité d’accueil conduit par le ministre des Sports Pierre Ismaël Bidoung Mpkwatt.

Les deux dirigeants de la CAF seront reçus par le Chef de l’Etat à 13h, heure locale, en présence de Samuel Eto’o et du président du Comité de normalisation de la Fédération Camerounaise de Football. La présence de l’ancien capitaine des Lions Indomptables Samuel Eto’o dans cette délégation aux côtés du president de la CAF et de son vice-president est une preuve de son implication dans le dossier “CAN 2019”. Au-dessus du ministre des Sports, il est la courroie de transmission entre le Secrétariat général de la Présidence de la République et le président de la CAF.

À cinq jours du scrutin présidentiel, Ahmad Ahmad débarque au Cameroun comme le joker de Paul Biya alors qu’il vient de déclarer dans le journal Le Monde Afrique : “La CAF n’effectuera aucune communication quant à la décision qui sera prise avant la présidentielle camerounaise du 7 octobre. Nous ne voulons pas perturber la campagne. En 2017, la CAF avait attendu la fin de la présidentielle au Kenya pour annoncer sa décision de lui retirer l’organisation du Championnat d’Afrique des nations [CHAN]”.

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Juste après cette déclaration, la présidence de la République du Cameroun, par le truchement de Ngo Ngo, a demandé à Samuel Eto’o d’entrer en contact avec Ahmad Ahmad pour un tête à tête avec Biya. Geremi Njitap a été envoyé en mission avec des valises pleines. Et voilà le président de la CAF qui saute dans l’avion en pleine nuit pour venir booster la campagne de Paul Biya pour sa réélection.

De sources proches de la présidence de la République du Cameroun, la Coupe d’Afrique des Nations “Cameroun 2019” sera au cœur des échanges et le premier sportif Camerounais va essayer de convaincre Ahmad Ahmad que le Cameroun sera effectivement prêt “le jour dit”, comme il l’avait promis. Est-ce dans le bureau du palais présidentiel et à huis clos que le président de la CAF va vérifier l’avancement des travaux des chantiers? Peut-il se déplacer pour aller dire à Paul Biya qu’il va retirer la CAN au Cameroun? Non et non.

Le timing visite du président de la CAF et de son vice-président aux frais de l’État camerounais en pleine campagne électorale est scandaleuse et suscite des suspicions. Très louche, lorsqu’on sait que le Cameroun a été élu trois fois champion du monde de la corruption par l’ONG Transparency International. Par ailleurs, la présence de Constant Omari, expert des mallettes et trempé dans les affaires de corruption dans le monde du football, prouve que la CAF est venue se servir pour faire élire Paul Biya.

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Turki Al Sheikh, conseiller à la cour royale, président de l’Autorité générale des sports du royaume wahhabite et président de la fédération des sports de solidarité islamique, lui aussi, avait déjà proposé ses services pour aider le Maroc à recevoir la CAN 2019. Sur sa page Facebook, il avait écrit il y a quelques jours : ” En ma qualité de président de la Fédération arabe de football, j’atteste mon soutien au Maroc frère pour qu’il accueille le Championnat d’Afrique des Nations et non le Cameroun. Je déclare aussi que nous mobiliserons tous nos moyens si besoin est et si nos frères Marocains nous sollicitent”.

Cette déclaration a augmenté les enchères. Et Paul Biya a décidé d’offrir à Ahmad Ahmad tout ce qu’il veut afin de remporter le gros lot: la présidentielle et la CAN. Ahmad Ahmad est dans la sauce. Comme le dit un proverbe africain: « toutes les mouches tombent dans la marmite de miel ».