Kylian Mbappe va désormais arborer le brassard de capitanat. Sa nouvelle responsabilité suscite beaucoup de commentaires sur la toile. Le journaliste et consultant sportif, Martin Camus Mimb s'est invité au débat et voici son point de vue.
Pour un gamin qui a mis toute la France à ses pieds pour la prolongation de son contrat avec le PSG, le brassard de la sélection nationale lui offrait une étreinte évidente. Parce que si on a le cran dans une équipe où on a Messi et Neymar d’imposer des choses , du choix des entraîneurs au recrutement des joueurs en passant par la hiérarchie sur les émoluments et la préséance sur le terrain, ce n’est pas un vestiaire comme celui de l’Équipe de France qui pourrait être un problème. Il est un leader sur le terrain, qui a montré qu’il avait les épaules pour porter beaucoup de responsabilités.
Et l’autre évidence que très peu mettent en évidence, c’est le changement brusque de génération imposé par les blessures et autres indisponibilités. Ce brassard était destiné à Pogba, éliminé de la course par ses blessures et ses problèmes personnels. La génération de substitution composée des Kolo Muani, Tchouameni, Camavinga, Upamecano, Disasi, Saliba… est drivée par Mbappé et les derniers des mohicans de la génération d’avant Giroud, Griezmann sont à la sortie. Le message de ce capitanat est donc clair : NOUS OUVRONS UNE NOUVELLE PAGE.
Mais au-delà de cette évidence et de cette logique, on semble quand même oublier qu’on parle d’un gamin de 24 ans seulement! Les responsabilités qu’on semble lui donner de façon naturelle parce que son talent et son aura l’imposent, ne vont-elles pas définitivement « tuer la poule aux œufs d’or » ? Il ne faut pas que l’avarice perde tout en voulant trop gagner. C’est là que résident mes inquiétudes. Son statut de joueur gérant du PSG qui impose les conseillers sportifs et ne lui attire pas que des amitiés dans le vestiaire, qui tire penalties et coup francs, qui imposent le profil des joueurs pour lui permettre de briller plus, n’est-il pas déjà assez lourd pour lui donner une charge supplémentaire éminemment « politique »?
Qui trop embrasse mal étreint. Mais peut-être aussi ce gamin qui pousse chaque jour plus loin les frontières du vraisemblable, est au début de quelque chose d’inédit qui prendra à contrepied tout ce qui s’est fait de façon ordinaire jusque-là. Parce que lui est extraordinaire et donc différent. Bonne chance Kylian. Faudrait peut-être ajouter pour flatter l’égo du Continent camerounais, que ce n’est pas la première fois qu’un originaire du 237 naturalisé, devient Capitaine des Bleus. Jean Alain Boumsong avait été éphémère capitaine en 2005. Et impossible n’est pas camerounais.